Parler affaire n'est pas forcément pris au sérieux | Geoffroy

Qu’est-ce qu’un roi... Etre roi ne signifie pas simplement porter une couronne et de beaux vêtements. Etre roi demande de la responsabilité, de la maturité, de la force, et de la stratégie. Etre roi, c’est pouvoir gouverner un peuple et le mener vers la réussite. Pourtant aujourd’hui, les titres de roi avaient été décernés à deux hommes qui ne possédaient en aucun cas toutes ces qualités. Qui étaient donc ces personnes ? Arthur et Geoffroy bien évidemment...

Commençons par Arthur Pendragon, s’il est roi, c’est uniquement parce qu’il est le fils d’Uther. Les qualités requises ? Il n’en a aucune. Un pauvre roi qui ne s’assume pas et retrace le même parcours que son père. Il poursuit les mêmes phobies et pourchasse donc les magiciens, et pourtant, inconsciemment, il garde sous son aile une puissante magicienne qui causera surement sa perte. Ce roi dit combattre pour le bien ? Pourtant il n’hésite pas à tuer des êtres humains sous le seul prétexte qu’ils utilisent la magie. Les paroles et les combats qu’il mène n’ont aucun sens. Pour Gabriel, ce roi n’est qu’un pion important à abattre.
Continuons ensuite par Geoffroy de Meryl. Pourquoi cet homme était roi déjà ? Il ne s’en souvenait même plus… La seule qualité de cette personne était de ne pas sous-estimer les magiciens et de se rendre compte qu’il valait mieux les avoir pour plutôt que contre soi. Cependant, il reste un roi en qui le peuple ne peut avoir aucune confiance, et c’est sa prétention et son trop plein d’assurance qui causeront sa perte. Si Gabriel est dans son camp, c’est uniquement pour pouvoir faire évoluer ses plans en toute tranquillité, mais quand le moment sera venu, ce sera sans regret et avec un certain plaisir que le magicien lui plantera un couteau dans le dos.
Deux rois, deux hommes qui se croient invincibles grâce à leur titre, deux hommes que Gabriel méprise, mais surtout ses deux plus importantes cibles.
N’allez pas croire avec ces paroles que Gabriel les sous-estimait, bien sur que non. Il savait qu’il devait se méfier d’eux autant que de la peste, non seulement pour lui, mais également pour Morgane et Béatrix. Il savait qu’elles risquaient très bien de faire parties des magouilles de Geoffroy plus particulièrement, voilà pourquoi il devait redoubler de vigilance.

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Ce matin, le roi avait donné rendez-vous à Gabriel à la suite royale dans les alentours de 10h. Provocateur comme il l’était, la seule chose à laquelle le magicien pensait était : quel sale tour allait-il bien pouvoir lui jouer cette fois ? Certes, face à ce roi Gabriel pouvait parfois avoir un comportement puérile et immature, il pouvait être un vrai gamin qui ne cherche qu’à s’amuser, mais c’était justement cette facette la qu’il voulait laisser paraître de lui à Geoffroy afin de ne pas s’attirer trop de méfiance. Il espérait même que Geoffroy le sous-estime pour mieux pouvoir le surprendre le moment venu. Toujours fidèle à lui-même, Gabriel arrivait au château en retard, comme souvent, le roi s’en était toujours plaint mais peut-être bien qu’il avait fini par s’y habituer... Une fois arrivé devant la suite royale, Gabriel constata que la porte était entre-ouverte et que le roi était debout, dos à la porte d’entrée en train de regarder un papier ou autre. Le magicien jeta alors un autre coup d’œil dans la salle et décida de passer à l’action. A l’aide de sa magie, Gabriel expulsa une statuette en verre qui vint se briser sur le sol puis tout se déroula très vite. Muni d’un vase en métal (assez large) qui servait de décoration, Gabriel éclata la porte d’entrée et plaqua Geoffroy au sol tout en lui enfonçant le vase sur la tête pour l’empêcher de voir. Après quelques secondes de débats, Gabriel décida finalement de le laisser tranquille.

- Sire ? C’est vous ?

