Ennemis dès le début [Selana]

Enfin il remettait les pieds au sein du château d’Arthur Pendragon. Cela faisait des années que Gabriel n’était pas revenu ici, et beaucoup de choses semblaient avoir changées en son absence. Les gens paraissaient plus heureux et moins pauvres que lorsque c’était Uther qui était sur le trône. Finalement les rumeurs qui couraient étaient bien vraies, son fils était un roi meilleur que son père, mais il ne régnerait plus pour très longtemps. C’était en fin d’après midi que le magicien décida de parcourir les terres d’Arthur, à cette heure-ci il y avait moins de monde que lorsque le soleil était à son zénith. Gabriel avançait entre les quelques habitants encore dehors, heureusement personne ne le reconnaissait, mais il faut avouer qu’il avait beaucoup changé en quatorze ans, que ce soit physiquement ou psychologiquement. Soudain Gabriel s’arrêta devant une habitation, c’était ici qu’il habitait lorsqu’il était enfant, et vu de l’extérieur, l’état de son ancien logement n’avait pas l’air d’avoir changé. Le magicien fit un pas en avant, tenté de rentrer à l’intérieur, de voir si tout était resté intacte, puis après quelques longues secondes d’attente, il se résigna finalement. A quoi bon ressasser le passé lorsqu’on a décidé de l’oublier. Gabriel s’en alla donc, sans se retourner ni même jeter un dernier regard sur l’extérieur de son ancienne demeure.

Comme toujours, il était vêtu entièrement de noir. Son charme attirait le regard de certaine femme et son air de mauvais garçon effrayait ou pétrifiait les enfants. Gabriel mit alors sa capuche sur sa tête, il allait entrer dans les couloirs du château et ne souhaitait pas que son visage attire l’attention d’un des gardes, voilà pourquoi il préférait se cacher, autant prendre des précautions. Précautions pas assez suffisantes hélas. Le magicien avait remarqué qu’un chevalier le suivait, mais pas assez discrètement pour que Gabriel ne le remarque pas, dommage pour lui. Un sourire démoniaque vint orner ses lèvres. Quoi de mieux que d’avoir un preux chevalier pour première victime à l’intérieur du château d’Arthur. Franchement, il ne pouvait pas rêver mieux, à part peut-être tuer Arthur lui-même, mais ça, il le ferait une prochaine fois. Gabriel continuait de marcher normalement, réfléchissant par quel moyen est-ce qu’il allait bien pouvoir assassiner cet homme. Un coup d’épée dans le cœur ? Non trop rapide. Étouffement ? Non plus, il pourrait se débattre et attirer l’attention d’autres personnes. Bon alors le kidnapper pour pouvoir profiter le plus longtemps possible de sa douleur ? Non, il n’était pas venu pour ça. Tandis que Gabriel quittait les couloirs et continuait de marcher tout aussi détendu que tout à l’heure et tout en pensant au moyen le plus judicieux pour tuer sa proie, il se rendit alors compte qu’il se trouvait devant un puit. Quel était donc l’architecte assez stupide pour avoir décidé de construire un puit, mettre de l’herbe et des bancs à cet endroit ? Autrefois, ce lieu dissimulait une salle de torture, mais apparemment quelqu’un avait décide de tout détruire afin de construire... "ça". Gabriel soupira, se disant qu’Arthur n’avait finalement pas si bon goût pour avoir laissé se produire une telle horreur, et en plus, il y avait des fleurs partout. Quel roi paierait pour obtenir ce genre de résultat ? Ce ne serait surement pas Geoffroy en tous cas.

Tellement surpris par une telle abomination, Gabriel avait presque oublié le chevalier qui était à présent posté derrière lui et qui tendait une main en sa direction pour lui retirer sa capuche. C’est alors que la main du magicien vint repousser celle du chevalier en un claquement. Gabriel se retourna alors vers lui, il voulait voir qui était l’idiot qui ne le respectait pas. Il avait à peu près son âge, mais semblait avoir obtenu son poste de chevalier récemment, cela allait sans doute être plus simple d’en finir avec lui qu’il ne l’aurait pensé. En un mouvement rapide, Gabriel lui fit une entaille au bras à l’aide d’une dague qu’il avait toujours sur lui. Le chevalier recula et s’apprêta à dégainer son épée mais s’arrêta net lorsque Gabriel retira la partie de ses vêtements qui servait à couvrir sa tête et qu’il croisa son regard. Ce chevalier, autrefois Gabriel le connaissait, c’était son ami, voir même son meilleur ami, son nom était Adrien et il connaissait la tragique histoire de son passé.

- Alors finalement tu m'as reconnu... Dommage que tu doives me quitter juste après nos retrouvailles.

- Gabriel ? Mais enfin qu’est-ce que tu raconte ? Et puis que fais-tu là, tu ne devrais pas être à Camelot !

Allait-il vraiment tuer son ancien meilleur ami ? Oui, il comptait bien le faire. Gabriel avait tiré un trait sur son ancienne vie, et la seule personne qu’il souhaitait récupérer était sa sœur. Il avait changé, ses amis avaient changés et cela en était de même pour ses sentiments. Le magicien ne pouvait pas permettre qu’un chevalier qui l’ait reconnu reste en vie, cela compromettrait tout ses plans. Gabriel fit couler dans sa gorge les quelques gouttes de sang restaient sur sa dague, ce qui provoqua une certaine répulsion ou plutôt de l’écœurement à l’homme en face de lui. Les yeux vert de Gabriel se ternirent alors peu à peu jusqu’à devenir noir ébène.

