• Il faisait frisquet. Humpf. Même froid, à vrai dire.
  
  Vêtue d’une simple tenue de toile, trouée par endroit, seuls mes genoux et mes coudes étaient protégées par de petites plaques de métal dont la forme avait été adaptée. Ramenant mes bras vers ma poitrine, je frottais mes doigts gelés sur les manches de mon haut. Je n’aurais pas du sortir ; j’avais bien assez réfléchi à cela avant pour en conclure qu’il fallait mieux que je reste enfermée dans le château. Mais depuis ma récente adhésion au rang de Chevalier, qui m’avait remplie de joie, le temps glacial m’avait empêcher de m’entraîner. Impatiente, je n’avais pas pu résister à l’envie de me rendre au terrain d’entraînement, et avais décidé de braver le temps capricieux.
  
  Malgré mon envie de me battre et de mettre mon savoir en pratique, je regrettais quelques peu mon choix. Je savais de plus que mes doigts, engourdis au point que je peinais à les plier, de parviendrais à manier correctement mon épée, que j’avais forgée aux côtés de ma mère l’été dernier. Je sentais son poids à ma taille, sa lame oscillant doucement le long de ma jambe droite, bien à l’abri dans son fourreau de fer.
  
  J’aurais donné beaucoup pour être à l’atelier, en ce moment même. Chez les forgerons, ils faisaient toujours chauds, grâce à la présence constante des flammes nécessaires à leur travail. Si cela se révélait un véritable inconvénient sous la chaleur accablante de l’été, c’était une véritable bénédiction pour les travailleurs lors des saisons froides.
  
  Je soupirais. J’avais néanmoins tellement envie de me remuer un peu ! La neige, le vent, la pluie ; tous les éléments semblaient liés contre moi. Coûte que coûte, je me rendrais au terrain d’entraînement. Je ne pouvais en vouloir qu’à moi-même, après tout ; j’aurais du m’habiller plus chaudement.
  
  Je ne tardais pas à atteindre ma destination. Un autre chevalier était déjà là ; je ne lui prêtais momentanément aucune attention, pressée de me mettre au travail. Dégainant vivement mon épée, je me mettais à l’œuvre, et la faisais danser autour de moi. J’avais toujours exprimer cela de cette façon. Alors que mon défunt père comme mon frère « se servaient » de leur épée, j’ai toujours choisi de la faire danser : ma lame n’était pas un objet, c’était mon alliée.
  
  M’approchant doucement des pantins grossièrement constitués de bois et de paille, je passaient entre eux en sautillant légèrement et les tailladais, un par un, faisant glisser le fil de mon épée le long de leurs silhouettes. La paille volait de partout, et je voletais entre ses brins flottants dans le vent frais.
  
  Au final, j’étais exténuée. J’avais passé plusieurs minutes à combattre ses hommes inanimés, et comme la plupart des chevaliers, je ne m’étais pas rendue compte de la fatigue ce laps de temps. Celle-ci me retombait d’un seul coup sur les épaules ; rengainant mon arme, je m’écartais des pantins inertes et m’appuyais sur la petite rambarde qui servait à délimiter le terrain, avant de me plonger dans mes pensées.
  
  Depuis toute petite, je me demandais pourquoi le mot « chevalier » ne s’écrivait pas avec un grand C. Il méritait sa majuscule. Je ne disais pas cela parce que j’en étais un ; par ailleurs, je ne me considérais pas comme tel. Trop de temps à en rêver. Trop peu pour m’y habituer.
  
  La vie de chevalier était tout pour moi. Ma vie, mon histoire, ma famille. Mon Idéal, avec un grand I. Il m’offrait la Liberté, celle de combattre et d’être maître de moi-même, de me défendre et de Vivre. J’espérais depuis temps d’années vaincre aux côtés d’Arthur, notre roi et meilleur chevalier ! C’était un songe qui avait hanté bon nombre de mes nuits.
  
  Je réalisais que le second chevalier, dont je m’étais aperçue de la présence avant même de réduire les pantins en poussière, était toujours là. Je réalisais que je ne lui avais même pas ne serait-ce qu’accorder un bonjour, et pestais contre moi-même. J’avais faillis à la première lois de ma famille, à savoir la politesse.
  
  Un peu embarrassée, je m’approchais de l’inconnu. Ou, plutôt, de l’inconnuE. En effet, c’était une femme chevalier. J’étais étonnée, et en même temps impressionnée et heureuse. J’avais peur d’être la seule femme chevalier au château, croyant qu’il n’y en avait que très peu. Probablement y en avait-il beaucoup plus que je ne le supposais…
  
  - Bonjour, la saluais-je en accompagnant mes paroles par un hochement de tête. Je suis Automnal Key, j’ai été nommée chevalier il y a seulement quelques jours… Quel est ton nom ?
  
  Je remarquais que mon interlocutrice semblait plus âgée que moi. Deux, trois années tout au plus. Je savais que je m’étais engagée tard chez les chevaliers, à 18 ans, tandis que chacun pouvait le devenir à partir de 15 ans. Par conséquent, elle devait déjà avoir plusieurs années d’expériences. J’étais un peu impressionnée d’être à ses côtés. C’était comme l’offrande de la certitude que, enfin, je faisais partie des Chevaliers.

• Le coude posé sur un rebord de fenêtre, le regard dans la vide Selana réfléchissait. Elle logeait depuis ses seize ans dans le dortoir des chevaliers et elle ne s'était jamais aussi sentie chez elle que là bas. Si, à son arrivée, elle avait été l'une des seules filles à faire partie de la troupe des chevaliers ce n'était plus le cas maintenant et elle le regrettait. Non pas qu'elle n'aime pas la compagnie des autres filles mais c'était juste une question d'ambiance. Sel' trouvait que quelque chose c'était brisé, évidement il y avait eu aussi plus de tension mais, avec l'arrivée d'une multitude de jeunes filles peu habituées à la compagnie masculine, tout avait changé. Selana ne pouvait pas vraiment les blâmer puisqu'elle se rappelait très bien son premier jour parmi les chevaliers. Elle avait alors seize ans et pour elle les hommes ça se résumait à ce qu'elle savait de son père, c'est-à-dire pas grand chose. Quoi qu'il en soit elle ne s'était pas laissée marcher sur les pieds. Très vite, les autres chevaliers avaient appris à la respecter et à l'apprécier le tout allait d'ailleurs ensemble. Sel' respectait tous les autres chevaliers de sexe masculin mais pour les femmes c'était une autre affaire. Certaines étaient bien sur dignes de respect mais d'autres pas du tout.
  
  Sel' finit par sortir de ses pensées avant de s'étirer délicatement. Elle s'assit ensuite sur son lit, pris son épée et sortit lentement de la pièce. Elle déambula dans le château pendant une heure ou deux, sans avoir conscience du temps qui passait. Elle croisa quelques connaissances qu'elle salua avec respect, deux trois mots de politesses, elle prit des nouvelles de toute la famille et elle partit. Au bout d'un certain temps elle finit par se diriger vers le camp d'entrainement. En posant le pied dehors Sel' fut ravie de voir qu'elle s'était habillée chaudement; c'était un temps à se rendre malade. Elle courut jusqu'à sa destination pour se réchauffer et s'échauffer. Arrivée là bas Sel' remarqua sans surprise qu'elle était seule. Selana savait très bien que le froid décourageait bien vite les plus courageux des chevaliers. Elle, ça ne lui posait aucun problème. Au contraire elle trouvait même que c'était une bonne chose que de s'entrainer dans de telles conditions car, à la guerre, on ne pouvait pas choisir le temps qu'il faisait et il fallait se préparer à toutes les éventualités. La jeune femme savait bien que les autres chevaliers ne seraient pas pour autant mauvais mais c'était tout de même un handicap et Selana ne tolérait pas être handicapée par quoi que ce soit.
  
  Sel' s'avança vers le centre du camp, elle plia ses jambes et se mit à enchainer une multitudes de mouvements que lui avait appris son père. Son épée volait dans tous les sens, gauche, droite, gauche, devant, derrière, droite et ce pendant plusieurs minutes. Elle ne s'arrêta que quand elle entendit des pas. Surement un autre chevalier, pensa-t-elle avec un sourire. Elle ne voyait pas ce qu'aurait pu faire quelqu'un d'autre dans cet endroit. Sel' ne dit rien lorsqu'elle remarqua que le chevalier était une femme, une nouvelle recrue, elle ne dit rien non plus quand elle se dirigea vers les pantins sans la saluer. Sel' n'était pas le genre de personne à faire des commentaires déplaisants à la première occasion, après tout il lui arrivait à elle aussi -bien que cela soit très rare- de faire des erreurs et puis Selana savait que la jeune chevalier était une nouvelle arrivante, il était donc normal, voir même logique, qu'elle ne connaisse pas encore toutes les formes de politesse qu'il existait. Après tout Sel' ne savait où elle avait été éduqué et chaque endroit avait ses propres mœurs. Elle observa la nouvelle venue se battre contre les pantins sans marquer la moindre émotions. Intérieurement Sel' se disait que la nouvelle n'était pas mauvaise même si, évidement elle n'était pas à son niveau. Elle finit par s'arrêter, visiblement essoufflé et Sel' se dit qu'il lui manquait de l'endurance, sur un combat à long terme, aussi douée soit-elle elle le tiendrait pas longtemps.
  
  L'inconnue finit par s'approcher de Selana qui la toisait, pas méchamment, elle était juste en train d'évaluer ce qu'elle valait. D'ailleurs le résultat n'était même pas négatif, elle avait juste besoin de quelques entrainent et des conseils pour arriver à une bonne maîtrise de ses armes et de son corps. Elle maitrisait pour le moment, mieux ses armes que son corps mais Sel' était persuadée que ça viendrait avec le temps.
  
