• Music



"Un, deux, trois, nous irons au bois...
Quatre, cinq, six, cueillir des cerises...
Sept, huit, neuf, dans mon panier neuf..."

Et je chantais. On entendait que ma voix à travers la forêt. Je me disais bien "Oh, Gabryelle, tais-toi sinon quelqu'un peut t'entendre", mais je m'en fichais, et je chantais dans la forêt. Je me souviens, c'est une comptine que Maman me chantait quand j'étais plus jeune. Je me souviens pas de grand-chose, parce que je l'ai plus vue alors que j'étais petite, mais je me suis rappelée de cette comptine, et comme je marchais en forêt, j'ai trouvé que c'était une bonne occasion pour la chanter. Parce que c'est vrai que sinon, j'ai pas trop l'occasion de chanter. Dans le château, si je chante on me dit de me taire. Alors quand je suis en pleine nature, personne ne peut me le dire.
Pis en plus, je suis sûre que même les oiseaux arrêtaient de chanter pour m'écouter. Et eux, s'ils venaient me dire d'arrêter, ben je les aurais tué, mais ils le feront pas alors je les tuerais pas.

"Un, deux, trois, nous irons au bois."

J'aime bien la forêt. C'est vert. Mais j'aime bien aussi parce que c'est calme. Et aussi l'odeur. Ça sent bon. Ça change de la ville, là, on sent l'odeur des arbres et pas celle des paysans. C'est meilleur. J'aime bien parce que je sens mes pieds qui s'enfoncent dans le sol mou. Comme si on marchait sur du coton. Et aussi puisque les bruits sont pas pareils que dans la ville. Par exemple, on peut entendre les oiseaux. Et tous les autres animaux. La forêt, ça peut aussi faire peur si on y va pendant la nuit. Y'a plus que la lune pour éclairer, et ça éclaire pas bien. La forêt, ça permet aussi d'être seul de temps en temps, quand y'a besoin, comme dit Aaron. Alors du coup je pense qu'il va souvent en forêt, lui, puisqu'à chaque fois qu'il rentre dans la chambre du château et que j'ai cassé un truc il s'en va en criant et après il revient tout tranquille.

"Quatre, cinq, six, cueillir des cerises."

En fait, j'aime bien être en forêt, et Geoffroy m'a dit d'y aller pour une mission très importante. Il m'a demandé de chercher un champignon qui pousse derrière un arc-en-ciel, avec des pois violets et des rayures jaunes. Alors, j'ai pensé commencer la recherche dans la forêt. D'un côté, ça m'arrange bien. J'en ai parlé à Aaron, et il m'a dit de pas y aller parce que le roi se moquait de moi et il m'a dit qu'il voulait plus me revoir. Mais moi, je le crois pas. Comme si on allait me demander de chercher quelque chose qui existe pas. C'est juste qu'il était jaloux qu'on me confie une mission importante et pas à lui, mais j'ai vu clair dans son jeu. En plus, il m'a empêché de partir, et j'ai dû m'en aller pendant la nuit quand il dormait. J'ai pris la clé et je l'ai enfermé de l’intérieur dans la chambre pour le punir de vouloir me garder. Comme ça il viendra pas me chercher.

Mais je devais trouver ce champignon, parce qu'on m'a dit que c'était très important pour faire une recette de potion. Alors je vais le trouver.

Je savais pas trop par où commencer, et je me suis mise à rôder dans la forêt pour chercher déjà un arc-en-ciel. J'avais plus qu'à l'attendre, et je chantais pour faire passer le temps. Je chantais fort, mais je me suis arrêtée tout d'un coup quand j'ai entendu un bruit trop différent de celui d'un animal normal. Alors je me suis cachée dans un buisson, et là j'ai vu une fille. Je sais pas ce qu'elle faisait, ce qu'elle cherchait, ni ce qu'elle voulait, et je devais le savoir, parce que si elle aussi elle cherchait le champignon, je devrais la tuer parce que sinon elle allait me voler les honneurs. Et il ne fallait pas que ça arrive ! Non !
Alors j'avais prit ma voix la pire, je m'étais bien cachée et je lui avais dit, tout doucement :


- Je-te-vois !


J'avais pas envie qu'elle me voit. Alors, j'avais changé sans faire de bruit dans une autre direction pour la perturber au maximum.
Oh, bien sûr, comme je chantais elle avait dû m'entendre arriver, mais je savais pas. Et pis, si elle m'attaquait, je la tuerais avant qu'elle me tranche la gorge.

"Sept, huit, neuf, dans mon panier neuf..."

