Le destin fait bien les choses... [Elyss]

(Petite précision avant de commencer le topic pour ne pas que certains se perdent dans la chronologie de mes postes, celui-ci se passe avant que je me fasse entourlouper (j’aime ce mot xD) par l’autre magicien.)

Cette femme. Depuis que Gabriel l’avait croisé un jour comme un autre au château de Geoffroy de Meryl, le visage de cette femme hantait ses pensées, ou plutôt ses nuits. Chaque soir il la voyait, et chaque fois il constatait que sa soif de pouvoir était presque aussi grande que la sienne. Il ne savait pas qui elle était, et encore moins son nom, mais il savait en revanche qu’il serait d’une manière ou d’une autre lié à elle, car les rêves d’un magicien annoncent souvent l’avenir. Mais cette nuit la, Gabriel n’avait pas uniquement rêvait de cette femme, dans ce rêve, Béatrix, Lug, ainsi que lui-même y étaient. Il y avait une couronne déposée sur un pilier, couronne qui ressemblait d’ailleurs étrangement à celle de Geoffroy... Mais autour de cette couronne les quatre personnes se fixaient, comme ci qu’il y avait un choix crucial à prendre. Reste à savoir lequel. Si Gabriel savait très bien que Lug chercherait également à s’approprier la couronne du roi, il ne voyait cependant pas ce que cette femme venait faire dans ce rêve. S’agissait-il de la femme cachée de Lug ? Impossible… Et puis pourquoi est-ce que c’était Gabriel qui ce serait retrouvé entre cette femme et Béatrix ? Il l’ignorait, et s’il y avait bien une chose que le magicien détestait faire, c’était trouver une réponse à l’énigme de ses rêves, car la plupart du temps, ses suppositions s’avéraient être fausses et la surprise n’en était que plus grande. Se pourrait-il que cette femme cherche aussi à prendre le pouvoir ? Surement, mais de quelle manière ? Prendre la couronne de force ou bien… Devenir la femme du prochain roi peut-être ? Ce qui expliquerait également la présence de Béatrix. Mais à quoi bon faire des suppositions de toute façon... Seul le temps nous le dira.

Gabriel avait besoin de se vider l’esprit, réfléchir était une chose, mais trop penser pouvait parfois rendre fou. Cependant, aujourd’hui Gabriel n’utiliserait pas la fameuse technique de la bonne cuite qu’il aimait tant pour oublier, il ne voyait donc qu’un seul autre moyen de pouvoir tout évacuer : le camp d’entrainement. Après s’être vêtu d’une armure et d’une arme, Gabriel était fin prêt à pouvoir commencer l’entrainement. Certes exercer ses pouvoirs était une chose, mais il ne fallait pas oublier que Gabriel était également bon en ce qui concernait la chevalerie, du moins la partie des combats, et le meilleur moyen pour perdre la main était de ne pas s’entrainer, alors autant éviter. Comme souvent, Gabriel mélangerait magie et épée pour évaluer ses compétences ainsi que pour avoir une idée de comment il s’en sortirait en étant seul face à un certain nombre d’ennemis. Les coups enchainaient, le nombre d’adversaire augmentait peu à peu mais Gabriel parvenait tout de même à les envoyer au tapis. Durant la courte pause qu’il avait, le magicien retira le haut de son armure pour se retrouver torse-nu. La chaleur l’étouffait et c’était aussi une manière d’humilier un peu plus ses opposants en leur montrant qu’il n’avait pas besoin de protection face à eux. A peine eut-il le temps de s’asperger le visage d’eau qu’il reprit son arme et repartit dans l’action. Utiliser la magie pour l’attaque mental et l’épée pour l’attaque physique était quelque chose de bien utile, mais un tel niveau nécessitait d’une concentration parfaite, voilà en quoi l’entrainement l’aiderait à oublier le reste. Mais le destin en avait décidé autrement, car si Gabriel avait prévu de se vider l’esprit à travers le combat, il était loin de se douter que tous ses rêves referaient surface à cet instant. Cette femme... Elle était ici même. Observait-elle ou venait-elle s’entrainer ? Il l’ignorait encore, mais lorsque ses yeux verts se plongèrent dans les yeux bleus de celle-ci, il se trouva plongé dedans, comme s’il venait de faire un saut dans l’océan, et tous ses rêves la concernant ressurgirent en une vitesse ahurissante, et ce fut des cris et le fait de sentir une lame le taillader au niveau de la côte qui le fit reprendre ses esprits.

