Logres, vers 500 après J-C ~ Le roi est mort, vive le roi ! Arthur Pendragon a encore du mal à y croire. Non pas qu'ils ne soit pas prêt à assumer les responsabilités d'un roi, au contraire, il aurait pu prendre le relai depuis longtemps, et la vérité est telle qu'il participait déjà de façon importante aux décisions et aux mesures administratives de son père pour gouverner le Royaume et le peuple de Logres. Mais si la mort d'Uther l'a bouleversé ainsi, c'est à cause de la manière dont elle s'est déroulée. En effet, Uther Pendragon n'est pas mort de vieillesse. Non, Uther Pendragon, Souverain du Royaume de Logres, a été assassiné, lâchement, pendant la nuit. Personne n'a vu le meurtrier, mais lui, son fils et successeur Arthur Pendragon, sait très bien que c'était là l’œuvre des magiciens. Uther avait raison de les persécuter, ce sont des êtres abjects et fourbes comme l'est le Diable lui-même, leur seule place est par conséquent aux Enfers, et c'est là qu'il se chargerait lui-aussi de les envoyer. Uther Pendragon était un bon roi. Son peuple l'aimait comme on aime un père. Droit et juste, dur et strict, fort et preux. Seuls les magiciens le détestaient, et fuyaient son Royaume ou se cachaient dans les forêts les plus inaccessibles. Il mettait un point d'honneur à les faire poursuivre par ses chevaliers et à les brûler sur la place publique. Si son royaume était prospère, c'était - du moins d'après lui - uniquement grâce au fait que les magiciens n'interféraient pas dans la vie de ses sujets, aussi bien paysans qu'artisans ou marchands. Ces mêmes sujets ont observé un deuil long et sincère, mais le temps ne s'arrête pas, et sous leur nouveau roi Arthur, la vie continue. Le peuple le connaît, l'aime, et ne doute pas de sa capacité à bien les gouverner. Mais la nature semble s'acharner sur Logres, et les récoltes se font mauvaises. Certains disent que ce sont des fluctuations climatiques normales, d'autres tiennent Arthur pour responsable, et d'autres encore blâment la magie. La misère et la famine s'abattent sur le peuple de Logres, mais le roi continue à traquer les magiciens. Parmi ces derniers, tout comme parmi ses propres sujets, des idées de révolte commencent à voir le jour. Arthur a beau avoir le potentiel d'un bon roi, il donne l'image d'un fils aveuglé par la soif de vengeance égoïste qui a le dessus sur sa raison et son sens des responsabilités. Il remet à plus tard la résolution des problèmes de son peuple, et envisage même une attaque du royaume de son ennemi de toujours, Geoffroy de Meryl, plutôt que la trêve des hostilités envers les magiciens et la gestion ciblée de son territoire. S'il arrivait à annexer Gorres ou au moins une partie, il gagnerait non seulement des ressources nécessaires à la vie de son peuple, mais aussi et surtout, il augmenterait ses chances de retrouver les assassins de son père et autres magiciens qui ont fui sur les terres de son adversaire.

Gorres, vers 500 après J-C ~ L'ambition est le fumier de la gloire. Pour Geoffroy de Meryl, comte de Gorres, la mort d'Uther Pendragon est un pas de plus vers une réussite tout à fait personnelle, et il se félicite d'avoir accepté dans son royaume la présence des magiciens, malgré la crainte qu'ils éveillent en lui et qu'il s'efforce à cacher. Ce fut un sacrifice important mais nécessaire, que de les avoir accueillis à Gorres, car ils représentent pour lui un avantage sur ses ennemis, les Pendragon. C'est une stratégie, une mesure de précaution, un moyen de mettre toutes les chances de son côté. Depuis longtemps, il prépare son assaut sur Arthur, choisit et entraîne ses hommes, planifie son attaque. Il en a assez des petites batailles sans résultat, sans victoire. Il veut être sûr de gagner, et pas qu'un petit bout de terre, mais le royaume entier de Logres. Il veut régner, il veut le pouvoir. Il est un homme autoritaire, cruel, hautain, ambitieux. Ses sujets ne l'aiment pas, le craignent, mais il n'en a que faire. Ils n'ont pas intérêt à se rebeller, et il le sait très bien. Les récoltes sont bonnes, les marchands sont prospères, les enfants sont en bonne santé, et tout le monde sait que s'opposer à Geoffroy équivaut à signer son propre arrêt de mort. La terreur règne parmi son peuple, mais du reste, tout le monde va bien. En tout cas, mieux que chez Arthur, et c'est là encore un avantage pour Geoffroy. La misère et la famine du peuple de Logres affaiblit son adversaire, et donne aux habitants de Gorres une bonne raison d'être loyaux à leur Seigneur. Le troisième fait qui joue en faveur du comte de Meryl, c'est cette fameuse soif de vengeance d'Arthur, sa traque des magiciens. Il est aveuglé, affaibli de tous les côtés, et n'est pas prêt pour une guerre. Geoffroy ne compte pas attaquer tout de suite, il a appris à être patient. Une décision trop hâtive et pas assez réfléchie pourrait lui coûter tout ce qu'il a bâti avec tant de peine. Mais bientôt, le jour viendra où lui, Geoffroy de Meryl, comte de Gorres, deviendra roi de Logres. Il pourra alors se débarrasser des magiciens qui lui inspirent la crainte, et de tous ceux qui voudraient le renverser. Depuis toujours, il rêve de gloire et de pouvoir... et tout vient à point à qui sait attendre.