  - Bonjour. Je suis Automnal Key, j’ai été nommée chevalier il y a seulement quelques jours… Quel est ton nom ?
  
  Sel' sourit à Automanl tout en se disant que son prénom n'était pas des plus banals. Je remarquais alors qu'elle avait des cheveux châtain, information qui ne servait pas à grand chose mais c'était le genre de chose qu'il était utile de savoir tout de même. Si jamais Selana oubliait on prénom et voulait la retrouver par exemple.
  
  -Selana La Vrez, chevalier depuis quatre ans, répondit alors Sel en focalisant son regard dans les yeux de la nouvelle. Tu devrais plus plier tes jambes quand tu donnes des coups sur les côtés.
  
  Le ton de Sel' était on ne peut plus professionnel et, de toute façon, elle ne faisait que donner des conseils et, même si elle avait été en train de la critiquer ça n'aurait été que des critiques constructives. La méchanceté gratuite et Selana La Vrez n'était amies.

• Maintenant que la conversation avait été engagée, j’accordais un peu plus d’attention à l’observation de la femme Chevalier qui me faisait face. Plus grande que moi, mince, je devinais néanmoins qu’elle devait être assez robuste. Très probablement plus que moi, par ailleurs. Ses cheveux étaient détachés, mal peignés ; mais cela lui allait bien. De plus, je ne pouvais m’autoriser aucun commentaire, ne semblant pas plus soignée non plus. Ceci-dit, les chevaliers n’étaient pas là pour se faire beaux, mais pour se battre.
  
  En observant cette inconnue, j’éprouvais une sensation étrange. Peut-être à cause de son regard : il me toisait avec force, j’avais l’impression d’être… évaluée. Probablement essayait-elle d’estimer mon niveau. Si cela était assez embarrassant, je ne détournais pas le regard ; au contraire. J’observais ses iris bruns. Ils étaient dépourvus de toute méchanceté, ils voulaient simplement tirer de moi une constatation. Du moins, c’était mon impression.
  
  Je savais que, de mon côté, mon regard pouvait aussi paraître dérangeant. Mes yeux, d’un bleu clair virant vers le gris, semblaient fixer les gens tout en les traversant, comme si je voyais au travers d’eux. Beaucoup détournaient leur visage lorsqu’ils me parlaient, et j’avais l’impression qu’ils avaient peur que je « lise » leurs pensées. Je n’aimais pas ça. Pour moi, une conversation était quelque chose de franche, dénué de mensonges. J’aimais parler aux gens en face. Je trouvais presque cela essentiel.
  
  - Selana La Vrez, chevalier depuis quatre ans, se présenta soudain mon interlocutrice.
  
  J’étais heureuse de faire sa connaissance, surtout si peu de temps après mon adhésion aux membres des Chevaliers. J’étais assez impressionnée face à elle. Quatre ans. Cela commençait à faire beaucoup… Je me sentais toujours mal à l’aise face à des gens supérieurs à moi. Non pas que le fait d’être inférieure soit un véritable problème. Mais j’avais peur de passer mal à leurs yeux. Les personnes supérieures étaient pour moi comme des « idoles », un but à atteindre. Mon but présent était d’égaler mon père, redoutable combattant avant sa mort. Pour lui faire honneur.
  
  - Heureuse de te rencontrer, ai-je répondu en lui tendant amicalement ma main droite.
  
  Puis, après un instant de réflexion, Selana reprit la parole.
  
  - Tu devrais plus plier tes jambes quand tu donnes des coups sur les côtés.
  
  Le ton de mon interlocutrice était neutre, c’était simplement un conseil. Sa voix était professionnelle : il était facile d’en tirer la conclusion qu’elle savait ce qu’elle disait. Je profitais de ce conseil pour réfléchir à ma petite « prestation » : il était vrai que je ne parvenais à associer convenablement les gestes de mon corps, désordonnés, à ceux de mon épée, qui étaient précis et organisé. L’inconvénient compensait l’atout, et m’empêchais d’être une redoutable combattante comme l’avaient été les membres de ma famille dans les générations précédentes. J’espérais réellement trouver quelqu’un qui puisse m’apprendre à palier à cet handicap au combat.
  
  Mon deuxième handicap était l’endurance. Je combattais férocement, mais non seulement je dépensais souvent trop d’énergie pour des choses simples, et je me savais faible sur la durée. Ce point allait être à travailler, et je savais d’ores et déjà que je n’en démordrait pas avant d’avoir atteint mon but.
  
  Je repensais à la réflexion de Selena. C’était bien beau, de faire danser mon épée ! Mais il fallait que les mouvement suivent. Notamment au niveau des jambes ; la Chevalier avait frappé juste.
  
  - Merci de ton conseil, Selana, dis-je en souriant. J’y repenserai à la prochaine occasion que j’ai de m’entraîner. J’ai encore de nombreux défauts de combats à corriger, il va falloir m’y atteler…
  
  Mon frère avait eu la gentillesse de m’entraîner, pendant deux ans. Je n’avais appris que très tard que les femmes étaient acceptées au château, et ma mère, craignant que je ne trouve pas de métiers si je ne m’exerçais pas très jeune, m’avait plus ou moins obligée à travailler à la forge avec elle. Si j’avais appris à me battre très jeune, je n’avais jamais pu réellement m’entraîner dans le détail, ne façonnant ma technique de combat que sur mes idéaux.
  
  Tout cela fit comme un déclic dans ma tête. Pour moi, le combat s’apprenait beaucoup plus sur la pratique que sur autre chose. Selana avait plus d’expérience que moi ; et je savais parfaitement que le fait de se battre envers quelqu’un de plus fort permettait de s’améliorer. Pourquoi ne pas faire un petit duel ? Mon frère m’avait toujours entraînée à savoir frapper du plat de l’épée. Si l’une de nous deux se prenait un coup, elle en serait simplement quitte pour un bleu.
  
  - Hum… Ca te dirais, que l’on fasse un petit duel ? Si l’on frappe du plat de l’épée, il n’y aura ni de danger pour toi ni pour moi…
  
  Dans tous les cas, je ne pensais pas que Selana puisse être une blessée. Elle avait de l’expérience ; moi pas. Si la Chevalier, acceptait le duel, j’en connaissais déjà l’issu : je n’allais pas gagné. Mais, au final, je m’en fichais pas mal. Ce que je voulais, c’était progresser.
  

• Selena n'avait pas pour habitude de parler à toutes les personnes qu'elle croisait. Elle préferait attendre quelques instants pour voir de quoi avait l'air la personne. Sel' était comme tout le monde, elle ne pouvait pas bien s'entendre avec tout le monde. Elle était plutôt du genre à donner aux gens une deuxième voire une troisième chances mais il ne fallait pas exagérer. Elle pouvait être aussi sympa qu'elle voulait il n'empêche que si on la mettait devant un assaillant elle l'envoyait vite fait bien fait au tapis. Si elle n'était pas le meilleur chevalier elle n'en était pas loin. Selana avait de l'expérience, une maitrise totale de son arme et de son corps, un physique d'enfer et, le plus important de tout, une très grande concentration. C'était la base de tout. Elle-même si elle était à moitié endormie n'arriverait à rien. D'après Sel', pour savoir se battre il fallait être intelligent. Avoir des gros bras c'était bien sympa mais ça ne faisait pas tout. Il fallait savoir anticiper les actions de son adversaire, savoir prédire ses réactions. C'était presque comme être capable de dire ce qu'il allait se passer durant tout le combat. De l'autre côté il fallait être imprévisible pour que, justement, les autres n'arrivent pas pas à prédire ses actions. Sel' excellaient dans la prédiction des différentes actions de ses assaillant et presque tout autant dans l'imprévision, mais tout de même moins. Après tout on ne pouvait pas être doué partout. C'était tout bonnement impossible. Il fallait trouver ses défauts et les vaincre comme un guerrier.
  
  Le regard de Sel' ne finissait pas de détailler Automnal. Elle lui rappelait ses premiers pas dans ce château, parmi le chevaliers. Elle savait à quel point il était dur de s'intégrer parmi ses adultes qui maniaient l'épée comme personne. Elle-même s'était sentie nulle et elle avait failli renoncer à devenir chevalier mais finalement elle était restée et elle ne l'avait jamais regretté. Ça n'avait pas été simple, loin de là, mais pour Selana chaque jour était un nouveau défi et elle comptait bien tous les réussir. Par respect pour tous les gens qui avaient crus en elle et pour soi-même. Elle considérait que faillir n'était pas possible si on croyait vraiment en soi, en ses capacités, en son avenir. Sel' ne se voyait pas déjà à la tête des chevaliers. Loin de là, elle se voyait juste chevalier jusqu'à que son corps ne tienne plus le coup, elle se voyait juste fière d'elle-même et de ses actes jusque dans la mort. Elle se voyait forte jusqu'à son dernier jour. C'était tout. Pas un destin grandiose, juste une satisfaction d'avoir réussi sa vie. Elle avait encore du temps pour y penser et Sel' ne pouvait pas prédire qu'elle ne trouverait pas un homme qui fasse battre son cœur, qu'elle ne se marierait pas et n'aurait pas beaucoup d'enfants ce qui ruinerait sa carrière de chevalier. Mais pour l'instant, elle savait ce qu'elle voulait, pas ce que le destin lui réservait.
  