- Si tu ne m’avais pas suivi, tu aurais sans doute pu devenir un excellent chevalier.

Le magicien murmura une incantation et les effets furent immédiats. Adrien sentit d’abord une affreuse douleur dans la poitrine, et tomba, un genou à terre. Il ne comprenait pas ce qu’il lui arrivait mais savait quelle était personne qui lui provoquait ça. Gabriel continua de réciter sa formule et le chevalier se tortilla de douleur, sa respiration était saccadée et il se mit à cracher du sang, qui vint mettre un peu de belle couleur parmi toutes ces herbes et ces fleurs. Adrien lui lança un regard assassin mais était incapable de se défendre, la douleur qu’il lui infligeait était trop atroce.

- Si tu souffres c’est normal, c’est dû à la pression que j’ai sur ton cœur. Tu auras du mal à respirer, ressentiras des douleurs dans chacun de tes membres, comme si l’on s’amusait à te planter chaque parcelle de ton corps, mais tu ne pourras rien faire et ton cœur explosera.

- C-Comment... Comment peux-tu faire ça ? On était ami !

- Je le fais, c’est tout.

Gabriel se remit à parler dans le langage des magiciens, et il observait Adrien se rouler par terre, essayant de trouver une quelconque solution à son problème, mais conscient qu’il n’y avait en fait aucune issue possible, il fit donc la dernière chose qu’il lui restait à faire.

- Aidez moiii !!!!

Son cœur explosa alors à l’intérieur de son propre corps et du sang s’échappa dans chacun de ses orifices. Ce furent les derniers mots prononcés par Adrien, en fin de compte il n’était pas mort courageusement comme il l’aurait voulu, aucun chevalier digne de lui ne demandait de l’aide. Gabriel resta quelques secondes figé, observant le corps, tandis que ses yeux reprirent leur couleur initiale, puis il s’avança finalement vers le chevalier mort et le souleva afin de le jeter à l’intérieur du puit, il ne devait pas laisser de traces. Paix à son âme. Gabriel entendit soudain des bruits de pas qui se rapprochaient rapidement vers lui. Quelqu’un l’avait-il vu en train d’achever cet homme ? Sans doute que non, en revanche on avait sans doute du entendre l’appel à l’aide d’Adrien. Quel boulet ce chevalier, même mort il fallait qu’il lui attire des problèmes. Gabriel resta cependant impassible et ne chercha pas à s’enfuir, attendant simplement de voir qui serait sa nouvelle victime.

Invité

Assise, le regard dans le vague sur un banc du réfectoire entourée des autres chevaliers qui riaient aux éclats Selana n'était pas d'humeur joyeuse. Tout se passait bien pourtant, il n'y avait pas eu de morts ses derniers jours et un des chevaliers venait de fêter son vingtième anniversaire. Le même âge que Selana. Elle aurait du s'en réjouir, plaisanter avec les autres ou même boire jusqu'au oublier dans quels temps sombres ils se trouvaient tous pourtant elle n'y arrivait pas. Elle avait un mauvais présentement. Ce n'était pas son domaine, prévoir l'avenir et autre chose du même genre, elle laissait cela aux sorcières et aux magiciens de tous genres, pourtant elle avait la réelle impression que quelque chose ne tournait pas rond. Toute cette joie, ce bonheur sonnait faux. Qui dans cette salle, n'avait pas perdu un de ses proches? Personne et, quoi qu'ils puissent dire ou montrer, ils en étaient tous affectés. Ils avaient le droit après tout de ce changer les idées, d'oublier, de faire comme si mais c'était un insulte à la mémoire de ses morts. Tous ses gens qu'ils avaient aimé, chéris et qui aujourd'hui n'étaient plus là. Ils avaient une excuse toute faite évidement, celle qu'on toutes les personnes sortant d'une grande perte; le fameux «il n'aurait pas voulu nous voir triste». Mais Sel' savait qu'elle, elle n'aurait pas voulu que, le lendemain de sa mort ou même quelques jours après ses parents, ses amis se mentent en faisant croire au monde entier que tout allait bien. Tout n'allait pas bien et ce n'était pas une honte de l'avouer.

N'y tenant plus, au bout d'une demi-heure à entendre le rire des autres chevaliers et habitants du château elle s'excusa et elle sortit de réfectoire. Elle ne savait pas vraiment où aller. Sa place était sur le banc, avec ses camarades mais elle ne pouvait se résoudre à y retourner. Elle monta les escaliers d'un pas vif et régulier afin de pouvoir s'allonger sur son lit, elle considérait qu'il n'y avait de meilleur endroit pour réfléchir. Un lit avait un confort non négligeable pour une réflexion comme la sienne et surtout, à cette heure de la journée, il lui permettait aussi d'être au calme. Quelque chose qui n'arrivait que très rarement. Si Selana adorait ce château elle n'en regrettait pas moins les moments de calme qu'elle avait avant, lorsqu'elle vivait chez elle et qui étaient très rares à Caamelot. Toutes les pièces étaient constamment occupées, l'endroit était vivant et même un peu trop pour la jeune femme qui ne disait jamais non à un moment de calme. Mais enfin, c'était l'existence qu'elle avait choisi, elle savait qu'elle ne serait pas parfaite, elle ne s'attendait pas au paradis. Alors, elle ne s'en plaignait pas surtout qu'il y avait plein de bons côtés à vivre dans ce château. Rien que pour l'entente entre les chevaliers par exemple, c'était tout bonnement fantastique, merveilleux. Pour cette raison et pour pleins d'autres, Selana ne regrettait pas son choix.