Quelques personnes vinrent se précipiter vers lui, et Gabriel les repoussa tous. Il détestait qu’on cherche à lui venir en aide, cela représentait pour lui uniquement de la faiblesse, et Gabriel était loin de l’être. Si la plupart des gens pensaient qu’il fallait l’emmener soigner ça, Gabriel ne pensait qu’à une seule chose : la rencontrer. C’était la deuxième fois que leur chemin se croisait, et il ne préférait pas laisser passer cette occasion de la rencontrer à cause d’une blessure qui n’était que banale à ses yeux car il ne désirait en aucun cas attendre que le destin décide une troisième fois de faire croiser leur chemin. Non il n’en était pas question, il irait à sa rencontre aujourd’hui même et sur le champ. Gabriel ne prit même pas le temps d’appliquer quelques soins à cette blessure, il se fit un simple bandage, et se dirigea vers elle, se fichant complètement de la dégaine désobligeante qu’il avait, mais après tout, un homme torse-nu, en sueur et blessé pourrait tout aussi bien être attirant. Alors que Gabriel ne cessait de la fixer tout en s’avançant vers elle, celui-ci s’arrêta une fois face à cette jeune femme et lui adressa un sourire.

- Je me demande ce qui peut bien attirer une si charmante jeune femme en un tel lieu. Nous n’avons pas encore était présenté. Gabriel Turner, enchanté de faire votre connaissance.

La révérence serait pour une autre fois, se faire un bandage aussi superflu était déjà bien stupide alors autant ne pas empirer les choses en se courbant. Mais il pouvait tout aussi bien lui faire honneur à travers un baisemain, ce qu’il s’exécuta d’ailleurs à faire. Cette femme, avait quelque chose de particulier qui le captivait, et pourtant il ne parvenait pas à savoir quoi. Après avoir relâché la fine main de celle-ci, Gabriel l’observa plus longuement. Une jolie brune aux cheveux soyeux et dont l’expression du visage ne laisse rien percevoir, cette femme pourrait jouer à merveille le rôle de la manipulatrice, et il fallait dire qu’il adorait ça. Mais Gabriel constata également que celle-ci apportait beaucoup d’importance à son apparence physique, peut-être faisait-elle partie d’une famille importante... Trop de mystères autour d’elle dont Gabriel comptait bien briser la serrure afin de découvrir les secrets qui se cachent à l’intérieur de son coffre fort.

- Besoin d’un cours particulier ou est-ce une simple visite de repérage ?

Invité

Tout ce sang … sur mes doigts.