  Le regard d'Automnal n'était pas anodin. Il ne fallait d'ailleurs pas faire preuve d'une intelligence démesurée pour le remarquer. Habituellement, Sel' n'aimait pas se genre de regard, on avait l'impression qu'ils traversaient les gens, l'idée que la petite nouvelle puisse savoir tout ce qu'elle voulait d'elle par un simple regard la mettait mal à l'aise. Pourtant, elle continua de la fixer avec cette assurance propre aux forts caractères. Elle n'avait rien à caché, elle n'avait donc rien à craindre et puis, de toute façon, Automnal n'avait pas de quoi lui faire. Selana ne pensait pas ça méchamment mais elle l'avait vu se battre et elle savait très bien que si elles en venaient à un combat elle gagnerait sans aucune difficulté. C'était normal, c'était logique, Sel' était plus vieille parmi les chevaliers et, d'ailleurs, elle était plus vieille tout court ce qui lui donnait un avantage non négligeable vis à vis d'Automnal qui devait elle aussi le savoir.
  
  -Heureusement de faire ta connaissance, dit alors Automnal en tendant la main vers Sel'. La belle brune n'hésita pas et serra la main à la nouvelle recrue avec un sourire qui signifiait «Bienvenue parmi nous.».
  
  Selana avait la chance de ne faire peur à personne, peut-être à cause de son physique. Automnal devait faire peur à cause de ses yeux et presque tous les autres chevaliers faisaient peur à cause de leur physique. Ils étaient tellement forts que ça faisait peur mais surtout aux enfants. De toute façon, Sel' savait bien que les hommes du peuple n'avaient pas facilement peur. Ils avaient déjà vécu, pour la plupart, beaucoup trop d'atrocités pour avoir peur du physique de quelqu'un et du point de vue de Selana ils faisaient bien. Les gens les plus dangereux étaient souvent ceux qui le paraissaient le moins. Les femmes par exemple, Sel' savait qu'elle faisait moins peur que plus des trois quarts des hommes du pays alors qu'elle était largement plus forte qu'eux. Et encore c'était peu dire. Aussi, en règle générale une femme était beaucoup plus dangereuse, plus manipulatrice qu'un homme.
  
  -Merci de ton conseil, Selana. J’y repenserai à la prochaine occasion que j’ai de m’entraîner. J’ai encore de nombreux défauts de combats à corriger, il va falloir m’y atteler…
  
  Automnal sourit alors à Selana qui lui rendit son sourire. Selana était d'une nature souriante de toute façon. Son regard souriat toujours à n'importe qui mais là plus particulièrement avec cette jeune fille. Pas qu'elle se sente particulièrement à l'aise en sa compagnie même si d'un côté c'était le cas puisqu'elle trouvait Automnal tout à fait charmante mais elle avait surtout l'impression de se voir elle, dans un miroir quelques années plus tôt. Qui plus est Sel' était plus jeune à son entrée dans les chevaliers. A son âge elle avait déjà réussi à avoir le respect de ses coéquipiers, les autres chevaliers. Le respect. La base de toute relation entre deux personnes surtout dans le domaine des chevaliers. Si Automnal voulait un jour se plaçait parmi l'élite il allait lui falloir apprendre à se faire respecter et c'était très dur, surtout le respect des hommes.
  
  -Appelle moi Sel', déclara alors Selana pour mettre à l'aise la jeune fille.
  
  -Hum… Ca te dirais, que l’on fasse un petit duel ? Si l’on frappe du plat de l’épée, il n’y aura ni de danger pour toi ni pour moi…
  
  Sel sourit. Elle savait que, de toute façon, elle ne courrait aucun danger et, même sans le plat de l'épée elle était parfaitement capable de ne pas blesser son adversaire. Il y avait toujours le risque pour qu'elle se fasse mal toute seule bien entendu mais ça aurait été le comble de la maladresse et, vu ce qu'elle avait vu des aptitudes de Automnal elle doutait que cela arrive un jour. Mais elle ne pouvait pas en être sûre.
  
  -Si tu veux, déclara Sel' en se plaçant en face de son interlocutrice, l'épée à la main, les jambes légèrement pliée, prête au combat. A toi l'honneur.

• Selana proposa que je l’appelle par son surnom, Sel’. Pourquoi pas ? Cette idée me plaisait plutôt bien. Peut-être une amitié était-elle entrain de se tisser entre elle et moi ; en tout, cas, je le souhaitais. Je ne connaissais la Chevalier que depuis peu de temps, mais elle me semblait néanmoins sympathique, juste et compétente. Malheureusement, la nature de l’Homme n’était pas toujours aussi évidente, et j’espérais simplement ne pas me tromper sur son cas.
  
  - Pour ma part, Auty’ me convient tout à fait, ai-je répondu en souriant.
  
  Levant mon regard vers le ciel, je constatais que quelques timides flocons de neige commençaient à tomber. Tournoyant doucement dans la brise de cette fin de journée, ils n’étaient pas assez nombreux pour tenir au sol ; mais je devinais qu’une averse de neige se préparais. Si Sel’ et moi voulions faire un duel, il ne faudrait pas traîner. Quoi que… un combat sous la neige pouvait se révéler intéressant.
  
  A mon grand plaisir, Sel accepta le duel. C’était une grande nouveauté pour moi. Je ne m’était jamais battue que contre mon frère, et si celui-ci était néanmoins un excellent professeur, je calquais en grande partie ma technique de combat sur la sienne. Par ailleurs, je connaissais déjà par cœur ses points forts comme ses points faibles, et si j’étais encore loin d’être devenue son égale, je savais dorénavant quelles figures il me fallait exécuter pour le vaincre. Or, je savais que chaque chevalier avait sa technique ; et que si la connaissance que j’avais de mon frère était un atout contre lui, elle me serait totalement inutile contre d’autres adversaires.
  
  Avant de lancer la première offensive, je prenais soin d’imiter l’attitude de Sel’. Face à moi, l’épée fermement tenue à sa main, ses jambes étaient légèrement pliées. Son visage reflétait une grande concentration ; pour ma part, je savais que mon esprit quelque peu volatile pourrait me jouer des tours. Je pris donc une profonde inspiration, et dirigeais toute mon attention sur mon épée.
  
  Je lançais un premier coup. Effectuant un premier pas de côté, je fis tournoyer mon épée vers l’épaule gauche de mon adversaire. Puis, après un rapide saut en arrière, essayais d’attaquer au niveau des hanches sur le côté droit. Je multipliais les coups. J’étais rapide, mais pas assez ; si je ne me rendais pas bien compte de ce que je faisais, je savais pertinemment que la majorité de mes attaques, sinon toute, n’atteignaient pas leur cible, contrés auparavant par Selana.
  
  Concentre-toi, Coleen, concentre-toi… Mes jambes. Il fallait véritablement que je pense à les rendre plus souples ; à présent, plutôt que d’accompagner les mouvement de mon épée, elles les rendaient plus lourds, bien trop lents.
  
  Comme je le pensais, la neige tombait drue à présent. Elle brouillait mon champs de vision, réduisant ma mobilité et ma capacité d’esquive. Je ne me montrais certainement pas sous mon meilleur jour, mais me défendais tout de même avec toute la volonté dont j’étais capable.

• Selana était prête. Prête à recevoir autant d'assauts que son adversaire du moment allait lui donner. Les jambes pliées, pas trop ni trop peu, l'épée dans une main, l'autre libre pour plus de facilité. Elle connaissait ses faiblesses, elle savait très bien qu'elle avait plus de mal lorsqu'elle tenait son épée dans la main gauche ou encore lorsqu'elle la tenait trop en avant. Mais elle savait aussi qu'elle n'était pas la seule à en avoir. Auty -comme elle lui avait demandé de l'appeler- en avait aussi et de plus grosses qu'elle. Si elle voulait vite gagner il suffisait qu'elle s'attaque à son jeux de jambes, quelque chose de très dur à perfectionner et presque impossible lorsqu'on était seul. On pouvait faire des petits pas un peu partout mais ça m'amenait presque à rien. Selana avait eu la chance de rencontrer un chevalier, peu de temps après son entrée, qui s'occupe personnellement de son jeu de jambes -en premier- et de tous ses autres défauts. Elle ne serait pas devenue ce qu'elle était sinon, elle avait conscience qu'elle lui devait tout. Lorsqu'elle l'avait rencontré et qu'il lui avait donné son premier cours la jeune femme ignorait tout de lui. Elle avait appris par la suite que c'était un grand homme, un très bon chevalier, un des meilleurs si ce n'était le meilleur. Il lui avais appris à faire chanter son épée, à se déplacer de façon logique, légère, à trouver ses qualités et ses faiblesses ainsi qu'à les repérer sur les autres. Sel' avait conscience que ce n'était pas rien, qu'elle avait eu une chance immense de le rencontrer. Elle se rappelait très bien de leur première rencontre.
  
  Il était assis dans l'herbe, en plein milieu du parc. Elle ne connaissait pas encore les lieux alors elle était allée lui demander où était le camp d'entrainement. Elle l'avait cherché depuis quelques jours sans jamais arriver à le trouver. De là ils avaient engagé la conversation, quoi que non, ce n'est pas le mot. Le chevalier lui avait alors posé une vingtaine de questions, qui était-elle, que faisait-elle, depuis quand, qui était au courant etc. Selana avait répondu du tac au tac en se demandant ce qu'il lui voulait et qui il était. Pourtant, après cet interrogatoire pointu il l'avait emmené au camp d'entrainement. Au début il l'avait regardé s'entrainer puis il s'était mis lui aussi à s'entrainer. Sel' avait été scotché sur place en le voyant se mettre en mouvement. A côté de lui elle était tellement nulle.. Pourtant elle avait continuer de s'entrainer. Enfin, ils s'étaient arrêtés, en même temps et il lui avait donné son nom en lui proposant de l'aider à s'améliorer. Le chevalier ne ménageait pas Selana et elle en bavait mais elle savait que c'était une très bonne méthode. D'ailleurs, elle comptait essayer de l'appliquer, si elle le voulait, à Automnal qui avait, d'après Selana, un gros potentiel.
  