Fermant les yeux pour laissant le néant l'envahir Sel' se surprit à penser qu'il était possible pour elle de partir de cet endroit. Pour aller où? Chez elle il n'en était pas question sa mère n'apprécierait pas qu'elle traine autour de sa petite sœur. Non, pour aller nul part, là où le vent la porterait, la où ses pieds la mèneraient. Elle suivrait son destin sans savoir où cela la mènerait mais, une chose était sûre, quel qu'il soit, elle m'accepterait parce qu'il aurait été fait pour elle. Seulement voilà, c'était Caamelot que le vent l'avait porté, que ses pieds l'avaient menée. Il était là son destin et nul part ailleurs. Elle pouvait partir, oh oui elle pouvait, mais au fond cela serait juste une perte de temps puisqu'au final c'est ici qu'elle reviendrait, dans ce château. Parce que telle était sa place et telle serait sa place, quoi qu'il advienne, elle savait où elle devait être; elle y resterait.

Selana se releva, ouvrit les yeux, sauta hors du lit sur lequel elle s'était précédemment allongée et, les cheveux en bataille, elle dégringola l'escalier. Prendre l'air, voilà ce que là, maintenant tout de suite, elle avait envie de faire. Arrivée dehors, elle se mit à courir entre les plantes, les haies comme si sa vie en dépendait. Elle voulait courir jusqu'à que le souffle lui manque, jusqu'à qu'elle soit forcée de s'arrêter. Pour quoi? Profiter de l'air frais contre son visage, se délecter de sa propre douleur et, mieux encore, la combattre, la vaincre. Pouvoir se proclamer gagnante contre son corps, avoir cette flamme au fond des yeux qui prouve à tous ceux qui la regarde qu'elle est une battante et que personne, pas même sont corps, ne lui résiste. Et pour finir, pour, après cette dure épreuve, s'allonger, faible, par terre sur le sable, sentir son coeur battre la chamade, ses muscles se relâcher et se dire que la vie est belle et qu'il serait bête de ne pas en profiter. C'était cette conclusion que voulait atteindre Selana. En dépit de tous ses morts, toute cette douleur, ses faux-semblants, ses cris même et bien la vie était belle et qu'il ne fallait, pour rien au monde, la gâcher. Elle ferait tout en œuvre, elle cette simple femme, pour qu'elle le soit pour le plus de monde possible, quelques en soit les conséquences pour elle.

Sel' courait depuis plusieurs minutes lorsqu'elle s'arrêta, elle se stoppa net comme si quelqu'un l'avait arrêté. Et c'était vraiment ça. Plus que quelqu'un, un cri, un appel à l'aide par une voix qui lui était familière.

-Aidez-moi!

Adrien! Elle aurait reconnu sa voix entre mille! C'était un chevalier, elle le connaissait. Pas très bien mais c'était un de ses compagnons d'arme et, visiblement il avait besoin d'aide. Selana arrêta donc sa course et se dirigea vers l'endroit d'où venait la voix du chevalier. Il n'y avait pas beaucoup d'endroits que Sel' n'aimait pas mais le puits en faisait parti. C'est pourquoi, en se rendant compte que c'était de là que provenait la voix d'Adrien Selana frissonna. Elle avait peut-être eu raison d'avoir un mauvais pré-sentiment. Peut-être était-il tombé?

Arrivant devant le puit elle remarqua la présence d'un autre homme mais elle n'y fit pas plus attention que ça. Elle courut vers le bord du puit en criant le nom du chevalier. C'était impossible il n'avait pas pu tomber, c'était trop bête, il n'était pas bête pourtant c'était tout bonnement impossible!

-Il n'a pas pu tomber, non non!, déclara Selana à elle-même en essayant de l'apercevoir au fond du puit. Puis, il y eu un silence. Sel' se retourna vers l'homme en noir. Elle ne l'avait jamais vu au château, pourtant elle connaissait presque tout le monde, qui était-il...Qui êtes-vous?, murmura-t-elle. Qu'avait-vous fait?

Elle ne pouvait pas en être sûre, il n'avait pas une tête de tueur et pourtant..il était le coupable désigné. A attendre tranquille qu'elle arrive, il n'avait pas tiqué. Adrien avait crié quelques secondes auparavant elle n'avait pas pris longtemps à arriver....Anxieuse, Sel' posa la main sur le manche de son épée. Ou tout du moins essaya, elle n'était pas là. Elle l'avait enlevé pour courir, elle était trop lourde.
Dans quel pétrin s'était-elle encore fourrée?

C’était donc une jeune femme qui était venue à sa rencontre, et en plus elle faisait aussi partie des chevaliers d’Arthur. Mh voilà qui l’intéressait deux fois plus. Celle-ci semblait paniquée et tentait par tout les moyens d’apercevoir le corps d’Adrien au fin fond du puit, mais il était bien trop profond pour que l’on puisse y voir quelque chose sans se jeter dedans, enfin quelque chose que l’architecte avait su bien faire. Etant donné sa manière d’être venue au secours d’Adrien, le magicien en déduisit qu’elle devait surement le connaître, quelle tristesse ce devait être de perdre un ami. En la voyant ainsi, Gabriel se souvint que durant un temps, il avait aussi connu la douleur, la tristesse et tout ce qui s’en suivait. Mourir ça craint, mais perdre quelqu’un fait encore plus mal. Mais contrairement à tous ce qui se détruisaient à cause de leur tristesse, lui avait préféré en faire sa force et mettre fin à ses peines. Certains diraient que Gabriel était mort à partir du moment où il avait décidé d’y mettre fin et qu’il ne restait de lui qu’un être pratiquement vidé de tous sentiments... Peut-être ont-ils raison après tout. Gabriel l’observait, sans bouger d’un trait, il commençait à se demander si elle l’avait remarqué, puis elle se retourna enfin vers lui.