Doucement, Elyss porta sa main à son nez. Elle respira avec délice ses paumes ensanglantées. Hum, quelle magnifique odeur que celle du sang. En particulier lorsque ce n’était pas le vôtre. Avec un fin sourire, la jeune femme se mit au-dessus de son cadavre, plaça une main sur la poitrine du macchabé et de l’autre, ôta son fidèle poignard d’un geste sec. Elle se redressa et fit jouer une fois la lame entre ses doigts. Avec satisfaction, Elyss le glissa à sa ceinture. Combien de vies ce duo mortel avait déjà volé ? Elle n’en avait pas la moindre idée, sans doute « beaucoup ». Avant de quitter la chambre miteuse, elle s’accorda un dernier regard en direction de l’homme qu’elle avait tué. Son visage figé en un ultime rictus horrifié ne lui fit éprouver aucun remords, au contraire, il l’avait bien mérité. On ne confondait pas Elyss Asayrien avec une catin de bas-étage. Jamais. La magicienne tourna les talons d’un air hautain et s’en alla.
Elle partit par la fenêtre. Après un crime, il ne valait mieux pas repasser devant le tenancier de l’auberge douteuse où on l’avait commis. L’établissement était un peu en retrait du château, juste à quelques mètres du parc. Elyss connaissait le parc comme sa poche, ses longues nuits d’insomnies lui avaient permis de l’explorer de fond en comble. Elle se dirigea donc vers la fontaine la plus proche dans l’intention de se laver les mains. Quand elle plongea ses paumes dans l’eau, celle-ci se teinta immédiatement en pourpre. Par vanité, elle observa son reflet dans l’eau souillée. Bien, ses boucles brunes tombaient joliment, encadrant son fin et pâle visage sans pour autant le caché. Elle avait été soignée cette fois-ci, et le sang n’avait pas giclé sur sa robe de soie bleu marine (cette couleur mettait ses yeux en valeur). La jeune femme ne s’attarda pas plus près de la fontaine, elle marcha d’un pas vif en direction de … elle ne savait pas vraiment. Ce n’était pas son genre de flâner sans but tel une étourdie, mais parfois ses pieds et son instinct la guidait vers quelques surprenantes rencontres. Et ce jour-là ils la guidèrent jusqu’aux arènes et au camp d’entrainement. Cet endroit sentait la sueur à quelques kilomètres à la ronde, et même si l’on n’avait pas combattu, on était obligé de se laver directement après y avoir mis les pieds. Le point positif était qu’on pouvait admirer des hommes musclés, torses nus, en train de se battre. Certes c’était une simulation, mais la plupart ne prenait pas les entrainements à la légère et n’hésitait pas à blesser voir pire…
C’était donc un spectacle distrayant qu’offrait l’arène à une jeune femme comme Elyss. Bien entendu, il y avait aussi quelques désagréments à être une jolie femme dans un lieu remplit d’hormones et de pulsions masculines. Sans se retourner elle saisit une main juste avant qu’elle ne frôle sa chute de reins. Elle marmonna une incantation qui créa une violente décharge. Il y eut un cri étouffé. Et un bruit sourd signalant que l’homme était tombé à terre. Elyss lâcha la main baladeuse, et sans un regard pour le goujat, changea de position d’observation. Personne n’avait rien vu de la scène, c’était l’avantage d’un chaos ordonné, personne ne se souciait de vous.

C’est ce que je croyais.

Elyss remarqua cet homme, parmi la mêlée, il la fixait ardemment. Elle ne le connaissait pas, elle ne pensait pas le connaitre. Pourtant, il lui paraissait étrangement familier, comme quand on revoit un ami de longue date qui a pourtant changé physiquement du tout au tout. Il ne semblait pas hostile, mais assez inquiétant. Pourquoi la regardait-il comme ça en plein milieu d’un combat ? Voulait-il se faire tuer ? Juste sur ces pensées, une lame lui taillada les côtes. Elyss se retint de faire une grimace, non parce que les blessures la révulsaient, mais parce que cet homme, qui était loin d’avoir l’air d’être un idiot, venait de se faire prendre comme un débutant ! Il avait des progrès à faire ce pauvre garçon. Mais, même de loin, Elyss savait qu’il était diablement beau. Une beauté envoutante, comparable à la sienne, cet homme dégageait un charisme que peu de personnes pouvaient prétendre à avoir. Était-il … ? Non… ce n’était pas possible…
Sous ses yeux bleus, Elyss vit l’homme repousser toutes les mains qui désiraient lui venir en aide. Ah, fier et orgueilleux ? Cela lui plaisait. Beaucoup. Avec empressement il se fit un bandage de fortune, et, sans surprise, se précipita à la rencontre de la jeune magicienne. L’allure qu’il avait ne le flattait pas, néanmoins, quand il arriva devant Elyss, il lui décocha un sourire charmeur et fit les présentations d’usages :

« Je me demande ce qui peut bien attirer une si charmante jeune femme en un tel lieu. Nous n’avons pas encore était présenté. Gabriel Turner, enchanté de faire votre connaissance. »

Il plongea ses yeux émeraudes dans ceux azurs d’Elyss. Sans les quitter il prit la main délicate de la jeune femme et lui fit le baisemain. Elyss essaya de garder une expression faciale impassible, royale, mais dans son esprit elle s’inquiétait d’une seule et unique chose : que l’odeur ambiante masque celle de sang de sa main, que l’eau n’avait pas réussi à enlever. Elle lui rendit un fin sourire qui ne laissa rien paraitre de son malaise intérieur et s’inclina brièvement.