  Automnal se mit à attaquer Sel', à gauche à droite, devant derrière. Elle attaquait à différents endroits, à différentes hauteurs essayant d'atteindre son adversaire mais Sel' était beaucoup plus rapide. Elle contrait ses attaque avec une facilité déconcertante en ne laissant aucun répit à Auty. De toute façon, la nouvelle recrue ne se laissait pas le temps de souffler et, à peine Selana avait contré une de ses attaques qu'elle revenait à la charge. Selana aurait pu enchainer les attaques dix fois plus vites que le faisait Automnal mais elle était plus vieille et elle avait beaucoup plus d'expérience. Par ailleurs la jeune fille faiblissait à chaque coup. Sel' ne s'était de loin pas trompée en affirmant qu'elle manquait d'endurance. Son but n'étant pas de crever sa jeune adversaire Selana attaque au bout de quelques minutes alors qu'auparavant elle n'avait fait que se défendre. L'épée d'Automnal vola en l'air. Selana avait gagné le combat. Elle souffla un bon coup avant de tendre sa main vers Auty. C'était un beau combat et Sel' avait apprécié de se battre avec elle même si ce n'était pas un combat équitable. Mais elle savait très bien que les combats, n'étaient jamais équitables, autant qu'Automnal le comprenne tout de suite.
  
  -Tu t'es bien battu, déclara Selana avec un sourire en direction d'Automnal. Seulement si ce combat avait duré plus de dix minutes encore tu aurais eu du mal à tenir le coup.
  
  C'était une façon de le dire. Selana savait très bien qu'elle n'aurait pas tenu le coup. Mais pas la peine d'être trop directe ou trop brutale avec Automnal. Elle venait d'arriver et Sel' n'était pas là pour la dégouter. Elle savait très bien ce qu'elle pensait. Pour Automnal, les chevaliers étaient des gens formidables une sorte de semi-dieu. Elle allait vite comprendre que ce n'était pas le cas, qu'ils avaient leurs défauts, leurs faiblesses. Il arrivait à Selana de pleurer comme aux autres chevaliers mais ces moments là étaient cachés, ils se passaient dans l'intimité et personne n'était au courant. Il n'empêche que, ses moments là se passaient tout de même.

• Sous l’effort et la concentration, mes sourcils s’étaient peu à peu froncés, trahissant mon épuisement. Je fatiguais vite ; trop vite. Ces quelques minutes de comabt avaient suffit à me mettre à plat. J’enchaînais mes attaques, vite ; mais chacuns des coups que je portais m’affaiblissait un peu plus.
  
  Outre cela, je ne parvenais à gérer ma respiration. Trop concentrée sur mes gestes en eux-mêmes, je ne pensais pas à respirer de façon régulière ; ainsi, je m’étais très vite essouflée. L’air peinait à circuler librement jusqu’à mes poumons, je commençais à haleter. Mon allure faiblissait ; je ne tiendrais pas longtemps.
  
  De plus, c’était assez décourageant de constater avec quelle faciliter Sel’ arrivait à parer mes coups. Si elle ne faisait que se défendre, sans attaquer, je savais parfaitement qu’elle attendait simplement le bon moment. Et puis, quelque part, elle me testait, tentant dévaluer mon potentiel.
  
  De mon côté, j’étais relativement déçue. Une dure vérité s’imposait à moi : si mon frère avait toujours été un excellent chevalier, il ne s’était jamais battu avec moi comme il l’aurait fait avec un de ses collègues. Il m’avait toujours fait croire être plus forte que je l’étais vraiment, et en voulant être gentil, il n’avait fait que ralentir ma progression ; je ne lui en voulait pas, néanmoins, je ne pouvais qu’être un peu triste en réalisant que mon niveau était assez… banal.
  
  Soudain, Selana effectua un rapide mouvement du poignet ; son épée enlaça la mienne, l’arrachant brusquement à l’étreinte de ma main droite. En une seconde à peine elle m’avait désarmée, alors qu’aucun de mes coups n’avaient atteint leur but.
  
  Je regardais mon épée se ficher brusquement dans le sol de terre, à quelques mètres de là. Si j’étais déçue de ma performance, j’avais apprécié ce combat, qui s’était montré plus qu’enrichissant. Et par dessus tout, je comprenais enfin toute la mesure du mot chevalier : le simple fait d’observer ma nouvelle connaissance résumait tout.
  
  -Tu t'es bien battu. Seulement si ce combat avait duré plus de dix minutes encore tu aurais eu du mal à tenir le coup.
  
  J’appréciais la délicatesse de la Chevalier. Toute deux savions parfaitement que, ces dix minutes, je ne les aurais aps tenues, tout simplement. Mais elle était bien assez intelligente pour me faire passer le message sans pour autant me le crier haut et fort. Aussi, j’aquiesçais d’un sourire et serrais la main qu’elle me tendais, la remerciant du regard pour ce combat.
  
  -Et, hum… Tu as appris tout ça… Toute seule ?
  
  J’étais curieuse de savoir si Selana se battait spontanément de cette façon ou si elle avait eu besoin d’entraînement avant d’atteindre le niveau qu’elle avait maintenant. Quelque part, je savais parfaitement que la Chevalier avait du s’entraîner pendant des heures, des jours et des semaines avant d’être la superbe combattante qu’elle était aujourd’hui ; mais au fond de moi-même, je voulais tout de même m’en assurer, comme pour me certifier que je ne resterais aps bloquée à jamais au niveau que je possédais actuellement.
  
  En attendant que la Chevalier me réponde, j’allais récupérer mon épée et récupérais au fond d’une poche de ma tunique une pierre polie, que j’empognais afin de commencer à la frotter contre la lame de mon arme pour l’aiguiser. C’était un réflexe que j’avais acquis à la fin de chacun de mes combats, qui me permettait en même temps de réfléchir à chacun des gestes que j’avais effectué pendant le duel en question.

• Automnal n'était de loin pas mauvaise. Selana ne pouvait que le reconnaître. Sa façon de se battre n'était certes pas parfaite mais, comme on dit, rien est parfait. Du moins, pour Sel' rien n'était parfait pour tout le monde mais quelque chose pouvait être parfait pour une seule personne. C'était une conception assez spécial mais Sel' avait l'habitude de ne pas voir les choses comme le restes des des hommes et des femmes. Elle était indépendante elle avait sa façon de voir les choses et les autres chevaliers respectaient tout cela comme elle respectait les points de vues. C'était une qualité, une richesse des chevalier de respecter l'autre sans jamais le juger en fonction de ses opinons. Tout le monde s'entendait bien et le monde ne s'en portait que mieux. Mais pour encore combien de temps? Sel' avait une confiance aveugle en ses camarades qu'elle connaissait depuis de longues années pourtant elle ne pouvait pas ignorer les rumeurs. Elles étaient froides, surement fausses mais importantes. Le mot traitre résonnait dans les couloirs du château. Après tout il y en avait toujours eu mais ils n'avaient jamais fait de gros ravages. Là non plus d'ailleurs mais, si on écoutait les rumeurs ça n'allait pas tarder. Selana, elle, ne pouvait l'imaginer, elle connaissait tout le monde, tout le monde!, elle ne pouvait vraiment pas se résoudre à penser que l'un des chevaliers était un traitre. Elle l'aurait su, tout de suite, elle l'aurait senti. Non, elle aurait bien aimé le savoir, le sentir mais elle n'y serait jamais arrivée. Elle le savait, elle ne faisait que se mentir. Était-elle trop faible? Faisait-elle trop confiance aux autres chevaliers? Elle ne pouvait s'en blâmes. En outre, elle ne pouvait pas non plus penser que les autres chevaliers la soupçonnait, elle, Selana de La Vrez, d'être une traître. Passée à l'ennemi comme on dit.
  
  L'ennemi, celui du Roi Arthur, qu'est-ce que Selana avait contre lui? Rien de personnel, il était simplement l'ennemi de son roi et de la terre qu'elle s'était jurée de protéger. Alors oui, c'était bel et bien son ennemi. A elle. Elle ne lui vouait pas une haine sans merci, Sel' n'était pas ce genre de personne. Si son royaume tombait et qu'elle se retrouvait face à lui elle n'était même pas sûre qu'elle le tuerait. Pour qu'il voit son royaume en cendre, certes mais pas que. Tout seul, ce n'était qu'un homme qui n'avait rien de dangereux. Du moins c'est ce qu'elle pensait. Mais là n'était pas la question, elle était face à une nouvelle recrue complètement perdue et pas si mauvaise que ça avec une épée dans la main. C'était une bonne chose, elle ne voulait pas voir rentrer dans les rangs des chevaliers des gamines sachant à peine ce qui signifiait le plat de l'épée. Une bien horrible chose. L'honneur des chevaliers, dans ce cas là, ne ressemblerait plus à rien alors qu'avec Auty' Sel' avait conscience qu'il ne risquait de tomber; bien au contraire, cette jeune fille allait le faire monter, toujours plus haut, sans jamais s'arrêter. Au risque de mourir pour cette cause.
  
  -Et, hum... Tu as appris tout ça...Toute seule ?, demanda alors Automnal en serrant la main que Selana lui tendait.
  
  Sel' pris le temps de réfléchir à la question de son interlocutrice en la regardant ramasser son épée avant de la frotter contre une pierre, sans doute pour la nettoyer, pour empêcher qu'elle s'abime et pour l'aiguiser. Selana aurait du, en temps que chevalier, faire de même mais cette habitude elle ne l'avait jamais acquise pourtant on avait passé des heures à le lui redire. Sans résultat, elle trouvait que c'était du grand n'importe quoi et qu'il suffisait qu'elle le fasse une fois par semaine pour que son épée tienne le coup, deux, quand elle s'entrainait beaucoup et tous les jours en temps de guerre ce qui heureusement n'arrivait que rarement.
  