- Qui êtes-vous? Qu'avait-vous fait?

La tête de Gabriel se pencha légèrement sur le côté, son regard était plongé dans le sien et il ne chercha même pas à dissimuler son sourire. Tout comme elle, ses cheveux étaient en bataille, mais malgré l’air rebelle que cela procurait à la jeune femme, Gabriel était de loin celui qui paraissait le plus méchant des deux. Soudain celle-ci voulut attraper son épée, arme qui n’était en fait pas dans le fourreau auquel elle aurait dût se trouver. Finalement elle était sans défense. Mais cette fois, Gabriel n’avait pas envie de meurtre, non, il voulait s’amuser avec elle, voilà pourquoi il ne profita pas de la situation pour la tuer, comme l’aurait fait n’importe quel coupable désigné par un chevalier. Aujourd’hui, Gabriel allait mettre en avant ses talents d’acteur. Celui-ci se posta face à elle, il n’y avait que quelques centimètres qui les séparaient. Il avança sa main vers le visage de la jeune femme, et plaça un doigt sur ses fines lèvres.

- Chut, il serait regrettable pour toi que je doive en tuer d’autres sous prétexte que tu aies attiré leur attention comme ton ami l’a fait avec toi. Tu ne voudrais pas causer d’autres pertes n’est-ce pas ? Ne t’en fais pas, ta mort ne sera pas douloureuse

Les yeux de Gabriel prirent à nouveau une teinte sombre et d’un mouvement sec, sa main se referma sur la gorge de cette jeune femme. Elle se débattait mais que pouvait-elle faire sans armes et face à la magie ? Sa respiration commençait à lui manquer puis soudain, il la relâcha et tomba au sol avant de ne rentrer dans une sorte de transe. Puis tout s’arrêta, et il restait à terre, faisant semblant d’être inconscient. C’est alors qu’il se réveilla en sursaut, reprenant rapidement son souffle, comme ci c’était lui qu’on venait d’étrangler. Ses yeux étaient redevenus vert et il faisait semblant de ne pas comprendre ce qu’il venait de se passer. Les mises en scène, Gabriel adorait faire ça, mais ce qu’il préférait sans doute le plus était de voir la réaction des gens autour de lui. Le magicien se redressa alors, et se tourna vivement vers la jeune femme, prenant un air éperdu.

- Qu’est-ce que je fais ici ? Que c’est il passé ?

Du mauvais garçon, il passait au rôle d’un innocent petit enfant à qui on venait de jouer un mauvais tour. Gabriel posa ses deux mains sur celle de la jeune femme, prenant cette fois un regard presque suppliant. Cette scène était tout à fait comparable à celle d’un enfant ayant fait une bêtise et cherchant à s’excuser auprès de sa mère. Il allait maintenant lui faire croire que sa mémoire lui revenait peu à peu.

- Sorcière... Je me souviens d’elle. Elle m’a dit que si je la suivais, j’obtiendrais des réponses à mes questions. Je l’ai donc suivi, et elle a prononcé quelque chose dont je ne comprenais pas le sens. Puis je me suis retrouvé ici... C’est une sorcière, j’en suis sûr !

Son regard se porta alors vers le puit, et il se recula alors, faisant croire à un mouvement de répulsion. Ça faisait bien longtemps que Gabriel n’avait pas joué le rôle de la victime apeurée, mais en fin de compte il ne s’en sortait pas si mal que ça.

- Elle m’a forcé à le tuer, je ne contrôlais plus mon corps... Je me souviens, j’ai poussé un homme dans le puit, et après... C’est à vous que je m’en suis pris.

Gabriel baissa les yeux, faisant cette fois-ci croire qu’il avait honte de lui, et que, bien qu’il ne possédait pas son corps à ce moment là, il n’aurait pas dût s’en prendre à elle. Il se recroquevilla alors sur lui-même. C’est bien ce que font les gens innocents lorsqu’ils se trouvent dans une impasse et qu’ils ne savent plus quoi faire pour se faire pardonner non ? Les hommes étaient trop faibles à son goût, et il était bien trop simple de se faire passer pour quelqu’un que l’on n’était pas. Faible et naïf, même les chevaliers l’étaient, du moins c’était le point de vu de Gabriel, et jusqu’à présent, personne ne lui avait encore prouvé le contraire.

- Qu’est-ce que j’ai fait... Qu’est-ce que je vais devenir... S’il vous plait, aidez-moi.