« Elyss Asayrien. Ravie de vous rencontrer, même si vous devriez vous soucier de votre blessure, plutôt que des politesses, Gabriel. »

La jeune fille avait hésité une seconde à confier son vrai nom à un inconnu. Mais sur le domaine de Geoffrey elle n’avait pas à avoir peur d’être reconnue. Elle en était fière ! Ah, ces missions d’infiltration à Camelot commençaient à la rendre paranoïaque…
Gabriel Turner ? Ce nom lui disait quelque chose, c’était sûr, elle l’avait déjà entendu. Mais où ? De la bouche du roi ? D’un courtisant qui lui rapportait les rumeurs du petit peuple ? Impossible de se rappeler. Mais Elyss avait de plus en plus de doutes quant à l’identité de ce Gabriel. Ce pourrait-il qu’il soit un … magicien tout comme elle ?

« Besoin d’un cours particulier ou est-ce une simple visite de repérage ? »

Oh, il ne manquait pas d’air ! Était-il, ne serait-ce qu'en état de mettre à exécution l’une de ces deux propositions ? Certainement pas, au premier abord en tout cas. Elyss décida de jouer la carte de la moquerie, quitte à paraitre impolie. Il fallait que ce Gabriel sache à qui il avait à faire. Elyss Asayrien n’était pas une pauvre demoiselle sans défense.

« A en juger par la manière dont vous vous êtes fait prendre, elle avisa la blessure d’un air amusé, c’est plutôt vous qui aurait besoin d’un cours particulier ! Les rudiments du combats ne vous sont pas familiers, si ? Votre maître d’armes ne vous a pas appris qu’il ne faut pas se laisser déconcentrer par la première belle créature qui passe par là ? »

Cette femme, elle paraissait quelque peu hautaine mais surtout fière de son rang. Rien ne l’effrayait et à travers un simple regard elle pouvait prouver à un peuple entier qu’elle était supérieure à eux. Si ce genre de comportement avait pour habitude d’en agacer et d’en repousser certains, Gabriel ne faisait en tous cas pas partit d cette catégorie, au contraire il appréciait même le caractère de celle-ci. Au moins elle savait s’imposer. Mais voilà, les apparences sont parfois bien trompeuses, si cette jeune femme paraissait être le modèle parfait de la petite fille de bonne famille, provocante mais sans pour autant être capable d’utiliser la moindre petite arme, le baise main qu’il s’exécuta à lui faire lui suffit pour lui prouver à quel point il avait tort. S’il y avait bien une chose que Gabriel connaissait c’était le sang, qu’il s’agisse de la vision, du goût, ou même de l’odeur. Et la main de celle-ci empestait l’odeur du sang, mais Gabriel ne laissa bien sûr rien percevoir et se comporta comme si de rien n’était.

- Elyss Asayrien. Ravie de vous rencontrer, même si vous devriez vous soucier de votre blessure, plutôt que des politesses, Gabriel.

Charmante petite créature. Se souciait-elle réellement de sa blessure ? Bien sur que non. Elyss Asayrien, un nom qui lui était inconnu jusqu’à aujourd’hui mais qu’il n’oublierait certainement pas. Si cette femme semblait être connue du royaume, il ne fallait pas en vouloir à Gabriel de ne pas savoir qui elle était, après tout excepté les rois, il ne s’intéressait pas tellement aux autres familles « importantes » qui les entouraient. Gabriel ne s’attarda pas plus sur son nom et jeta alors un coup d’œil à sa blessure qui avait recouvert une partie de son corps de sang, mais il ne sembla pas s’en faire plus que ça. Il reporta ensuite son attention sur cette Elyss pour prendre à son tour la parole.

- Croyez-moi j’ai connu des blessures bien pire que celle la, mais il est adorable de votre part de vous soucier de mon sort.

Plus les minutes s’écoulaient, et plus Elyss l’intriguait, il découvrait peu à peu que cette jeune femme lui ressemblait bien plus qu’il ne l’aurait pensé. Caractère ressemblant, très bonne maitrise de soi, elle ne semble pas si inconnue que ça aux armes et au sang, elle sait aussi rester impassible lorsqu’il le faut, mais ce n’était pas tout... Il y avait quelque chose de bien plus fort qui les liait mais quoi ? Serait-elle magicienne ? Ça Gabriel ne pourrait pas le savoir à moins d’en avoir une preuve, et pour ça quoi de mieux qu’un petit test. Lorsque Gabriel lui demanda si elle venait pour un cours particulier ou pour une visite de repérage, celle-ci sembla presque mal prendre la chose et lui répondit instantanément.