  Elle repensait souvent à celui qui lui avait tout appris. A chaque mouvement, elle se rappelait son enseignement. Elle en avait bavé, ses jambes se rappelaient encore du dur traitement qu'il lui avait fait subir. Mais au fond, elle n'avait fait que passé d'excellent moments en sa compagnie. Avant, lorsqu'il était toujours en vie. La maladie l'avait emporté, quelques mois plus tôt. Il aurait préféré mourir en combattant, Selana le savait mieux que personne mais on ne choisissait pas la mort. Alors il était parti comme ça, un jour alors qu'il n'était pas très vieux. Selana l'avait beaucoup pleuré, comme tous les autres chevaliers d'ailleurs. Et puis la vie avait continué et elle avait continué à avancer, si il lui manquait? Évidement mais il lui avait appris à se relever de ses épreuves comme celle ci. En tant que chevalier accompli depuis un an Sel' ne le voyait plus autant qu'avant, mais les liens entre eux étaient très forts, trop peut-être, elle n'en savait rien et, d'ailleurs, elle ne voulait pas le savoir.
  
  -Non, j'ai très vite rencontrer un chevalier qui m'a tout appris.
  
  Sel' savait se contrôler et aucune de ses émotions ne pouvaient se lire dans son visage. Il n'empêche que, elle était triste. Elle aurait voulu que ce genre de situation n'arrive jamais aux autres, jamais à Auty. Et elle tuait des gens, certes, c'était contraire en sa mentalité pourtant ça ne les dérangeait pas. Les combattants adverses savaient quel danger ils encourait alors elle n'avait aucun remord. Jamais. Ne pas avoir de remords. Pas dans ces cas là.

• Quelque part, en compagnie de Sel’, je me sentais un peu gênée.
  Bien plus expérimentée que moi, elle combattait, évaluait beaucoup mieux. Elle savait ce qu’étais véritablement l’âme des chevaliers.
  Alors, je devinais facilement que durant le simple combat que nous venions de faire, elle avait eu le temps de… m’analyser. En cet isntant même, probablement connaissait-elle déjà tous ems points forts… et points faibles. Ou, du moins, la plus grande partie. Je me sentais vulnérable. Ayant longtemps grandi dans l’ombre de l’amour et de l’aide d’un frère, me retrouver ainsi seule face à elle me donnait un étrange sentiment de vulnérabilité.
  
  Si je ne m’étais jamais sentie plus Chevalier qu’aujourd’hui, et que je prenais conscience de toutes les valeurs que représentaient ce titre, je réalisais qu’au fond, j’étais toujours une enfant. La perspective d’être à présent Chevalier me plaisait énormément, c’était la concrétisation d’un rêve. Et pourtant… elle m’effrayait aussi. Ces valeurs, je me savais capable de les crier au monde et de les défendre jusqu’à ce que mort s’ensuive. Seulement ces valeurs étaient aussi les clés d’un grand monde, trop grand pour la petite personne que j’étais. Je me sentais un peu perdue, et en ce moment, je ne demandais qu’à me blottir dans les bras de mon frère Nolan.
  
  Je soupirais. Depuis un certain temps mon frère était parti en voyage. A la guerre. Parti deux semaines plus tôt pour protéger le domaine et l’honneur du roi, ne pouvant même pas assister à mon accession au titre de Chevalier. Je n’étais pas triste qu’il soit parti ; oh, non. Tous deux voyons cela comme un honneur. Seule notre mère, comme à chaque départ de mon frère nottament depuis la mort de notre père sur le champ de bataille, avait longuemment pleuré. Elle qui ne vivait que pour son atelier, elle ne parvenait à saisir les motivations qui, mon père, Nolan et moi, nous faisaient avancer. Le fait que je sois Chevalier l’avait anéantie.
  
  -Non, j'ai très vite rencontrer un chevalier qui m'a tout appris.
  
  La voix de Sel’ me fit sursauter, me ramenant sur terre. Le fait d’apprendre seul était donc impossible… Cela me rassurait, quelque part. Je me doutais que le fait d’être en face d’un véritable maître ne pouvait se révéler que bénéfique, et ne me voyait pas poursuivre mon enseignement en solitaire.
  
  J’espérais, moi aussi, me trouver rapidement un mentor. A moins que… je ne l’ai déjà trouvé ? Je vouais déjà une grande confiance en Selana, qui m’avait impressionnée et commencer à m’enseigner certaines choses. Elle était agréable, m’avouait mes points faibles sans pour autant être trop brutale pour en pas me dégoûtée.
  
  J’hésitais à le lui demander puis, finalement, y renonçait. Le fait de trovuer un « maître », selon moi, devait se faire anturellement. Elle ne sera jamais mon professeur attitré ou que ce soit qui y ressemble. Si elle voulait m’apprendre, elle le ferait. Dans le cas contraire, il ne servait à rien de m’attarder sur cette question. Je m’abstiens donc, et m’attardais plutôt sur le sujet de ce fameux chevalier.
  
  - C’est vrai ? Pourras-tu me le présenter ?
  
  J’étais assez enthousiaste à cette idée. Celle de rencontrer un nouveau chevalier me plaisait. Qui sait, peut-être connaissait-il, mon frère ? Ou mon père ? J’étais curieuse et attendais impatiemment la réponse de mon interlocutrice.

• Le regard de Sel' était focalisé sur Auty, cette jeune fille qui venait de rentrer dans les chevaliers. Savait-elle vraiment dans quoi elle s'était engagée? Selana en doutait fortement même si ça ne devait pas être le cas pour Auty. A son âge on avait la fâcheuse tendance à croire que l'on savait tout alors qu'en fait c'était tout le contraire. Pas qu'elle soit bête et n'ayant aucune culture, pas du tout, mais elle pensait à tort que les chevaliers était une organisation magnifique, mémorable avec des gens sympas qui se battaient super bien. Pas que cela soit faux mais tout n'était pas aussi simple que ça. Par exemple il ne suffisait de faire parti des chevaliers pour devenir un expert en maniement d'armes, ça serait trop simple sinon. Beaucoup trop simple et donc sans aucun intérêt de point de vue de Sel'. Or, pourquoi aurait-elle fait quelque chose de sans intérêt? Pour l'adrénaline? Baliverne encore et toujours. L'adrénaline finissait toujours par repartir, aussi vite qu'elle était venue et elle en profitait pour faire des ravages. Et pas des petits, alors non, ça n'en valait pas la peine. Mais il y avait des âges ou l'on était tenté par tout, encore une fois, Selana savait que, sans son mentor elle aurait eu du mal à surmonter cette tentation. Et Automnal, qui l'aiderait? Sel' réfléchit mais pas plus d'une seconde. Elle cherchait le nom d'une chevalier qui pourrait s'occuper de la nouvelle recrue. Le résultat elle le connaissait d'avance, une seule personne pouvait, à ce jour, prétendre s'occuper d'une fille un peu plus jeune, complétement perdue pas mauvaise et qui était dans un âge difficile. Une personne assez ouverte, qui lui prodiguerait des conseils pour son parcourt de chevalier et pour la suite : Elle.
  
  Selana détestait se désigner elle-même pour quelque chose. Elle partait toujours du principe que les autres y arriveraient forcement mieux qu'elle, pourtant, là elle voyait mal dire au revoir à Automnal et partir comme ça, comme elle était arrivée, ça aurait été une preuve d'un in-humanisme horrifiant; elle aurait eu honte d'elle-même. Et puis, il fallait bien l'avouer, Sel' commençait à se prendre d'affection pour cette jeune fille sortit de nul part qui avait de la force dans le regard et du potentiel dans le corps. C'était décisif, elle ne pouvait pas la laisser comme ça. Qui plus est, elle n'avait pas l'air méchante et même plutôt avide d'apprendre de nouvelles choses. Dépasser ses limites, en créer de nouvelles, voilà ce que devrait faire Automnal dans les semaines et même les mois qui allaient venir. Se battre contre eux-mêmes, le pire combat d'un chevalier. Ils devaient apprendre à connaître leurs faiblesses, leurs points forts pour être plus forts lors des combats. Devenir de plus en plus fort, voilà leur but. Sel' savait qu'elle avait encore beaucoup à apprendre et, aider Automnal à se dépasser ne pouvait que l'aider à devenir elle-même beaucoup plus forte. Une aide commune en quelque sorte. Ça leur serait bénéfique à toutes les deux.
  
  Automnal accepterait-elle?
  
  Bonne question, d'après Selana qui n'en était pas sûre du tout. Si Auty avait l'air avide d'apprendre ça ne voulait pas dire avec elle. Après tout elles ne se connaissaient que depuis quelques minutes et, même si pour le moment elles n'étaient pas en train de s'insulter, ça ne voulait pas dire que ça n'arriverai jamais. Sel' espèrait bien sur qu'un tel évènement ne se produirait pas mais personne ne pouvait en être en sûr. C'était bien dommage d'ailleurs, elle aurait aimé en être sûre et pouvoir demander à Auty si elle voulait qu'elle lui enseigne quelques petites choses en sachant que les deux filles allaient continuées à bien s'entendre. Évidement, ça gâcherait un peu de la magie de l'amitié et de leur relation mais c'était le prix à payer et Sel' n'avais pas envie de peser le pour et le contre.
  
  - C'est vrai ? Pourras-tu me le présenter ?
  
  Selana ferma les yeux une demi seconde avant de focaliser sur regard sur la jeune fille. Non, elle n'allait pas le lui présenter. Elle aurait aimé, vraiment beaucoup mais c'était impossible. Il n'était plus de ce monde. Elle ne le verrait plus jamais sourire, lui dire de changer de jambe, de plier plus son bras droit et moins le gauche, de lui dire qu'elle était sa meilleure élève, leurs discussions, tout lui manquait affreusement. Il lui manquait. C'était une douleur qu'elle essayait de refouler, d'ailleurs elle y arrivait assez bien mais elle ne pouvait pas faire comme si de rien n'était. Comme si elle s'en foutait. Sel' était par nature assez solitaire et on lui avait enlever celui à qui elle parlait le plus, celui qu'elle appréciait le plus aussi.
  