Allait-elle tomber dans le panneau et venir en aide au véritable assassin d’Adrien. En même temps, il faut avouer qu’il avait vraiment su bien jouer la comédie, et puis, peut-être qu’elle ne résisterait pas à son charme, après tout ce ne serait pas la première qu’il arriverait à berner ainsi. Il releva alors timidement la tête et plongea à nouveau ses yeux verts dans les siens, cherchant à bien lui montrer des signes de détresses à travers son regard. Pour faire simple, il lui faisait comprendre qu’elle était son seul espoir, la seule à pouvoir lui venir en aide. Il était vraiment impatient de voir qu’elle serait la réaction de celle-ci, mais s’il s’avérait qu’elle ne jouait pas le jeu, Gabriel ne perdrait pas plus de temps et en terminerait tout de suite avec elle. Alors belle demoiselle, ton destin est entre tes mains, il te suffit de décider si tu préfères être manipulée ou bien mourir.

Invité

Consciente d'être totalement désarmée face à l'inconnu en face d'elle Sel' ne le lâcha pas une seule seconde du regard espérant pouvoir fuir et chercher de l'aide si il tentait quelque chose contre elle. Si, parce que, après tout, il n'avait peut-être pas poussé Adrien au fond du puit. Il s'était peut-être trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Ce n'était peut-être pas sa faute. Après tout il n'était même pas armé il n'aurait pas pu vaincre Adrien, c'était tout bonnement insensé. Rassurée par sa petite réflexion Selana se permit de soupirer sans toute fois lâcher des yeux l'homme qui était devant elle. Elle n'avait pas non plus de preuve qu'il était innocent. Mais bon sang...Adrien. Il fallait qu'elle le retrouve, qu'elle le sauve si il n'était pas trop tard. Non, il était trop tard, sa tête avait du se fracasser contre les pierres au fond du puit à moins qu'il ne se soit noyé. Selana ne comprenait pas. Il aurait du être dans le réfectoire, comme elle, il y était avant qu'elle ne s'en aille il avait même l'air heureux. Alors que c'était-il passé? S'était-il senti mal au point de vouloir prendre l'air et là, pris de spasmes, il s'était dirigé vers le puit puor s'assoir sur le rebord et il était tombé? Quand aurait-il crié à l'aide alors? En tombant? Non, le cri ne lui avait pas paru «tomber», non, il n'avait pas crié à ce moment-là. Alors tout cela n'était pas possible..

Sel' eu un moment d'absence, pas long, mais assez pour que l'homme arrive à sa hauteur. A vrai dire elle serait bien parti en courant, il avait de quoi faire peur, mais il fallait qu'elle reste jusqu'à qu'il lui ait dit la vérité. A sa plus grande surprise il posa un doigt sur les lèvres de Sel' qui, sans le vouloir frémit. Elle n'aurait jamais du le laisser approcher, elle le savait. Son erreur risquait bien d'avoir de grosses répercutions.

- Chut, il serait regrettable pour toi que je doive en tuer d’autres sous prétexte que tu aies attiré leur attention comme ton ami l’a fait avec toi. Tu ne voudrais pas causer d’autres pertes n’est-ce pas ? Ne t’en fais pas, ta mort ne sera pas douloureuse.

Selana déglutit. C'était donc lui qui avait tué Adrien. Elle se serait bien enfuie mais, la main de l'assassin venait de se refermer sur sa gorge. Un mouvement sec et précis, un mouvement qu'il avait déjà du exécuter plusieurs fois, un mouvement d'assassin. Sel' sentit sa respiration se faire plus difficile. Là, elle eut le même réflexe que toutes les personnes ayant un jour été dans sa position; elle essaya de se débattre. Elle savait pourtant que ça ne mènerait à rien. Il finit pourtant par la lâcher la laissant tomber négligemment sur le sol comme si elle n'était qu'un vulgaire objet avant de s'écrouler lui-même par terre sous le regard surpris de Selana. A quoi cela rimait donc? Elle en profita pour s'éloigner de lui mais elle ne partit pas. De toute façon, elle n'aurait pas eu le temps d'aller bien loin puisqu'il ne lui fallut pas longtemps pour se relever et pour se tourner vers Selana qui hochait négativement la tête. Qu'est-ce qu'il se passait? Le pire étant l'air complètement perdu du jeune homme.

- Qu'est-ce que je fais ici? Que c'est-il passé?

Il...plaisantait? Visiblement non, il avait vraiment l'air perdu pourtant, quelques secondes auparavant il était entrain de la menacer. C'était illogique. Ou il essayait de se moquer d'elle, ou il avait un plan en tête ou..c'était vrai et Sel' ne comprenait plus rien à la situation surtout lorsqu'il posa ses mains sur celles de Selana qui s'empressa de les retirer et de faire un pas en arrière.

-Écoutez, commença-t-elle avant de s'arrêter, et de pousser un soupir. Juste asse de temps pour l'homme en face d'elle pour reprendre la parole.

- Sorcière... Je me souviens d’elle. Elle m’a dit que si je la suivais, j’obtiendrais des réponses à mes questions. Je l’ai donc suivi, et elle a prononcé quelque chose dont je ne comprenais pas le sens. Puis je me suis retrouvé ici... C’est une sorcière, j’en suis sûr !

Sel' se tut, ne sachant pas quoi dire. Si il jouait la comédie il la jouait très bien vu comment il avait regardé le puit. A croire qu'il en avait peur ou qu'il avait peur de ce qu'il avait pu faire. Pourtant l'histoire était un peu trop grosse pour Selana qui n'y croyait à moitié. Et puis, il y avait des choses qui ne trompaient pas, comme sa façon d'étrangler, c'était un tueur de ça au moins, Selana en était sûre. Qu'il avait tué Adrien ou non c'était une autre histoire.

- Elle m’a forcé à le tuer, je ne contrôlais plus mon corps... Je me souviens, j’ai poussé un homme dans le puit, et après... C’est à vous que je m’en suis pris.