- A en juger par la manière dont vous vous êtes fait prendre, c’est plutôt vous qui aurait besoin d’un cours particulier ! Les rudiments du combats ne vous sont pas familiers, si ? Votre maître d’armes ne vous a pas appris qu’il ne faut pas se laisser déconcentrer par la première belle créature qui passe par là ?

La provocation, un art dans lequel Gabriel excelle et qu’il adore surtout mettre en pratique, mais apparemment il n’est pas le seul dans ce cas la. Mais Elyss se trompait totalement à son sujet, si Gabriel s’était fait prendre, ce n’était pas à cause de la beauté de celle-ci. Certes elle était belle et ce ne serait certainement pas lui qui allait la contredire, mais sa déconcentration n’était en aucun cas mêlait à sa beauté. Etait-il donc le seul à avoir cette sensation à ses côtés ? Elyss ne ressentait-elle pas la même chose que lui à chaque fois que leur regard se croisait ? Il ne s’agissait pas d’une attirance physique, non loin de là, c’était autre chose... Bon sang cette sensation allait vraiment le rendre fou. Si Gabriel ignorait ce qui l’avait réellement déconcentré en elle, il allait cependant éviter de blesser son orgueil en lui avouant qu’elle avait tort dans ses propos.

- Je n’ai jamais eu de maitre d’armes, sinon ce serait sans doute la première des leçons qu’il m’aurait apprise. Mais voyez-vous, le problème c’est que je ne supporte pas l’obéissance, alors j’apprends tout par moi-même, c’est ce qui me rend si indépendant des autres.

L’effet de surprise, un autre art que Gabriel savait bien manipuler. Alors qu’elle s’était presque perdue dans son regard et dans ses paroles, le magicien lui attrapa alors sa main et la retourna en quelques secondes, lui plaquant son dos contre son torse. Sa main droite la retenant ensuite par la taille tandis que sa main gauche lui caressait le cou du bout de la lame de la dague qu’il venait tout juste de sortir. Gabriel rapprocha son visage tout près de celui d’Elyss afin de lui murmurer quelques mots à l’oreille.

- Et l’indépendance ma chère ça peut être très utile lorsqu’on se retrouve dans ce genre de situation. Dans ce monde on ne doit pouvoir compter que sur soit. Je n’ai jamais eu besoin d’un maitre pour venir à mon secours, je me sauve ou je meurs. Méthode radical, stricte, mais qui me fait évoluer bien plus vite que tous ces hommes autour de nous.

Il ne fallait jamais juger trop vite, voilà la leçon que Gabriel voulait apprendre à Elyss. Une fois fait, il relâcha alors la jeune femme et rangea sa dague. Si celle-ci se sentait contrariée, humiliée, ou quoi que ce soit d’autre, Gabriel s’en fichait éperdument, elle devait bien connaître ce qu’étaient ses sentiments un jour ou l’autre de toute façon. Le visage tout à fait impassible face à elle, Gabriel reprit alors la parole d’un ton des plus sereins.

- Je vous repose donc ma question, princesse. Besoin d’un cours particulier ou est-ce une simple visite de repérage ?

Comme Gabriel le lui avait dit quelques minutes avant, il avait connu des blessures bien pires que celle qu’il avait actuellement, et se battre dans cet état ne le gênerait aucunement. Tant qu’il visait la victoire, la douleur ne lui paraissait que secondaire. Et s’il la surnommait princesse ? C’était tout simplement parce qu’elle ressemblait à une princesse, aussi bien physiquement que mentalement. Elle avait surement du grandir en étant capricieuse et en ne connaissant aucun échec, tous ses désirs avaient dut être exaucés jusqu’à aujourd’hui, en tous cas, c’était ce qu’il percevait d’elle. Mais tôt ou tard, une princesse connaît un jour une défaite, et c’est à partir de ce moment qu’elle commence à devenir moins exigeante, plus respectable, mais aussi plus belle aux yeux de tous. Gabriel lui lança un regard ainsi qu’un sourire défiant tandis qu’il attendait une réponse à sa question.