Tout en continuant de faire l’innocent, Gabriel se releva et aida Geoffroy à en faire de même avant de lui retirer le vase. Le magicien se gratta la tête, faisant mine d’être confus mais en réalité il essayait surtout de cacher un grand sourire.

- Pardonnez-moi, j’ai entendu du verre se briser et j’ai cru que vous vous faisiez attaquer, ce qui explique mon agissement, je vous ai confondu avec l’agresseur.

Humilier le roi l’amusait clairement, mais souvent il évitait de le faire publiquement pour ne pas se récolter les mauvaises missions ou quelques jours au cachot, bien qu’il aurait trouvé une excuse pour ne pas les faire. Lorsque Gabriel croisa le regard de Geoffroy, sa seule envie était d’éclater de rire sous son nez, mais il se retenait tant bien que mal à ne rien en faire. Après l’amusement, il fallait bien passer aux choses sérieuses, le magicien décida donc d’entrer directement dans le vif du sujet au lieu de laisser trop longtemps cette atmosphère peser entre eux.

- Vous souhaitiez me parler de quelque chose ?

Etait-ce une vie ? Assis sur mon fauteuil devant mon bureau à écrire une énième décret j'en venais à me demander si j'avais fait le bon choix en montant sur le trône. Durant les premières années je n'avais eu aucun doute sur mes choix, sur ce choix-là. J'étais fier, hautain, loin d'être bête mais arrogant. Beaucoup trop. Aujourd'hui encore, cela me joue des tours mais c'est un bon moyen de se faire respecter, croyez-le ou non. Je suis le roi, l'autorité toute puissante, mes désirs sont des ordres. N'importe qui rêverait d'une telle vie non ? Non, je le sais bien. Toute personne intelligente ayant réfléchit à la question refuserait la couronne et je ne pourrais pas les en blâmer. Chaque fois que le soleil se couche je me demande ce que je serais si j'étais né dans une famille comme une autre. Excellent en tout ce qui concerne le maniement d'armes je serais sans doute chevalier, œuvrant pour le roi, prêt à sacrifier ma vie pour lui. Aujourd'hui des chevaliers comme cela il en existe. Quelques uns, qui sont dans ce château entrain d'aiguiser leurs armes mais, malheureusement, ils sont de moins en moins nombreux. Un tel dévouement exige de la folie. Suis-je moi-même fou ? Oui, je n'ai pas peur de le dire. Les nuits blanches passées à travailler sur d'anciens documents ne sont pas pour rien. Me lever le matin n'est pas difficile, j'ignore les visages insistants des hommes et des femmes que j'ai tué. A quoi bon avoir des remords, ils sont morts, cela ne les refera pas revenir. Et puis il y a cette haine, cette tendance que j'ai de m'énerver à la vitesse de l'éclair, à haïr quelqu'un pour un rien. Un défaut qui a coûté la vie à plusieurs personnes mais qui m'a aussi permis de m'assurer le respect de mes sujets. Ils ont peur de moi, je le sais et il faut que cela continue. Il le faut.

Si je devais citer le groupe de personnes dont je me méfie le plus je n'hésiterais pas. Ce serait les magiciens. Ils sont forts, très, trop surement et je n'ai aucun moyen de pression contre eux. Les menacer avec une épée ne rime à rien mais ne pas le faire serait une preuve de faiblesse. Un jour, ils me tueront; j'en suis certain. Enfin, avoir quelques magiciens à ses côtés c'est tout de même bien pratique. Leur magie m'a sorti de quelques très mauvais pas et j'espère qu'elle me sauvera la vie encore longtemps bien que j'ai la désagréable impression que cela ne va pas être le cas. A vrai dire je n'ai jamais envisagé le jour de ma mort. Mourir dignement c'est tout ce que je demande. Terrence, mon fils, prendra-t-il ma place ? Sera-t-il être un bon roi ? J'espère, mais bon sang ne ment pas. Il sera très bien j'en suis convaincue même si le pays changera radicalement avec son arrivé sur le trône. Si il y va, ce qui n'est pas sûr du tout. Mes yeux se ferment une demi-seconde. Le vent ne fouette pas mon visage, la pluie ne coule pas sur ma peau je suis entre quatre mur. Cinq même. Un rire cynique s'échappe de mes lèvres, je suis enfermé dans mon propre royaume.