La forêt de Brocéliane. Si l'on écoutait toutes les rumeurs ragots et autres qui courraient dans cet endroit cette forêt ne serait rien d'autre que l'enfer. Comme si tout le malheur du monde s'était abattu dans cette pauvre forêt et qu'elle était maudite jusqu'à la fin des temps. On disait que des esprits rodaient la nuit, que des anciens guerriers morts dans cet endroit pour des raisons totalement inexpliqués étaient venus hanter ce potager d'arbres dans le seul but de faire fuir les imprudents qui osaient y mettre les pieds. Les plus braves qui s'y aventuraient malgré tout cela revenaient ou ne revenaient pas. Certains à moitié mort, d'autre fou. Aux yeux de Selana, Chevalier pour la gloire du roi Arthur ce n'était que foutaises et ce n'était pas cela qui allait l'empêcher d'y aller. Qui plus est ce n'était pas la première fois qu'elle y mettait les pieds. En effet depuis la mort de son mentor quelques mois plus tôt Sel' avait trouvé refuge dans ces broussailles, entre ses arbres solitaires aux feuilles séchées qui avaient l'air de la comprendre, de comprendre sa tristesse. Curieusement elle se sentait en harmonie au milieu de ses tiges, de ses brindilles casées, de cette herbe écrasée par le passage des animaux. Lorsqu'elle était là-bas, la chevalier ne réfléchissait pas, elle ne pensait plus, totalement démunie face à cet endroit. Pourtant, ce jour-là, c'était la première fois pour la jeune femme qu'elle s'enfonçait aussi profondément dans la forêt. A vrai dire ce n'était pas fait exprès, elle avait juste continué à avancer lorsqu'elle était arrivée à l'endroit où, chaque fois qu'elle se rendait dans la forêt de Brocéliane, elle s'arrêtait. Elle avait juste laissé ses pieds la menaient là où ils voulaient. Pour le meilleur et pour le pire.

Selana, étant chevalier depuis quelques années maintenant, savait canaliser ses forces et ne pas se retrouver morte de fatigue pour le trajet du retour. C'est pourquoi, au bout d'un moment elle s'arrêta pour reprendre des forces, elle respira un bon coup en se délectant du parfum des fleurs autour d'elle. Son regard passa de gauche à droit sans manquer un détail du spectacle qu'il lui était donné de voir. Jamais elle n'avait vu autant de couleurs, autant de vert, autant de feuilles, autant d'arbres différents. Jamais. Elle avait l'impression que chaque arbre était unique. C'était définitif, Selana ne comprenait pas pourquoi cette forêt avait mauvaise réputation même si au fond elle en était plutôt contente. C'était grâce à cette absence de présence humaine qu'elle était devenue ce qu'elle était et surtout c'était pour ça qu'elle était déserte que Selana pouvait s'y promener sans rencontrer quelqu'un de sa connaissance ou un habitant du château. Elle ne tenait surtout pas à se faire remarquer bien qu'elle se fiche pas mal de ce que les autres pouvaient penser d'elle. Elle connaissait ses défauts, ses qualités, elle se connaissait! Elle savait que ce que pouvaient dire les autres, les ragots, les rumeurs était forcement faux. Seulement, comme tout le monde, elle ne voulait pas avoir mauvaise réputation. Cela lui fermerait des portes, professionnellement et personnellement, ça l'empêcherai d'avoir de nouvelles rencontres.

Après un moment, Selana se remit en marche, lentement mais surement observant au passage le paysage qui se déroulait devant ses yeux lorsque tout d'un coup elle entendit quelqu'un chanter. N'ayant jamais eu l'oreille musical Sel' aurait eu du mal à dire si c'était bien chanté ou non, dans le doute, elle se dit que c'était bien. Sachant que, dans la forêt de Brocéliane venait autant de personnes loyales à Arthur que de personne loyales à son ennemi de toujours Geoffroy elle choisit la prudence en posant la main sur son arme. Quelques secondes, elle marcha sur en branche ce qui la fit grimacer. La jeune fille se trouvant dans la forêt allait la remarquer. Tout d'un coup, la chevalier entendit le bruit d'une personne se cachant derrière un buisson, elle avança lorsqu'une voix retentit.

-Je-te-vois, dit la voix ce qui donna à Sel' l'horrible envie d'éclater de rire. Il faut dire que la situation était comique et pas qu'un peu. Elle n'avait pas entendu cette phrase depuis qu'elle avait arrêté de jouer à cache-cache avec ses amis c'est-à-dire depuis environ quinze ans.

Selana remarqua que, tout en parlant, la jeune femme se déplaçait d'un buisson à un autre. Elle était assez discrète et Sel' ne l'aurait sans doute pas remarqué si elle n'était pas concentrée et si elle n'avait pas reçu la formation de chevalier. Elle aurait donné entre quinze et vingt ans, au son de sa voix, à la mystérieuse inconnue qui avait visiblement pour but de lui faire peur ou tout du moins de la faire fuir. Pourquoi? Sel' n'en savait rien à vrai dire -même si comme tout le monde elle était un minimum curieuse- elle ne cherchait à le savoir absolument. Après tout c'était peut-être quelque chose de personnel, de totalement inintéressant ou autre qui n'apporterait strictement rien à Selana. Du coup, ne rien savoir était tout aussi bien et posait souvent bien moins de problèmes. Or, Sel' n'aimait pas les problèmes, elle les fuyait comme la peste ce qui était d'ailleurs normal. A sa connaissance personne n'aimait se retrouver enfoncer jusqu'au coup dans un problème qui la dépassait. Ce n'était pas vraiment exaltant.