Invité

On ne pouvait pas provoquer quelqu’un sans attendre une quelconque réaction de sa part. Mis à part les naïfs et les candides, on ne poussait pas un inconnu dans ses retranchements sans chercher à le jauger, à tester sa personnalité. Les réactions spontanées étaient les plus significatives, la plupart du temps les gens énervés lâchaient exactement ce qu’ils ne voulaient pas dire, quand on les mettait à bout de nerfs. Mais Elyss le savait, elle le sentait, ce Gabriel n’était pas du genre perdre le contrôle de lui-même. Il était de cette catégorie d’hommes qui déstabilisaient par leur aura, qui usait de tous leurs atouts pour parvenir à leurs fins. Alors, qu’étaient-ils au juste ? Des alter-ego ? Ou bien était-ce juste la magie qui les unissaient…

Cet échange prévoit d’être intéressant.

« Croyez-moi j’ai connu des blessures bien pire que celle-là, mais il est adorable de votre part de vous soucier de mon sort. »

L’ironie qui émanait de ce mot « adorable » aurait pu être perceptible par un sourd. Elyss autorisa le coin droit de sa bouche de se relever d’un demi-millimètre, cela signifiait qu’elle s’amusait. En effet, elle ne se souciait aucunement du sort d’autrui. Sa mère pourrait être mourante à ses pieds qu’elle n’éprouverait rien d’autre qu’une vague tristesse, peut-être de la pitié, mais pas au-delà. Cependant, elle s’efforçait bien de cacher cet égocentrisme-chronique. Avec des intentions hypocrites, des politesses surjouées... tout ce cinéma était nécessaire, avoir quelques « amis » n’était jamais une mauvaise chose lorsqu’on convoitait le pouvoir.
Mais même la jeune femme ne pouvait dire le contraire : Gabriel Turner était dans un sale état. Son bandage était à présent gorgé de sang, et celui-ci continuait à couler le long de son torse. Affligée par un tel gâchis, elle se retint de le vexer d’avantage avec une pique relevant le fait qu’avec une concentration si dérisoire, il n’était pas étonnant qu’il ait subi d’autres blessures. Ce serait comme continuer à battre un homme à terre, non pas qu’Elyss ait des principes, mais …

« Je n’ai jamais eu de maitre d’armes, sinon ce serait sans doute la première des leçons qu’il m’aurait apprise. Mais voyez-vous, le problème c’est que je ne supporte pas l’obéissance, alors j’apprends tout par moi-même, c’est ce qui me rend si indépendant des autres. »

Sur ces mots il lui attrapa la main qu’il retourna et en un geste la fit prisonnière de son étreinte. Elyss soupira, irritée, quand de sa main libre, Gabriel lui frôla le cou de sa dague. La jeune femme se concentra à regarder loin devant, dans le vide. Elle se mordit la lèvre, il fallait qu’elle se contienne. Elle sentait déjà les petits picotements familiers au bout de ses doigts. Retenir sa magie était une torture, mais si elle se laissait aller, il ne resterait de Gabriel Turner qu’un petit tas de cendre fumant. Et comme elle ne connaissait pas les rapports que ce dernier entretenait avec Geoffrey, cela ne serait pas très bon pour sa réputation. Il se pencha, son souffle chaud chatouillant son oreille, son sang tachant la soie précieuse de la robe de la magicienne.

« Et l’indépendance ma chère ça peut être très utile lorsqu’on se retrouve dans ce genre de situation. Dans ce monde on ne doit pouvoir compter que sur soi. Je n’ai jamais eu besoin d’un maitre pour venir à mon secours, je me sauve ou je meurs. Méthode radical, stricte, mais qui me fait évoluer bien plus vite que tous ces hommes autour de nous. »

Tu n’imagines pas à quel point tu as frôlé la mort, Turner. Et cette fois, tu n’aurais pas pu te sauver.

Sur ces confessions il la relâcha, et rangea sobrement sa dague. Son but était visiblement de donner une leçon à la jeune impertinente devant elle. L’humilier ? La rabaisser ? Elyss ne s’empourpra aucunement, elle soutint son regard vert. Des deux, c’était elle qui avait eu sa vie entre ses doigts, et ça il n’en avait aucune idée. Elle le laissa marinée dans sa victoire dérisoire, un peu de baume à l’ego ne pouvait pas faire de mal. Si ses sermons effaçaient la honte de se faire prendre par surprise par un banal apprenti soldat, grand bien lui fasse. Pour le conforter dans sa position, Elyss se massa les poignets, ceux-ci étaient écarlates. La blessure sur le flanc de Gabriel l’avait complètement salie, toute la moitié droite de son dos était ensanglantée.