Il est presque dix heures du matin je suis seul dans ma suite dite royale. Aujourd'hui un de ses fameux magicien doit venir me voir. Pas n'importe lequel : Gabriel Turner. Il ne faut pas se leurrer, c'est le meilleur et dans un face à face avec cet je n'aurais strictement aucune chance. Mais peu m'importe, il s'agit de prendre des risques, l'adrénaline qui coule dans mes veines n'est pas un leurre. J'aime être en danger, ça me rend terriblement humain. Cependant, comme je ne suis pas suicidaire non plus je me lève, pour être capable de réagir si il lui prend l'idée fumeuse de m'attaque. Avec ces hommes-là on est jamais trop prudent. Bonne déduction pensais-je en entendant le bruit d'un objet qui explose. Seulement je n'ai pas le temps de sortir mon épée, de me défendre que, déjà, je suis aveugle. Que m'a-t-il mis sur ma tête ? Je ne sais pas.

- Sire ? C'est vous ?

Ce qu'il m'a mis sur la tête m'empêche de lui répondre. Pourtant je l'entends, lui, sa voix faussement innocente. Il m'aide à me relever puis, enfin, m'enlève le vase (car c'était un vase) de ma tête. Dans mes yeux un éclat de folie brille. Je suis fou, je le sais mais pas idiot.

- Pardonnez-moi, j’ai entendu du verre se briser et j’ai cru que vous vous faisiez attaquer, ce qui explique mon agissement, je vous ai confondu avec l’agresseur.

Gabriel ne sait pas. Pauvre innocent naïf que je sais très bien qu'il est à l'origine de tout cela. Qui cela pourrait-il être d'autre ? Ma suite est très bien protégée. L'envie de l'étrangler, de dégainer mon épée et de le tuer me prend. J'arrive pourtant à me résonner. Cela me coûte de l'admettre mais j'ai besoin de lui. Pourtant, lorsque je trouverais quelqu'un de plus loyal Gabriel sera ma première cible. Il le sait, c'est ce qui rend le jeu follement amusant.

- Vous souhaitiez me parler de quelque chose ?

Je lève les yeux. A quoi tient-il ? Un nom vient tout de suite dans mon esprit. Béatrix Ys. Cette femme si faible, si niaise. Mes informateurs m'ont appris une chose, il l'aime et réciproquement. Un bon moyen de pression.

- Faites attention à vous monsieur Turner. Si ma lame ne peut, pour l'instant vous atteindre, il me serait aisé de trancher la gorge de Béatrix Ys. Mais passons, j'ai une mission à vous confier.

Jouer avec le feu. Gabriel le faisait souvent, trop même, mais il fallait l’avouer, il adorait ça. La provocation était un art qu’il maitrisait depuis de nombreuses années, ce qui était amusant, c’était de voir comment une personne réagirait face à ses provocations, et en général, ça se terminait par des attaques ou bien des menaces. Des choses qui ne l’atteignaient donc pas. Gabriel s’en était toujours bien sortit durant ses combats, la preuve, il était toujours en vie. Et pour les menaces ? De quoi pourriez-vous menacer un homme cruel et sans cœur ? Rien. Mais aujourd’hui les choses avaient évolué. Un cœur… Il en avait un finalement, et c’était Béatrix qui faisait battre ce cœur. La menacer serait une grave erreur et pourtant, Geoffroy ne se gêna pas un seul instant pour le faire...

- Faites attention à vous monsieur Turner. Si ma lame ne peut, pour l'instant vous atteindre, il me serait aisé de trancher la gorge de Béatrix Ys. Mais passons, j'ai une mission à vous confier.

Si tu n’avais pas été roi, si je n’avais pas besoin de toi, je t’aurais arraché le cœur sur le champ. Un jour je le tuerais, mais surtout je le torturais, et quand il sera à moitié conscient, je lui rappellerais sa menace, et ce sera moi qui trancherais sa gorge, en prenant bien mon temps, en le faisant souffrir le plus de minutes possible. Qui était-il pour parler ainsi de Béatrix ? Gabriel le détestait pour son air hautain et cette façon supérieur qu’il avait en s’adressant aux autres, mais en même temps, qui pourrait l’en blâmer, il était roi après tout... Se contrôler et faire semblant, pour l’instant c’était tout ce qu’il devait faire.