Il avait tué Adrien. Au moins, sur ce point là c'était clair. Le hic c'est qu'il avait, sincèrement, l'air d'avoir honte de lui, de regretter ses actes. Mais Sel' devait-elle le croire? Elle n'en était pas sûre, pas sûre du tout. En même temps son histoire était trop grosse pour qu'elle soit vraie mais Selana ne pouvait pas envisager qu'il vienne d'inventer toute cette histoire là maintenant. Il y avait forcément un bout de vérité dans ce qu'il venait de dire. Mais quoi? C'était une question difficile et Sel' ne pouvait y répondre sans preuve. En l'occurrence, elle n'avait pas de preuve. C'est là que la solution lui apparut. Si elle l'emmener voir Arthur? Le roi saurait sans doute discerner le vrai du faux et puis...si il mentait il refuserait d'y aller alors que, si il disait vrai, il n'y verrait aucun inconvénient. Oui, c'était ça la solution, l'emmener voir le roi Arthur.

- Qu’est-ce que j’ai fait... Qu’est-ce que je vais devenir... S’il vous plait, aidez-moi.

L'aider...Oui, Sel' allait l'aider. Elle allait l'emmener voir Arthur et savoir, enfin, si il mentait ou si il disait vrai. Elle l'aurait volontiers cru mais il avait trop de réflexes digne d'un assassin pour qu'elle puisse le faire. Elle n'aurait pas pris autant de risques. Selana avait beau être une personne charmante et qui voyait toujours le bon côté chez tout le monde elle n'était pas née de la dernière pluie non plus. Elle n'était pas la personne la plus naïve du château et elle ne croyait plus depuis longtemps que tout le monde était gentil. Toute personne sur Terre avait ses défauts, elle la première, et cet homme avait l'air d'en avoir pas mal. En même temps, si c'était effectivement un assassin cela pouvait aisément se comprendre.

-Je vais vous aider, commença Sel' avec détermination. Je vais vous emmener voir le roi. Il trouvera une solution à votre problème. N''essayez pas de me tromper, ajouta-elle à la fin.

Au moins, il saurait qu'elle ne le croyait pas, du moins pas sur toute la ligne. Il était en effet possible qu'il soit innocent mais il était encore plus possible que ce soit un meurtrier.

(Désolé pour ce poste court.)

-Je vais vous aider. Je vais vous emmener voir le roi. Il trouvera une solution à votre problème. N''essayez pas de me tromper.

Finalement elle ne l’avait pas cru. Il se demandait ce qui l’avait trahi dans sa prestation, mais était pourtant persuadé d’avoir joué son rôle comme il le fallait. Cette jeune femme était un peu trop méfiante à son gout… Mais elle lui proposa alors quelque chose de tout à fait intéressant. L’emmener voir le roi Arthur. Quelle idée charmante qu’elle avait là, cette jeune femme lui offrait son propre roi sur un plateau d’argent, il n’avait même plus besoin de mettre à exécution un plan pour l’approcher puisqu’elle voulait l’emmener directement à lui. Son grand rival face à Gabriel, quel tableau charmant cela ferait-il. L’idée de celle-ci tentait assez bien Gabriel, car une fois devant Arthur, il aurait le champ libre. Elle lui facilitait vraiment la tâche en lui proposant une telle chose. Peut être sa vengeance s’accomplirait bien plus rapidement qu’il ne l’aurait cru après tout. Le destin venait de lui offrir une chance, et le magicien ne se permettrait pas de la laisser passer. Suicidaire vous pensez ? Peut-être bien, après tout Gabriel ne voyait que sa vengeance et pouvait parfois rester aveugle face au danger, mais calculateur comme il l’était, vous pourriez tout aussi bien être surpris.

- Le roi vous dîtes ? Si vous pensez que c’est la meilleure solution alors c’est d’accord je vous suis.

Gabriel et la jeune chevalier se redressèrent et partirent donc dans la direction de la salle du trône Le magicien observait les lieux, ou plutôt les redécouvrait car il pouvait constater qu’un bon nombre de choses avaient changés. Gabriel avait une très bonne mémoire visuelle, ce qui l’avantageait assez lorsqu’il avait des missions, ou bien qu’il devait assassiner un homme important, comme le roi Arthur par exemple. Il avait également remarqué que celle qui l’accompagnait n’arrêtait pas de jeter des regards en sa direction. Elle n’avait vraiment aucune confiance en lui et s’attendait sans doute à ce qu’il s’enfuit dès qu’il en aurait l’opportunité. Mais ce qu’elle ignorait était que Gabriel possédait une bien trop grande fierté pour pouvoir faire une telle chose, car même face à la mort, il ne choisirait pas de s’enfuir. Le bruit de leurs pas résonnaient dans les couloirs vides, ça y est, ils y étaient presque, Gabriel allait bientôt se retrouver face à l’homme qui devrait lui porter un jugement. Le magicien détestait ça, qui était-il pour le juger ? Chaque homme commet des fautes, mais le plus fauteur de tous est celui qui choisit si les gens doivent vivre ou mourir. Seul un dieu devrait posséder ce genre de pouvoirs, et Gabriel comptait bien le leur faire comprendre en remettant les choses en ordre, c'est-à-dire en éliminant Arthur. Elle ouvrit enfin les portes, celles qui allaient le conduire à sa vengeance. Il sentait son cœur battre plus fort, Gabriel avait attendu ce jour tellement de temps que cela lui paraissait presque trop facile, et finalement il avait bien raison... Ils se retrouvèrent dans une salle vide, enfin pas totalement, seul un homme était présent dans la pièce en plus d’eux. Il lui semblait qu’il s’agissait d’un porte parle du roi, ou quelque chose dans ce genre la. L’homme fit une révérence en signe de respect et se permit de prendre la parole.