  -Non.
  
  Selana se mordit la langue, Automnal ne pouvait pas savoir, elle n'avait pas le droit d'être si sèche avec elle comme ça sans aucune raison. Il fallait qu'elle se calme pourtant Auty avait éveillé de douloureux souvenirs en elle. Une larme, une unique larme, coula sur sa joue, chose qui n'arrivait pas souvent. Sel' la laissa couler, elle ne chercha pas en l'empêcher mais elle ferma les yeux, un petit bout de temps avant de prendre la parole sans les rouvrir.
  
  -Désolée. Il est mort il n'y a pas longtemps.
  
  Sel' se tut. Sachant qu'elle aurait du mal à en parler. Au château tout le monde était au courant alors on avait pas besoin d'expliquer aux autres ce qui c'était passé alors qu'avec la nouvelle elle devait tout lui expliquer. Sa mort, etc. Tout.

• A ma grande surprise, ma question provoqua plus de latristesse cheaz mon interlocutrice qu’une autre réaction. Elle ferma un instant les yeux, puis les rouvrit et les planta dans les miens ; je lisais facilement dans ses iris de la déception et de la nostalgie. Pour quelle raison ? Quel malheur pouvait donc être lié à ce chevalier qu’elle semblait apprécier à ce point ? Je fronçais discrètement les sourcils, curieuse. Selana ne tarda pas à répondre.
  
  - Non.
  
  J’écarquillais les yeux. La chevalier m’avait parlée si.. sèchement, je ne comprenais pas. Selana, qui était resté d’un impassible admirable jusque-là, semblait étrangement changée. Qu’avais-je donc dit pour provoquer sa colère ? Je ne savais comment réagir. N’ayant aucune diée de ce qui avait pu se passer, je me contentais de me tortiller les doigts, indécise, refusant de m’emporter pour si peu. Je ne pouvais me permettre de juger mon interlocutrice sur ce simple fait.
  
  Je contemplais l’unique larme qui roula, doucement, sur sa joue droite. Selana ne tenta pas un instant de cacher cette larme, elle ne l’empêcha pas de couler. Devant elle, je me sentais gênée. J’étais la responsable de sa tristesse et le savais parfaitement ; je culpabilisais. Je détestais voir les gens pleurer.
  
  - Je… je suis désolée.
  
  Si j’étais réellement sincère, je ne savais pas réellement de quoi j’étais désolée. Oui, bien sûr, de lui avoir rappeler de couloureux souvenirs ; mais quels étaient donc ces souvenirs ? Je m’abstins de poser la question ; j’avais causé assez de ravages, inutile de remuer le couteau dans la plaie.
  
  -Désolée. Il est mort il n'y a pas longtemps.
  
  Je me raidis. La mort avait toujours suscité chez moi un rejet puissant, qui s’était nottament intensifié depuis la mort de mon père. Etrnage, pour un Chevalier, que de détester la mort ? Sans doute. Mais je craignais simplement la mort gratuite. Je craignais la mort des gens qui se battaientpour le bien, je craignais la mort qui était apporté à certaines personnes qui n’avaient absolument aucune raison de la recevoir.
  
  C’était cette mort qui, pendant longtemps, avait été comme une longue maladie contaminant mes nuits. Je me réveillait en sursaut, enfant, en hurlant que la mort me faisait peur. Mon frère venait alors me rassurer. Mais cette mort qui me faisait peur n’existait que dans ma tête jusqu’à si peu de temps… Le décès de mon père m’avait emplie d’un désir de vengeance.
  
  A présent, je réalisais la mort d’une autre personne. Je ne la connaissais pas ; mais c’était un Chevalier qui semblait défendre de grandes valeurs. J’étais curieuse de savoir ce qui l’avait emporté. Je me mordis la langue pour retenir cette question, qui n’aurait pour effet que de rendre Selana encore plus triste.
  
  - Je suis désolée… Pour ma part, j’ai perdu mon père, il y a quatre ans. Ce chevalier n’était-il pas quelque part, pour vous, l’équivalent d’un père ?
  
  Le souvenir de mon père me hantait chaque jour, chaque instant. J’avais mis longtemps à m’en remettre. Puis je m’étais fait à cette idée. Je savais qu’il avait été heureux de mourir sur le champs de bataille ; il ne pouvait rêver meilleure mort. Mais pourquoi celle-ci n’était-elle pas survenue plus tard ? J’avais quatorze ans à cette époque, et j’avais besoin de lui. Je lui avait dit au revoir, pas « Adieu ». Et pour moi, il était toujours là, quelque part, à mes côtés. Ce « Adieu », je devrais le prononcer, tourner la page ; après tout ce passage de ma vie n’était qu’une simple ligne à l’échelle de mon histoire. Et pourtant, cette ligne, je ne parvenais à l’achever pour passer à la suite.
  Je retins une larme ; j’estimais que ce sujet m’en avais déjà fait versé bien trop.

• Sel n'était pas le genre de personne à se laisser vite abattre et à ressasser pendant dix ans la même chose. Elle souffrait comme les autres, autant qu'eux sauf qu'elle ne laissait pas le chagrin la dirigeait. Quoi qu'il arrive, quoi qu'il en soit elle arrivait à garder les commandes. C'était une de ses qualité mais aussi un défaut. Quand on ne la connaissait pas on pouvait la prendre pour une personne sans cœur qui n'en a rien à faire des autres. Ce n'est pas du tout le cas seulement Selana ne montrait pas ses sentiments. Alors, certes, elle était un peu moins émotive que d'autre mais plus que certains. Mais, on ne pouvait pas dire qu'elle était sans cœur. La preuve était là, elle avait parlé sèchement à la nouvelle recrue, signe qu'elle souffrait encore de la disparition de celui qui lui avait tout appris. La souffrance était d'ailleurs telle qu'elle lui faisait perdre ses moyens, en temps normalement elle n'aurait jamais, même si elle souffrait, fait pâtir une autre personne de sa souffrance. Elle se débrouillait pour que ça soit elle qui prenne tout et pas les autres. Elle avait une vision très particulière de la justice et, du à ce fait, cela en faisait parti. C'était injuste pour Sel' de déverser sur les autres ce qu'elle ressentait. Ce n'était pas de la faute à Automnal si il était mort, comme ce n'était pas de la sienne d'ailleurs. Mais ça c'était autre chose et elle en état moins sûre. Elle n'avait rien à se reprocher, elle le savait très bien pourtant elle se reprochait une multitude de choses qui n'avaient même rien à voir avec le décès de son mentor. Ce n'était pas comme si elle lui avait enfoncé une épée dans le ventre ou qu'elle avait glissé du poison dans son verre mais elle pensait qu'elle aurait du être plus présentes les jours avant sa mort. C'était tout bête mais c'était tout de même ça et ça trottait dans la tête de Selana.
  
  Du point de vue de Selana, Automnal était une jeune fille adorable, bourrée de qualités qui avait juste posé la mauvaise question au mauvais moment. Ce n'était pas du tout de sa faute, bien au contraire. De toute façon, elle aurait finit par lui en parler ou alors Auty lui aurait posé la question à un autre moment. Alors que bon, maintenant c'était fait. Comme on dit, ce qui est fait n'est plus à faire, elle n'aurait donc plus la lourde tâche de le lui dire par le futur. C'était fait. Elle aurait aussi pu ne jamais rien lui dire mais ça aurait été comme une preuve d'un manque de confiance envers Automnal. Par respect pour la jeune fille, il avait mieux fallut qu'elle le lui apprenne. Une dernière chose de positive : c'était elle qui le lui avait annoncé. Tous les chevaliers connaissaient le lien qui unissait le chevalier et Selana. Tous sans exception. Automnal aurait bien fini par être au courant alors autant que cela soit elle qui le lui apprenne. Ça passait toujours mieux.
  
  -Je..je suis désolée.
  
  Sel' se serait bien frappée pour un peu. La voilà qui s'excusait! Elle n'avait rien à se reprocher! Pas comme d'autres, pensa Selana. C'était, certes, la formule de politesse par excellence mais pas de quoi l'utilisait maintenant. On disait à une personne qu'on était désolé quand elle venait de nous annoncer la mort de quelqu'un, pas avant. Automnal, elle s'excusait. Elle avait du le sentir dans la réaction de Sel' qui, du coup, s'en voulait d'être aussi lisible. Comme si elle n'avait aucune défense, encore quelque chose qu'elle détestait. Être vulnérable, ne pas être à l'abri des coups. Surtout que, si c'était le cas, elle ne serait pas assez forte pour apprendre quelque chose à Automnal ou pour la défendre que cela soit dans le château ou en dehors. Elle n'aimait pas être faible. Pas du tout, il fallait donc, pour elle et pour les autres chevaliers, qu'elle se reprenne. Facile à dire, plus difficile à faire. D'ailleurs, dans la vie, qu'est-ce qui n'était pas plus facile à dire qu'à faire? Sel' se le demandait bien et ce, depuis un certain temps; malheureusement elle n'avait toujours pas eu la chance de trouver une réponse à sa question. Du coup elle se creusait toujours la tête là dessus.
  
  -Je suis désolée... Pour ma part, j'ai perdu mon père il y a quatre ans. Ce chevalier n'était-il par quelque part, pour vous, l'équivalent d'un père?
  