-Ma-gni-fi-que.

L'ironie était voyante dans la voix de la chevalier. Après tout, elle n'était pas là pour entendre une personne lui dire qu'elle la voyait parce que franchement, ça lui ferait une belle jambe.

• Music


Je crois que quelqu'un de normal, ben il serait parti en courant. C'est ce qui se passe, quand je fais ça. Les gens, ils ont peur et ils s'en vont très vite. Aaron m'a dit que je devrais arrêter de faire ça parce que un jour ça ira pas bien, que quelqu'un aura pas peur et me fera mal. La dame, elle avait pas l'air d'avoir peur. Je pouvais faire ce que je voulais, ça marchait pas. Alors, je me suis souvenue de ce que Aaron m'a dit, et je crois qu'il m'a déjà dit que si ça tournait comme ça je devrais partir, mais je suis pas partie, parce qui si elle me volait le champignon Geoffroy serait pas content, il me ferait peut-être mal. Alors je suis restée. Pis j'ai compris qu'elle m'avait presque vue donc je me suis dit que ça servirait à rien de me cacher encore.


- Ma-gni-fi-que.


Là, je crois que c'est presque elle qui m'avait fait peur. Je crois que c'était de la peur, parce qu'elle rigolait presque. Les gens, il s'en vont, et elle, elle rigole. C'était pas marrant. Je sentais mon cœur qui faisait de grands bonds dans ma poitrine, c'était pas marrant. Pis j'avais les mains toutes moites. Un peu comme quand je dois dire à Geoffroy que j'ai fait une bêtise.
Je savais plus trop ce que je devais faire, essayer de la tuer, de lui parler, ou fuir. Je suis sûre que Aaron m'aurait dit de fuir, mais j'écoute jamais ce que dit Aaron, parce que il a juste peur pour moi, mais moi j'ai pas peur pour moi, je sais que je suis forte.

Alors, j'ai rassemblé tout le courage que j'avais encore en moi, et j'avais décidé de lui parler. Et si elle était gentille, je me ferait une amie avec qui jouer. Mais je crois plutôt qu'elle est méchante, vu comment elle m'avait répondu, comme si elle aussi elle se moquait de moi, et j'aime pas ça. Si elle continuait comme ça, à être méchante, je la tuerai. Mais pour l'instant j'allais parler. Et si elle voulait le champignon, je la tuerait aussi.
Je m'étais relevée des buissons. Je crois que là, j'avais plein de feuilles, de branches, et d'épines dans les cheveux et peut-être dans la robe, mais c'était pas trop grave, je voulais pas les enlever, sinon j'allais me piquer. Et je lui ai parlé.


- Tu te moques de moi ?


Je voulais savoir. Si elle se moquait de moi, je l'aurait peut-être tué. Alors j'attendais sa réponse et je la regardait en attendant. C'était une femme qui était debout dans la forêt, et je crois qu'elle avait une arme. Mais moi aussi, j'en avais, une arme. J'avais la magie, et je pouvais attaquer à distance et pas elle. Alors si elle se moquait de moi, comme tous les autres, elle allait payer pour les autres. Parce que j'en avais marre, quand même. Et si elle s'y mettait, je crois que je l'aurais tué. Elle, elle était pas moche. Si je l'aimais bien, j'aurais peut-être dit qu'elle était jolie mais j'étais pas sûre de bien l'aimer, alors je le dirais pas.
Et pis, il fallait quand même que je lui demande pour le champignon. Si elle le voulait, elle devrait se battre avec moi. Mais moi, j'étais sûre de gagner.


- Si tu veux le champignon, alors je te tue.


Je voulais pas trop me battre, mais je crois que j'avais pas trop le choix. Sauf si elle était gentille, et dans ce cas on irait jouer ensemble. J'aurais bien aimé jouer avec quelqu'un de temps en temps, parce que Aaron, lui, il voulait pas souvent jouer avec moi. Il dit tout le temps qu'il a du travail, et qu'il faut pas le déranger parce qu'il fait des choses dangereuses, alors je le dérange pas souvent, mais du coup, je joue pas. Alors, si la fille voulait bien jouer avec moi, ben ce serait bien, je me sentirais moins seule.

A moins qu'il faille que je lui fasse mal.