- Allons Sire, cela me déçoit assez de votre part, je pensais que vous me connaissiez tout de même mieux que ça. Vous savez que je n’ai pas de cœur, et vous savez aussi que Béatrix n’est qu’une fille parmi d’autres, disons seulement que c’est l’histoire de quelques jours. Tuez-la si ça vous tient à cœur, mais n’attendez pas de moi que je verse une quelconque larme pour elle.

Se contrôler pour ne pas le tuer tout de suite, et faire semblant pour ne pas qu’il s’en prenne à Béatrix. Plus les paroles de Gabriel seraient cruelles à l’encontre de Béatrix, et plus le roi risquait de le croire, il le fallait. Béatrix était devenue sa faiblesse, mais il ne fallait pas que quelqu’un s’en rende compte et s’en serve. Ces mots qu’il venait de prononcer, Gabriel l’avait fait à contrecœur, mais il n’avait pas le choix, il fallait que le roi gobe ses mensonges. Mais inutile de s’attarder plus sur le sujet, Geoffroy ne l’avait pas convoqué pour ça.

- Une mission ? Enfin ! C’est que je commençais presque à m’ennuyer...

Ironie. Geoffroy enchainait les missions pour Gabriel ces derniers temps, mais cela ne le gênait pas plus que ça à vrai dire. Cependant, le magicien sentait qu’il se passait quelques choses d’étrange au château, reste à savoir ce qu’il se tramait exactement... Mais Geoffroy préparait quelque chose, et Gabriel comptait bien découvrir de quoi est-ce qu’il s’agissait.

- Alors dites-moi, de quoi s’agit-il cette fois ? Une tuerie ? Un vol ? Un kidnapping ? Ou peut-être dois-je remettre un cadeau à enfant caché ? Ou alors c’est l’anniversaire d’une de vos amantes, et vous voulez que je lui fasse passer discrètement un message ?

Notez que Gabriel parlait toujours sur un ton de rigolade tandis que Geoffroy paraissait bien plus sérieux. Et tandis que les missions qu’il citait devenaient toutes plus stupides que les précédentes, Gabriel se permit de faire quelques pas dans la suite royale de Geoffroy et d’observer un peu les décors, les bijoux... C’est alors que son regard se posa sur une montre gousset en or, jolie comme objet, et pratique en plus. En seulement quelques secondes, l’objet disparue de sa place et se retrouva dans l’une des poches de Gabriel. Espérons que Geoffroy ne remarque rien. Gabriel se retourna finalement vers le roi, qui s’apprêtait à lui expliquer de quoi allait s’agir sa véritable mission, ou alors qui s’apprêtait à lui faire la leçon quant au vole qu’il venait tout juste de commettre, allez savoir...

- Allons Sire, cela me déçoit assez de votre part, je pensais que vous me connaissiez tout de même mieux que ça. Vous savez que je n’ai pas de cœur, et vous savez aussi que Béatrix n’est qu’une fille parmi d’autres, disons seulement que c’est l’histoire de quelques jours. Tuez-la si ça vous tient à cœur, mais n’attendez pas de moi que je verse une quelconque larme pour elle.