  Selana était désolée pour Automnal. La perte d'un membre de sa famille était toujours très dure. Surtout si on était proche de celui-ci. Sel' savait que si son père venait à mourir elle en ressortirai différente et très triste. C'était tout de même grâce à lui qu'elle était entrée dans les chevaliers. Si sa mère mourrait, par contre, l'effet ne serait pas de même. Elle serait triste, parce que c'était la femme qui l'avait bercé pendant son enfance, la femme qui l'avait mise au monde. Mais c'était aussi la femme qui disait à sa petite sœur qu'elle était folle, qu'elle était bête, qu'elle n'était qu'une grosse brute sans attraits et ça Sel' savait qu'elle ne pourrait jamais le lui pardonner. Alors, non, ce chevalier, aussi bon avait-il été pour Selana n'était pas et ne serait jamais de près ou de loin son père. C'était une sorte de mentor avec qui elle entretenait plus des liens d'amitié qu'autre chose et encore moins les liens familiaux. Sel' ne les aimait pas, ses liens familiaux qui lui avaient pourris la vie. Parce que, quoi qu'il arrive on ne pouvait pas s'en défaire, jamais. On choisissait ses amis, pas sa famille. Selana l'avait appris à ses dépends et elle ne l'oublierai jamais.
  
  -La mort est toujours un dur, déclara Sel avec une pointe de tristesse dans les yeux. Elle voyait bien que, même si son père était mort il y avait déjà quatre ans et que sa jeune interlocutrice s'en était visiblement remis parler de ce sujet n'était pas une partie de plaisir. Je ne l'ai jamais vu comme un père, je n'aurais pas aimé d'ailleurs. Je ne suis pas très famille, expliqua alors Selana après un petit silence.
  
  Elles avaient toutes deux perdues quelqu'un à qui elle tenait, même si Sel' n'avait pas perdu que son mentor. Cela les rapprochaient-elles ou non? Selana n'en savait rien, ça leur faisait juste un point commun. Un de plus.

• Je mis moins longtemps que coutume à ravaler les alrmes qui menaçaient de couler le long de mes joues. Mon père était mort. Et après ? Quelques gouttes salées versées suffiraient elles à leur ramerner à la vie ? Certainement que non. Les larmes ne sont que l’expression de la tristesse ; elles ne la rendent pas plus supportable. Pleurer soulage au début, la souffrance à long terme ne se soigne que par un temps bien plus long.
  
  Et quelque part… Peut-être aurais-je du pleurer un peu plus, et laisser tomber ma rage avec mes larmes. Plus encore que la tristesse, une grande volonté de vengeance s’était installée en moi. Elle me dévorrait, agitait mes nuits, empoisonnait mes journées. Je ne rêvais plus que d’une chose : être envoyée sur le champs de bataille et ravager cette armée ennemie qui avait arraché la vie à mon père. J’en rêvais autant que j’en avais peur. En proie à cette vengeance, rien ne me garrantissait de rester totalement moi, de garder le contrôle. Et si je devenais, le temps d’une bataille, une machine à tuer ? Une créature de destruction sans peur, remords ni états d’âmes ? Quelque part, cela me faisait peur. Peur de moi.
  
  Je secouais la tête et tentais d’écarter mes sentiments afin de poursuivre la conversation avec Selana. Suite à mes excuses, la chevaleir sembla en colère. Contre elle-même. Peut-être avait-elle eu l’impression d’acvoir été un peu dure avec moi… Mais je pouvais la comprendre. Je m’étais excusée ; de quoi ? Bien sûr, pas de la mort de son mentor. Je n’y pouvais rien. Je ne le connaissais pas, je ne l’avais jamais vu, et si sa mort ne me réjouissais pas, elle ne pouvait produire en moi qu’un sentiment de compatissement envers Selana. Je m’excusais surtout d’avoir fait renaître ce sentiment de tristesse dans le cœur de la jeune femme.
  
  - La mort est toujours dure, commença-t-elle.
  
  J’aquiesçai. Moi, elle me faisais peur, me terrifais. Seul mon frère savait à quel point ; c’est en parti pour cela qu’il avait tout de même hésité à m’enseigner le rôle des Chevaliers. Un chevalier est serviable est juste. Mais il va aussi combattre, auquels cas il faut savoir donner la mort. Il craignait que ce n’était pas mon cas ; encore aujourd’hui, j’angoisse à l’idée de ma première véritable bataille, qui n’avait pas encore eu l’occasion de se présenter. Supporterais-je l’idée d’avoir mis fin à la vie de quelqu’un ? Je n’en savais rien.
  
  - Je ne l'ai jamais vu comme un père, je n'aurais pas aimé d'ailleurs. Je ne suis pas très famille, continua la Chevalier.
  
  J’haussais un sourcil, surprise. Pour moi, la famille était de ce qui comptait le plus au monde.
  
  Mon défunt père était un être que je n’oublierai jamais, par delà la mort. Il m’avait enseigné l’honneur et le courage, m’avait transmis son amour du maniement de l’épée et ce sans se départager de son affection paternelle.
  
  Quant à mon frère, j’ai grandis à ses côtés. Il m’a toujours aidé, a remplacé mon père lorsque celui-ci était à la guerre. J’ai appris grâce à lui ce que représentait le partage, la générosité et l’amour fraternel ; à me défendre, à me battre. Les trois quarts de l’être que je suis à rpésent à été forgé par lui. Et c’est probablement à cause de cela qu’à présent, je ne me sens pas totalement entière lorsqu’il est absent.
  
  Malheureusement, je ne pourrais tout de même pas en dire autant de ma mère… Certes, elle n’a jamais manqué à son devoir de mère. Elle a toujours veillé à ce que je ne manque de rien, à ce que je sois heureuse. Mais elle ne m’a jamais fait preuve de véritables signes d’affection envers moi : pour elle ne comptait que le travail. Bien sur, elle m’aimait beaucoup, à sa façon. Mais je ne pouvais m’empêcher de me sentir extrêmement distante d’elle.
  
  - Vraiment ? répondis-je, étonnée. Pour moi, la famille, c’est… important. Beaucoup.
  
  Je m’interrompis, en m’injuriant mentalement. Peut-être avais-je commis une nouvelle bêtise ? Peut-être Selana n’avait-elle pas eu la chance, comme moi, de vivre dans une famille heureuse. Et si, de même qu’à propos de son mentor, je réveillais un sujet douloureux ? Je mourrais d’envie de me baffer. Une gaffe, ça passe ; deux, ça commence à faire limite. Je me retins cependant de tout commentaire et observais mon interlocutrice, quelques peu angoissée quant à sa réponse.
  

• Selana la Vrez n'était pas le genre de personne qui aurait tout donné à sa famille. Elle ne donnait jamais tout à quelqu'un de toute façon, elle préfèrerait garder quelques petites choses pour elle toute seule. Chevalier dans l'âme sa meilleure amie était son arme, sans elle Sel' se sentait nue, tout bonnement, nue. Son arme et elle ne formait qu'un, Sel' ne passait pas une minute sans rien sur elle qui puisse lui permette de se protéger, on n'était jamais trop prudent de toute façon surtout lorsqu'on appartenait à ce qui était communément appelé le beau sexe. Selana n'était pas une féministe elle était juste persuadée que les femmes valaient autant que les hommes c'est d'ailleurs pourquoi elle était devenue chevalier. Elle n'aurait jamais pu se battre aux côtés de fiers guerriers si elle se disait qu'elle était moins bien qu'eux. C'était tout bonnement impossible. C'est pourquoi elle croyait dur comme fer à ses capacités et qu'elle pouvait être meilleure que tous les hommes à force de travaille et d'acharnement. Par contre, Sel' n'était pas contre le fait que le père, dans une famille soit plus ou moins le chef. Mais si, et seulement si, il écoutait avec attention l'avis de sa femme avant de prendre une décision. Chez elle cela c'était toujours passé comme ça à part lorsque sa mère s'était opposée à l'entrée de sa fille dans les chevaliers. Heureusement pour Sel', il ne l'avait pas écouté et elle était maintenant heureuse au château, dans l'aile des chevaliers.
  
  Son père, il lui avait toujours parut gentil sans qu'ils soient trop proches. Selana aimait passé du temps avec lui étant petite, elle avait tendance à croire que c'était réciproque seulement ce n'était pas l'homme à qui elle aurait confié ses secrets, pas l'homme à qui elle aurait confié ses enfants -si elle en avait. C'était juste son père, celui qui l'avait éduqué, un homme à qui elle devait le respecter pour moult raisons. Et elle le respectait, plus qu'elle ne respectait le roi en personne mais, plus elle grandissait plus elle s'éloignait de cet homme qui lui avait appris les premiers secrets des armes. Et puis, il avait épousé sa mère, cette femme qui semblait aux premiers abords si gentille, cette femme qui vouait une haine sans fin à sa fille, qui allait même jusqu'à la faire détester par sa propre soeur. Sel' lui en vouait, sans vraiment lui en vouloir. Elle faisait des choses horribles, elle détruisait l'affection fraternelle que devait se porter les deux filles mais au fond, ce n'était pas de sa faute, elle n'était juste pas assez courageuse, pas assez forte. Sel' aurait presque même dit qu'elle était jalouse, jalouse d'elle. C'était ridicule pourtant, elle le savait. Pourquoi sa mère serait jalouse d'elle? Mais quand on y regardait de plus près.. Quelle femme n'avait pas rêvé d'être aussi forte que les hommes, se savoir leur tenir tête, de manier les armes aussi bien qu'eux? De se faire une réputation? Tout le monde en rêvait, toutes les femmes.
  
  Et, dans tout ce monde, il y avait Auty. La nouvelle chevalier qui avait perdu son père et qui, visiblement tenait beaucoup à sa famille, tout le contraire de Selana en somme. Pourtant, elle l'aimait bien, elle aimait bien cette jeune fille qui avait la foi en son destin. Selana était déjà plus proche d'elle qu'elle ne l'avait jamais été avec sa petite sœur. C'était dire. Mais elle était là, elle se battait bien, talentueuse, prometteuse, attachante.
  