- Suite à une complication de dernière minute, le roi Arthur se fera absent aujourd’hui. Je vous prierai donc de repasser un autre jour.

Dommage, Gabriel aurait adoré le rencontrer. Mais plus on attend la chose et plus on l’apprécie au moment venu. Et puis après tout, ça ne changerait en rien ses plans, puisqu’en principe il n’avait pas prévu de mettre fin à ses jours aujourd’hui. Ils quittèrent donc la pièce, et lorsque les portes se refermèrent, Gabriel s’arrêta, attendant que la chevalier le regarde en face. Le magicien croisa ses bras sur son torse, montrant bien qu’il était déçu de ne pas avoir pu éclaircir cette affaire tout de suite. Le fait qu’il la suive sans hésiter pour voir le roi et qu’il paraisse aussi frustré en apprenant que celui-ci n’était pas présent allait surement faire disparaître les soupçons que celle-ci portait à son égard.

- Alors ? Que fait-on à présent ?...

Tout comme lui celle-ci devait connaître les règles, ainsi que celle qui disait que sans l’accord du roi, un chevalier ne peut faire emprisonner ou tuer un homme au sein du château, et elle n’allait sans doute pas le garder éternellement à ses côtés. Attendre que le roi revienne ne servirait à rien, car le porte parole leur avait bien fait comprendre que le roi ne recevrait personne aujourd’hui. C’est bien triste, elle allait sans doute devoir le laisser partir ainsi, dommage, Gabriel appréciait assez bien les moments passés aux côtés de cette belle jeune femme, il fallait dire qu’il ne s’était pas ennuyé cet après-midi. Le magicien était loin de se douter que revenir au château lui ferait autant plaisir, finalement, peut être passerait-il plus de temps ici qu’il ne l’aurait prévu.

Invité

D'un côté Selana rêvait que l'homme en face d'elle accepte de la suivre, rencontre le roi qui, quant à lui, l'annoncerait et pour finir tout irait bien Sel' pourrait laisser repartir l'inconnu sans avoir de poids sur sa conscience à l'idée d'avoir laisser partir l'assassin d'Adrien. Tout serait parfait. D'un autre côté elle ne le sentait pas cet homme. Il y avait quelque chose chez lui...ses manières peut-être à moins que cela soit sa façon de changer si radicalement de caractère; mais cela la perturbait. Dans les contes il était très facile de savoir qui était méchant, ils s'en vantaient et ils étaient laids avec des boutons. Malheureusement l'homme devant elle ne répondait à aucune de ses caractéristiques. Cela aurait été beaucoup plus simple pourtant. Enfin, Selana était confiante, l'assassin potentiel d'Adrien allait devoir rencontre le roi Arthur ou alors prouver sa culpabilité. L'affaire ne serait donc plus de son ressort et elle pourrait repartir tranquille, du moins l'espérait-elle. Il n'était pas dit qu'Arthur ne lui demanderait pas raconter plusieurs fois sa version des faits pour pouvoir juger de la culpabilité de cet homme avant de lui demander de l'amener dans les cachots ou de le renvoyer du château. A vrai dire, elle était un peu mal à l'aise en compagnie de cette personne. Elle ne savait pas ce qu'elle devait penser de lui, il ne s'était pas présenté, il avait tué Adrien, il disait qu'il y avait été forcé par une sorcière qui n'était nul part dans les parages. Et puis, il avait dit vouloir la tuer alors lui faire confiance...impossible. Elle était bel et bien devant une impasse. Cet homme avait vraiment l'air d'avoir besoin d'aide et Sel' détestait ne pas lui venir en aide, seulement elle ne pouvait pas.

Qu'aurait pensé Adrien en la voyant se demander si elle devait aider son assassin? L'aurait-il traité d'idiote? De jeune femme naïve pas capable de prendre une décision? Ou l'aurait-il pris en pitié en se disant qu'elle faisait du mieux qu'elle pouvait? Elle aurait aimé qu'il choisisse cette dernière solution seulement rien n'était moins sûr. Pourtant, que pouvait-elle faire d'autre que faire du mieux qu'elle pouvait? Elle n'allait pas l'assommer et le ramener comme ça à Arthur! C'était peut-être quelqu'un d'important et elle ne voulait pas faire preuve d'impolitesse même si il avait tué un de ses camarades. Si au moins elle connaissait son nom elle aurait pu savoir si il était l'un des proches d'Arthur ou si au contraire c'était un homme du camp de Geoffroy. A moins que cela soit la première fois qu'elle entende son nom et, dans ce cas là, ça ne l'avancerait pas beaucoup. Une chose était sûre elle ne pouvait pas rester là à se tourner les pouces.

- Le roi vous dîtes ? Si vous pensez que c'est la meilleure solution alors c'est d'accord je vous suis.