« Je vous repose donc ma question, princesse. Besoin d’un cours particulier ou est-ce une simple visite de repérage ? »

Quel homme entêté ! L’éconduire subtilement ne marchait pas, d’ailleurs, ce n’était plus à propos. Ce Gabriel avait définitivement quelque chose de troublant, de malsain. Qui s’en prendrait comme cela à une femme, devant des centaines d’hommes armés ? Sans craindre des menaces ou des représailles ? Oh, bien sûr, il ne lui avait rien fait, mais elle était sûre que si quelqu’un les avait remarqués, il serait venu à sa rescousse. C’était un des principes premiers de la galanterie, on ne menaçait pas une presque inconnue avec une dague, ça ne se faisait pas. Elyss réfléchit quelques secondes et décida de faire l’ingénue. Avec un sourire que même le plus paranoïaque des espions aurait cru franc, elle dit d’une voie joviale :

« Oh, le cours particulier sera partie remise ! Je ne me vois pas bouger décemment dans cet accoutrement ! Mais, une visite de repérage sera la bienvenue ! Les arènes ne sont pas la partie du château que je connais le mieux … »

Mensonge, mensonge, mensonge. Quand elle était enfant, elle échappait souvent à la vue de ses gouvernantes. Elle courrait, le plus loin possible et se cachait parmi les combattants. Elle adorait observer leurs techniques de combats, elle restait parfois des heures à décortiquer du regard leurs moindre mouvements. C’était d’ailleurs là qu’elle avait volé sa première arme à un apprenti chevalier peu attentif. C’était une petite dague, tout en argent. C’était sans doute la chose à laquelle elle tenait le plus au monde, après sa jument…
Avec difficulté elle quitta le fil de ses pensées et pour donner du vrai à ses paroles, elle partit du mauvais côté, en direction du lac. Après quelques pas faussement décidés, elle se retourna, avisa Gabriel, et lui sourit avec le plus de sincérité qu’il lui était donné d’avoir.

« C’est vous qui êtes censé me servir de guide non ? Vous venez, ou finalement vos jambes ne peuvent plus vous porter ? »

Cher Gabriel, tu veux connaître mes petits secrets ? Je te souhaite bien du plaisir …

Sa blessure ? Il ne la sentait même plus. Et pourtant son sang continuait encore et toujours de couler. D’ailleurs, en donnant à Elyss une petite leçon, il avait complètement taché le dos de sa robe avec son sang... Tant pis, ça lui donnerait un côté plus sauvage et dangereux. Espérons seulement qu’elle ne soit pas une de ces magiciennes qui utilisent le sang ou une mèche de cheveux des autres pour les torturer à distance. De toute façon, Gabriel avait déjà était confronté ce genre de personne et jusqu’à présent, il s’en était toujours bien sortit. Alors que Gabriel posa à nouveau sa question à Elyss, celle-ci parut hésiter quelques secondes puis se décida enfin à prendre la parole.

- Oh, le cours particulier sera partie remise ! Je ne me vois pas bouger décemment dans cet accoutrement ! Mais, une visite de repérage sera la bienvenue ! Les arènes ne sont pas la partie du château que je connais le mieux...

Certes cette robe lui serait assez gênante pour un duel, mais un chevalier sait ce battre dans n’importe quel uniforme... Mais Elyss n’était pas chevalier, il avait presque oublié ce détail. Dans ce cas, va pour une ballade, enfin, visite de repérage. Tandis qu’Elyss commençait à se diriger dans une direction totalement opposée à l’arène, Gabriel esquissa un sourire mais profita surtout de cet instant pour se faire un nouveau bandage, plus propre, plus serré, et mieux fait cette fois. Puis Elyss se retourna vers le magicien, lui adressant quelques mots.

- C’est vous qui êtes censé me servir de guide non ? Vous venez, ou finalement vos jambes ne peuvent plus vous porter ?

- Ce serait plutôt à vous de venir ma chère, les arènes se trouvent de ce côté.