  -Vraiment? Pour moi la famille c'est...important. Beaucoup.
  
  Sel' hocha la tête pour confirmer qu'elle n'était véritablement que peu attachée à sa famille. Elle comprenait d'ailleurs l'attachement d'Automnal Key pour sa famille mais elle ne l'avait jamais ressentit. Ça ne lui manquait pas, quelque chose que l'on n'a jamais eu ne peut pas nous manquer, et elle n'était pas jalouse qu'elle ait quelque chose qu'elle-même n'est pas. C'était la vie, la vie était toujours comme ça, certains avaient des choses, d'autres non. D'accord, Selana ne pouvait pas dire qu'elle n'avait jamais rêvé d'une famille unie, forte et aimante mais elle n'était pas du genre à se lamenter sur son sort. Elle vivait en remerciant chaque jour la vie de lui offrir la chance d'exercer la profession qu'elle voulait et d'avoir rencontré au long de sa vie des personnes formidables. Comme Automnal. Selana était ravie de l'avoir rencontrée, elle était charmante et les deux filles allaient surement bien s'entendre par la suite alors elle n'allait pas s'en plaindre. Elle n'avait peut-être pas une famille parfaite mais des amis parfaits.
  
  -C'est bien, commença Sel avec un sourire. Enfin, je veux dire, que ta famille soit importante à tes yeux. C'est quelque chose qui n'est pas donnée à tout le monde mais qui a ses qualités, comme ses défauts d'ailleurs mais enfin. Sel' marqua une pause, sourit à Automnal avait de reprendre. Je vais rentrer au château, j'ai quelques petites choses à faire, tu m'accompagnes?

• En parlant ainsi avec Selana de ma famille, je prenais seulement conscience à du point auquel me manquait mon frère. Je trompais son absence en m'occupant de diverses façons ; m'entraîner, m'occuper de la boutique avec ma mère, monter à cheval... Si quelque part, la cérémonie d'accession au rang de chevalier m'avait permise de penser à autre chose, j'étais toute aussi déçue que Nolan ai été absent lors de ce jour tellement important pour moi. Si j'en été arrivée là, c'était seulement grâce à lui et la patience dont il avait fait preuve avec moi. A présent qu'il était sur le champs de bataille, à combattre pendant que, chevalier débutante, je devais restée cloîtrée au château, j'étais quelques peu démunie.
  
  La dernière chose que m'avait fait mon frère, la veille de son départ, c’était me couper les cheveux. Déjà longs à présent, ils l'étaient encore plus auparavant ; les jugeant de plus en plus encombrants, je lui avait demandé de les raccourcir un peu. Sensible à ce souvenir, j'empoignais de ma main gauche une mèche de cheveux et la triturait de mes doigts fins. J'avais hâte de revoir Nolan. De plus, son retour apaiserait quelque peu la tension qui régnait entre ma mère et moi ces derniers temps. Celle-ci ne parvenait pas à se faire à l'idée qu'à mon tour, j'étais devenue chevalier. Alors qu'elle s'y attendant pour mon frère, la nouvelle décision d'Arthur d'accepter les femmes des chevaliers l'avait prise par surprise et lui avait asséné un véritable coup de massue. La présence de mon frère lui rappelait énormément celle de mon père, aussi était-elle extrêmement plus calme et réfléchie en son compagnie ; c'est ce dont j'aurais eu besoin en ce moment.
  
  -C'est bien, commença Sel avec un sourire. Enfin, je veux dire, que ta famille soit importante à tes yeux. C'est quelque chose qui n'est pas donnée à tout le monde mais qui a ses qualités, comme ses défauts d'ailleurs mais enfin.
  
  J’acquiesçais. Malgré quelque problèmes familiaux inévitables, j'avais globalement eu beaucoup de chance d'être tombée dans une famille comme la mienne, ce qui était loin d'être le cas de tout le monde. Je ne connaissais presque rien du passé de Selana. J'en avais seulement saisit quelques bribes au cours de la conversation, et celui-ci ne semblait pas spécialement plaisant au niveau familial... Je savais que vivre sans famille aimante était possible, mais peinait à l'imaginer. J'avais sur ce point là aussi beaucoup de respect pour Sel' ; j'étais devenue chevalier grâce à mon frère, mais elle, qui l'avait aidée, avant l'arrivée de son mentor ? Pour ma part, j'étais loin d'être indépendante. J'avais besoin de contact avec les gens pour avancer, de quelque chose de concret pour m'entraîner, d'un soutien morale pour progresser.
  
  -Je vais rentrer au château, j'ai quelques petites choses à faire, tu m'accompagnes?
  
  J'hésitais un instant. La compagnie de Selana m'était très plaisante ; en quelques minutes, j'avais appris à ses côtés beaucoup de choses. Je l'appréciais déjà énormément et lui reconnaissait dorénavant bon nombre de qualités pour lesquelles je l'admirais. Serais-je un jour comme elle ? Du moins en rêvais-je.
  D'un autre côté, la pluie s'était calmée, et je souhaitais reprendre mon entraînement en prenant compte des conseils de la chevalier. Je tournais cependant la tête et acquiesçais, contente de passer un peu plus de temps avec Sel' ; au pire, je n'aurais qu'à revenir après, non ?
  
  
  [Hors RP : Mais non, il est très bien, ce Rp =D Et déjà plus longs que le mien xD On peut clore le Rp, non ? =D]

Le temps passe toujours plus vite quand on est bien entouré. C'est d'ailleurs pourquoi l'été passait plus vite que l'hiver. En temps général, et ce même pour les chevaliers les plus robustes, on passait plus de temps enfermé dans sa chambre que dehors avec les autres à s'entrainer. Du coup, la solitude prenait une place très importante dans notre routine et les mois avaient l'air beaucoup plus long. Tout du moins c'était ce que pensait Sel'. Évidement le temps et la température ambiante y étaient aussi pour quelque chose mais, du point de vue de la jeune femme, cela avait tout de même moins de répercutions. Pourquoi? Elle n'en savait rien et elle n'était pas sûre qu'il y ait vraiment une explication. Tout ne pouvait malheureusement pas s'expliquer, il y avait des choses comme ça qui étaient -justement- comme ça pour rien. Pourquoi aimait-on? Pourquoi haïssait on? Parce que c'était comme ça un point c'est tout. C'était comme demandé pourquoi un homme avait deux yeux et pas trois. Qui était capable de répondre à cette question? Une chose était sûre, Selana n'en était pas capable. Après tout, elle n'était pas spécialiste du corps humain ou autre ni magicienne se prétendant de tout pouvoir expliquer grâce à la magie. Pas qu'elle ne croit pas à la magie mais elle s'en méfiait, beaucoup d'ailleurs. Peut-être un peu trop mais la magie, comme les armes pouvait être au service du bien comme du mal. Être un Chevalier ne faisait pas de vous quelqu'un de bien et être un magicien non plus. Et même, être dans le camp d'Arthur ne faisait de personne quelqu'un de digne, de bon, de gentil, d'agréable avec de bons principes. Il y avait des personnes casse-pieds partout, c'était comme ça.

Le regard de Sel' pivota alors, presque instinctivement vers Automnal. Pouvait-elle dire que c'était quelqu'un de bien? Elle aurait aimé, vraiment, mais elle ne la connaissait que depuis quelques minutes à peine, elle n'en savait pas assez pour la juger. Sa première impression était bonne, très bonne même et sur le coup elle aurait prêté toutes les bonnes intentions du monde à la nouvelle recrue mais après quelques instants de réflexion elle se reprenait. Sel' se reprenait toujours. Elle avait cette droiture, cette force d'âme qui la différenciait des autres chevaliers. Elle n'était pas mieux qu'eux loin de là, simplement elle avait ses qualités à elle et les autres leurs défauts à eux. C'était tout. Comme tout le monde, comme chacun soi même.

Le camp d'entrainement était un endroit que Sel' aimait bien. Tout d'abord parce qu'il lui était -au bout de ses années passées au château- familier et ensuite parce qu'il représentait cet art sacré qu'était le maniement des armes. Que vouloir de plus? Une famille m'aurait répondu, envers et contre tout, Auty. Cette jeune fille tenait véritablement à ses géniteurs ainsi qu'à sa fratrie si tant est qu'elle en avait une. Personne ne lui manquait aussi. Sa mère, il y avait longtemps qu'elle l'avait perdue. Sa famille elle était ici, parmi les chevaliers. Ils ne remplaçaient pas ses parents, ils ne les remplaceraient jamais mais c'était déjà ça. Pour Sel', leur présence était devenue familière à la jeune femme, elle les connaissait bien, très bien même. D'un autre côté autre côté le terme famille ne leur convenait pas très bien comme Sel' n'était pas du tout famille. C'était un autre type, un autre genre de famille. Des gens avec qui elle s'entendait très bien, plus que des amis. Pourtant ils n'avaient pas ses obligations familiales, et puis, la grande différence c'est qu'elle les avait choisis.

Voyant qu'Auty était d'accord pour l'accompagner au château Sel' sortit de la salle d'entrainement sachant qu'elle y retournerait quelque soit le temps le lendemain. Elle y serait encore bien restée quelque temps mais elle avait promis à une de ses amies de l'aider à transporter des livres parce qu'elle venait de changer de chambre. Il fallait donc qu'elle y aille, qu'elle le veuille ou non. En arrivant aux portes du château, Sel' prit conger d'Automnal en lui souhaitant une bonne fin de journée avant de partir rejoindre son amie en se disant qu'elle avait fait une belle rencontre aujourd'hui.

Fin.

[Désolée pour le retard, pour le tout petit Rp et pour le fait qu'il soit tout décousu... ><]