Mensonges. Je sais bien les déceler, je l'ai appris pendant toute la durée de ma vie de roi. Les mensonges m'entourent quotidiennement, je les sens tous. Et je les hais tous. Cela m'exacerbe que d’être toujours victime de mensonges, d’être entouré de ces nobles hypocrites qui ne cherchent rien d'autre que de se rapprocher de moi. Leur manière gluante par laquelle ils s'imaginent m'amadouer, comme des serpents qui s'entourent autour de la gorge de leur proie. Je ne peux rien faire contre. Si je veux conserver mon image de roi, il me faut affronter chaque jour leurs paroles dont aucune n'est vraie ni pensée. Je n'ai pas le droit de m’énerver, et je me contrôle de mon mieux. Malgré tout cela, je passe pour un homme colérique, facilement irritable. Si seulement ils savaient à quel point je retiens mes vrais accès de fureur, à quel point je passe sous silence ce cri qui hurle en moi et qui ne souhaite que sortir et résonner dans la pièce pleine de mensonges pour les anéantir tous. Moi même suis parfois contraint d'en dire, et je ne me gêne pas d'obtenir par ce moyen ce que je veux. J'ai en somme beaucoup de manières de forcer les gens à m’obéir, je le sais, et j'essaye d'en user modérément. Je ne veux tout de même pas que l'on me considère comme une brute, comme un tyran. Mais lorsque je le fais, je le fais vraiment. Lorsque je mens, je le joue ; lorsque je menace, je le pense ; lorsque j'attaque, je l'assume. Et lorsque je ne peux rien faire, je ne perds pas la face.

Il faut avouer que le jeune Turner ne se débrouille pas trop mal non plus, du moins ai-je déjà vu pire. Son port de tête reste celui d'un homme, malgré cette attitude arrogante de son torse, légèrement trop penché vers l'avant. Mais ce sont ses yeux qui gâchent tout, qui le trahissent. J'aime lorsque je sens passer une flamme de colère dans mes iris qui prennent une teinte plus rousse qu'ils ne l'ont en général, étant marrons foncés. Mais ce doit bien être la seule chose que je permet à mes yeux d'exprimer, je sais bien que mes interlocuteurs le voient et le comprennent. Chez Gabriel, je vois certes cette étincelle de colère et e haine envers ma personne, surtout après que j'aie menacé de m'en prendre à Beatrix. J'ai touché le but, en plein centre. C’était la bonne chose à dire. Il aime cette femme, peut-être même plus que je ne le pense. La peur que je lis dans ses yeux me le confirme. Et désormais, il me déteste, a envie de me tuer. Mais c'en est pareil pour moi. Pourtant, aucun de nous ne fait quoi que ce soit. Je souris légèrement. Amertume.

- Une mission ? Enfin ! C’est que je commençais presque à m’ennuyer... Alors dites-moi, de quoi s’agit-il cette fois ? Une tuerie ? Un vol ? Un kidnapping ? Ou peut-être dois-je remettre un cadeau à enfant caché ? Ou alors c’est l’anniversaire d’une de vos amantes, et vous voulez que je lui fasse passer discrètement un message ?

Il change de sujet. Ironie ? Très mal placée. Je lève un sourcil pour le lui signifier. Bizarrement, aucune colère, aucun ressentiment. Le jeune Turner s’amuse, comme un petit gamin. Il me fait presque de la peine. Il ne se rend pas compte du ridicule de son attitude. Mais je ne veux pas non plus partir dans un accès de rire. Je ne fais que le regarder faire, droit, le dos tourné à ma fenêtre. Lorsqu'enfin je juge qu'il n'a plus rien à dire, qu'il a épuisé, du moins pour le moment, sa réserve de mauvaises blagues, je le vois se retourner ostensiblement et faire quelques pas dans la pièce. Il en fait le tour, l'observe et l'analyse. J'intercepte son regard, pose sur une montre de ma possession, que je n'utilise plus bien sur. Esthétiquement belle, pratiquement efficace, c'est un objet de valeur, qui disparaît tout a coup devant mes yeux. Encore un de ses coups de magicien, me rappelant une énième fois devant quel type de personne je me trouve. Un être abject, bien plus encore que moi. Un magicien comme Arthur a raison de ne pas les aimer. Un opportuniste, un voleur... un être méprisable.

- Très joli objet, n'est ce pas ? Vous pouvez le garder, je n'en ai plus besoin. Il fera plaisir à Beatrix. Mais revenons en a la mission. Je vous veux a mon service pour garder un prisonnier, ou plutôt une prisonnière, que j'ai. C'est dans l'aile opposée, l'appartement bleu. Il pourrait s'agit d'une magicienne dont je dois tirer certaines informations. Vous ne serez pas seul, ne vous inquiétez pas.