Ne jamais laisser la peur vous envahir. Une règle d'or que Sel' mettait un point d'honneur à respecter, toujours, quelque soit l'ennemi. Elle avait conscience que, sans cela, elle aurait déjà trépassé et ce plus d'une fois. Selana avait confiance en elle, elle savait qu'une bataille, qu'un combat, n'était jamais perdu d'avance; qu'il y avait toujours une étincelle d'espoir dans ce monde. Toujours, quoi que les autres disent et c'était ça qui permettait au bien de remporter un combat. Geoffroy se basait sur la peur, Arthur sur l'espoir, les deux opposés par excellence. Pour autant les deux avaient autant de chances de gagner. Aucun n'était vraiment plus fort que l'autre. Certes ils avaient des hauts et des bas où chacun d'eux prédominaient tour à tour mais ils n'avaient jamais vraiment eu d'avantage significatif. C'était presque comme si l'un ne pouvait exister sans l'autre. A vrai dire cette question embêtait bien la chevalier qui rêvait d'un monde où la peur serait bannie sans que cela affecte l'espoir que la population portait en l'avenir. Un avenir heureux, sans encombres où jamais le sang ne coulerait. Sel' ne voulait pas d'un monde parfait mais juste d'un monde où la guerre ne faisait pas rage, après tout, la guerre n'était-elle pas le pire de tous les maux?

Tout en réfléchissante Sel' n'avait pas quitté des yeux l'endroit où avait l'air de se trouver la mystérieuse inconnue et était prête à poser la main sur son arme dès qu'elle en aurait besoin. Agile et très bonne combattante ayant d'excellents réflexes elle était capable de se rouler par terre pour éviter une flèche dans la seconde. Ce qu'elle ne savait pas, c'est que si l'inconnue attaquait ce ne serait pas avec des armes en pur et bonne forme mais avec de la magie. D'ailleurs il fallait mieux qu'elle l'ignore pour le moment parce que Sel' n'aimait pas se retrouver en face d'une personne capable d'envoyer des boules de feu à distance sans un claquement de doigts. Elle était plus à l'aise face à un adversaire avec une épée, un arc et des flèches, une lance, une massue ou je ne sais quel autre type d'armes bien réelles. En fait, tout sauf la magie. Pour autant, en tant que Chevalier, elle savait qu'un jour ou l'autre elle allait devoir faire ça à des magiciens qui essayeraient de la tuer c'est pourquoi elle s'entrainait pour savoir, lorsque ce jour serait venu, triompher du combat. Pour Sel' il n'était pas question de perdre.

Tout d'un coup, et à la plus grande surprise de Selana, la jeune inconnue se leva d'un coup pour faire face à la chevalier. Comme Sel' s'y attendait la jeune femme était moins âgée qu'elle. Par ailleurs elle avait des branches, feuilles et autres reste du buisson dans lequel, quelques secondes auparavant, elle se trouvait. Là encore, l'envie de rire la prit mais elle réussit à la refouler en sachant que, à moins qu'elle soit très particulière, elle n'allait pas aimer. Or Sel' ne cherchait pas les problèmes.

-Tu te moques de moi?

Encore une fois Selana avait visée juste. Visiblement la jeune inconnue n'aimait pas qu'on se paye sa tête ce qui était normal d'ailleurs. Sel' ne connaissait pas beaucoup de monde qui aime et elle la dernière même si l'auto-dérision n'était pas un principe qui lui était inconnu. Une fois n'est pas coutume Sel' ne répondit pas se contente de hocher négativement la tête pour lui faire comprendre qu'elle n'était pas venue en ennemi. Mais, pour cela, il fallait qu'elle soit capable de la concevoir et, vu son caractère ça n'avait pas l'air gagner d'avance.

-Si tu veux le champignon alors je te tue.

Tout à fait charmante.

Un champignon? C'était donc pour ça qu'elle était si agressive. Pour le coup elle n'avait pas de soucis à se faire parce qu'elle s'en foutait comme de sa première chaussette de ledit champignon. Elle avait une tête à traverser toute la forêt pour un simple champignon qu'elle ne saurait même pas reconnaître? Elle espérait bien que non. Ces trucs-là ce n'était peut-être pas mauvais mais une chose est sûre Selana pouvait aisément s'en passer. A moins que ça ne soit pas pour elle... l'esprit aiguisé de Sel' commençait à comprendre. Tuer pour un champignon n'était pas banal à moins que le champignon en question ne le soit pas aussi et que le trouver soit une mission...

-Je suis juste venue me balader, je ne cherche pas de champignons, déclara Sel' en espérant calmer la jeune fille. Je n'aime pas trop les champignons à vrai dire.

Pas méchante mais ironique Sel' savait qu'elle aurait du éviter de prononcer cette deuxième phrase. L'inconnue n'aimait pas l'ironie et elle n'avait pas l'air de très bonne humeur.