En même temps qu’il prononçait sa phrase, Gabriel lui montra la direction du regard. Si elle avait fait un peu plus attention au paysage autour d’elle, Elyss n’aurait pas eu besoin de lui pour trouver l’endroit, après tout, les arènes sont grandes, donc visibles d’assez loin. Tandis qu’Elyss revenait sur ses pas, Gabriel lui proposa son bras pour l’accompagner durant le chemin du trajet. Les quelques hommes qui les observaient jetés des regards à Gabriel qui signifiaient "bien joué mon pote", ou "tu aurais pu partager", les chevaliers étaient vraiment tous stupides ici. Après avoir marché quelques minutes, les deux se retrouvèrent tout justes en face des arènes, qui étaient vides soit dit en passant. Jusqu’à présent, le plan du magicien fonctionnait à merveille, étant donné que son but était de s’isoler avec elle. Pourquoi ? Vous le découvrirez bien assez tôt. Gabriel se dirigea au centre de l’arène, toujours en compagnie de cette Elyss.

- Et voici l’arène dans toute sa splendeur.

Alors qu’Elyss fit semblant de découvrir l’arène, Gabriel, lui, ne la quittait pas des yeux. Ai-je dit semblant ? Tout à fait. Ça faisait des années que Gabriel trompait leur roi, il était donc en quelques sortes devenu expert en l’art du mensonge, il savait donc le reconnaître aussi facilement que de le mettre en pratique. Elyss ne découvrait pas l’endroit, c’était plutôt une redécouverte, un rappel. Lorsque le regard de la jeune femme se reposa à nouveau dans celui de Gabriel, celui-ci lui adressa un sourire… sarcastique. Grâce à sa magie, la jeune femme se retrouva alors expulsé dos au mur de l’arène, et Gabriel se rapprocha alors de celle-ci, son visage tout prêt du sien.

- Bien qu’ils aient l’autorisation de vivre en paix ici, les magiciens se font rares même chez Geoffroy... Mais toi, je sais que tu en es une. Je le ressens, et cette sensation était encore plus forte lorsque ma dague se trouvait contre ta gorge.

Gabriel éloigna son visage d’elle, mettant un peu plus de distances entre eux, ne voulant pas la rendre mal à l’aise. En la propulsant de cette manière, il venait de lui prouver qu’il était magicien, c’était à son tour de le faire... A moins qu’elle cherche à le nier ? Mais à quoi bon, il en était persuadé. Une preuve pour donner raison à son analyse, c’était tous ce qu’il demandait. Jusqu’à présent, la seule personne pratiquant la magie avec qui il se trouvait en bons termes était Béatrix. Aurait-il la chance de s’allier avec une autre magicienne ? Au fond il l’espérait, car en plus d’avoir ce don, cette femme lui ressemblait, et il serait dommage de gâcher une si belle alliance. Mais si Elyss était une de ces magiciennes cherchant à venger un membre de son clan ? Car il fallait l’avouer, Gabriel s’était mis de nombreux magiciens à dos. Mais à quoi bon se poser toutes ces questions... De toute façon Gabriel était toujours méfiant, parfois même avec ses meilleurs alliés, donc il n’avait pas à s’inquiéter de quoi que ce soit.

- Qui es-tu réellement ? Elyss Asayrien...

Il prononçait son nom, comme s’il doutait presque de l’identité de celle-ci. Après tout, cette femme semblait être du genre à mentir sur beaucoup de choses, alors ça ne l’étonnerait pas si elle lui avait donné un faux nom. Gabriel plongea à nouveau son regard dans celui de la jeune femme, mais ces yeux... Il avait tellement l’impression de les avoir déjà vu quelque part. Mais où ? Et quand ? Lorsqu’il était encore chez Arthur ? Ou bien durant ses premiers jours dans ce camp-ci peut-être ? Se pourrait-il donc qu’il l’ait déjà croisé par le passé ? Impossible, il ce serait rappel de cette jeune femme... Pourtant il était persuadé que ce n’était pas la première fois qu’il croisait ce regard, et c’était peut-être grâce à cette sensation qu’il avait découvert que celle-ci lui mentait.
Elyss Asayrien, tu es une femme bien mystérieuse, mais moi, je suis persistant, et tôt ou tard même tes plus terribles secrets me seront révélés.

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Le destin fait bien les choses... [Elyss]

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