Spoiler:

La haine. Un sentiment fort, sombre, destructeur. Cette haine, nous la ressentons tous les deux l’un envers l’autre. Nous voulons mutuellement causer la perte de l’autre mais nous ne le pouvons pas, du moins pas pour l’instant. Paix impossible, guerre improbable. C’était tout à fait l’expression adaptée à notre situation actuelle. Mais je savais que tôt ou tard il tomberait, Geoffroy était peut-être un homme puissant, mais d’autres prendraient la relève et il ne pourrait rien contre ça. Quant à moi, je l’observerais tomber lentement avec un sourire aux lèvres. Oui Geoffroy, ne te crois pas si invincible, on ne sait jamais ce qu’il pourrait t’arriver à toi ou à ton royaume durant ton sommeil... Si tu me prends pour un gamin prétentieux et puérile, soit, cela ne me dérange guère, la surprise te sera bien plus grande lorsque tu te rendras compte que je te manipule comme un pion depuis mon arrivée dans ton camp. Oui, le monde n’est qu’un jeu, telle est ma vision des choses, chaque personne est un pion, un allié ou un adversaire, et une seule personne doit en ressortir vainqueur. Je ne perdrais pas. Si tel était mon destin, j’aurais déjà perdu la vie l’autre soir, dans la chambre de Morgane. Alors oui, je te l’affirme mon ennemi, je gagnerais cette guerre, et tu ne pourras rien contre ça.

- Très joli objet, n'est ce pas ? Vous pouvez le garder, je n'en ai plus besoin. Il fera plaisir à Beatrix.

Alors finalement il a remarqué mon petit vol. Evidemment je pèse mes mots, voler un roi n’a rien d’un "petit" vol, et pourtant c’est ainsi que je considère mon acte. Offrir cette montre à Béatrix aurait en effet pu être un beau cadeau, mais je préfère encore la jeter dans un lac plutôt que de lui offrir un objet qui appartient à cet homme. Et puis, voler une montre à gousset, quelque soit sa valeur, ne m’intéresse en rien, il s’agissait seulement de prouver à Geoffroy qu’un simple tour de magie peut être aussi bien doux que destructeur. Le roi reprend finalement la parole, allant enfin droit au but quant à ma nouvelle mission.

- Mais revenons-en à la mission. Je vous veux à mon service pour garder un prisonnier, ou plutôt une prisonnière, que j'ai. C'est dans l'aile opposée, l'appartement bleu. Il pourrait s'agir d'une magicienne dont je dois tirer certaines informations. Vous ne serez pas seul, ne vous inquiétez pas.

- Je m’inquiète plutôt de ne pas l’être justement. Je n’ai jamais eu besoin d’alliés pour accomplir mes missions, ils n’ont toujours fait que me gêner. Mais si tel est votre choix je ne peux que l’accepter...

Une prisonnière magicienne, voilà qui risque d’être amusant. Comme ci qu’elle m’échapperait... Bien entendu à ce moment la je ne me doutais aucunement que la prisonnière en question était en réalité Morgane. Quelle serait ma réaction lorsque je découvrirais que ma sœur est prisonnière de mon camp ? Sans doute mauvaise... Mais pour l’instant, la seule pensée qui occupait mon esprit était : de quelle manière vais-je bien pouvoir m’amuser avec cette prisonnière ? Car oui, avec la haine que je ressentais envers Geoffroy de Meryl en cet instant, je n’avais que des pensées sadiques qui fusaient dans mon esprit et je me disais que cette prisonnière allait sans doute en pâtir. Après tout, Geoffroy risquait de m’en vouloir si j’assassinais cette prisonnière qui semble lui être importante, c’était exactement ce qu’il me fallait.

- Bien alors que la mission commence.

Je me retirais de sa suite royale, avec déjà dans l’esprit l’idée d’exaspérer à nouveau Geoffroy et de lui prouver qu’il ne s’affrontait pas à n’importe qui. Lorsque je quittai la pièce et que le roi se retourna, il put voir sa montre à gousset accrochée à la poignée de la porte mais avec un détail qui change. L’heure avait cessé de tourner, ce qui pouvait laisser sous entendre un message bien précis : ton temps est bientôt terminé. Sur ce, j’avais hâte de rencontrer cette magicienne dont le roi en avait fait sa précieuse prisonnière.

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