Sur le coup Selana resta muette de surprise. A vrai dire elle s'était attendue à ce qu'il refuse et essaye de trouver une autre excuse stupide. Il disait peut-être vrai alors, peut-être qu'il avait vraiment été contrôlé par une sorcière.. De toute façon, elle le saurait bientôt puisqu'ils allaient voir le roi, lui expliquer le problème. Il y aurait peut-être quelqu'un dans son entourage pratiquant la magie qui pourrait discerner le vrai du faux. Reprenant espoir suite à l'accord du jeune homme elle l'accompagna jusqu'à la salle du trône. Évidement, même si tout paraissait s'améliorer Selana n'était pas prête à croire tous les dires de cet homme et elle ne pouvait s'empêcher de lui jeter des regards qu'elle espérait être discrets. Elle ne voulait pas qu'il croit qu'elle le pensait coupable, ou pire, qu'elle s'intéressait à lui. Seulement, elle avait conscience que certaines personnes mal intentionnées ne voyant que leurs propres intérêts auraient pu y penser. Ses gens-là pensaient à tout, surtout ce dont il ne fallait pas penser.

Alors qu'ils parcouraient le château Sel' eut à nouveau la désagréable impression qu'elle loupait quelque chose. A la façon dont il regardait les lieux ils n'étaient pas un habitué -ce qu'elle savait puisque c'était la première fois qu'elle le voyait- pourtant il y avait autre chose dans son regard. Pas une découverte. Comme une sorte de redécouverte. Selana ne comprenait pas pourquoi, peut-être avait-il déjà été dans un château semblable? A moins qu'on lui ait parlé de celui-là et qu'il essaye de mettre les descriptions en rapport avec la réalité. Une tâche ardue.

Ils finirent par arriver dans la salle du trône après que Selana ait ouvert les portes. Malheureusement le roi Arthur n'était pas présent. Elle espérait qu'il ne tarderait pas trop, elle ne tenait pas à passer toute l'après-midi dans ce lieu et elle ne pouvait pas laisser le jeune homme seul sachant ce qu'il avait fait. Le porte-parole du roi que Sel' avait déjà eu le plaisir de rencontrer était par contre présent. Et s'avança, s'inclina avant de briser les espoirs de Selana.

- Suite à une complication de dernière minute, le roi Arthur se fera absent aujourd’hui. Je vous prierai donc de repasser un autre jour.

Oh non...Pour un peu Selana aurait fondu en larmes. Ce n'était pas du tout ce à quoi elle s'attendait. Mais, étant une femme chevalier de caractère, elle s'inclina devant le porte parole du roi, elle le remercia puis elle sortit suivit du jeune homme qui, d'ailleurs, s'arrêta et croisa les bras sur son torse. Sel' s'arrêta donc elle aussi, elle pivota vers lui, haussa un sourcil pour lui demander pourquoi il s'était arrêter avant qu'il ne daigne s'expliquer.

- Alors ? Que fait-on à présent ?

Ça, c'était une bonne question. Elle ne pouvait le laisser seul et il fallait qu'il reste jusqu'au lendemain pour voir Arthur. A moins qu'il demande à repartir mais si il faisait ça...c'était qu'il était surement coupable et si il l'était il ne pouvait pas partir. Il avait tué Adrien, ça Selana ne pourrait pas l'oublier. La politesse voulait que cet homme soit considéré comme un hôte, ou tout du moins un invité du château durant le laps de temps où il résiderait sans avoir été condamné par le roi. Elle aurait du lui donner une chambre, lui demander si il avait besoin de quelque chose...mais il avait tué Adrien! Elle ne pouvait pas faire ça. Selana lui fit face pendant quelques minutes avant de s'incliner devant lui à contre coeur, comme le voulait la tradition.

-Vous êtes un invité du château. Vous pouvez loger ici en attendant de voir le roi.

Ses mots lui arrachaient la bouche et cela devait se voir mais Selana s'en fichait. Elle avait dit ce qu'elle devait dire et elle n'avait rien à se reprocher. Après tout personne n'avait stipulé que le sourire et la joie était obligatoire. Elle considérait déjà avoir fait un grand effort et ce n'était pas faux. S'incliner devant quelqu'un qui avait essayer de la tuer et qui avait tué un de ses camarades était une chose ardue. Mais elle l'avait fait, parce qu'elle était polie et parce qu'il le fallait.

-Si vous voulez bien me laisser votre nom que je le donne au porte-parole que vous pussiez voir le roi en première heure demain..

Une façon de dire, plus vite le roi aura décidé de votre culpabilité/innocence plus vite les choses iront mieux. C'était d'ailleurs le cas, ne pas savoir qui était réellement l'homme qui était en face de soit était l'une des choses les plus troublantes.

Lorsque Gabriel lui demanda ce qu’ils allaient faire maintenant que le roi n’était pas là, il portait un regard pesant sur Selana qui devait surement sentir une certaine pression monter en elle. Que pouvait-elle faire après tout ? Rien, elle le savait tout aussi bien que lui, elle ne pouvait qu’émettre des solutions, pas décider. Ils étaient face à face, se regardaient droit dans les yeux et un silence régna durant quelques secondes. Elle ne l’aimait pas, il le savait et cela lui plaisait énormément de savoir qu’elle le soupçonnait mais qu’elle ne pouvait rien faire contre lui. C’est alors qu’elle fit la seule chose possible qu’il lui restait à faire. Celle-ci s’inclina devant lui et l’invita à résider au château jusqu’au retour du roi.

-Vous êtes un invité du château. Vous pouvez loger ici en attendant de voir le roi.

Cette scène l’enchantait vraiment, et Gabriel faisait tout son possible pour dissimuler le sourire amusé qu’il aurait bien aimé montrer. S’incliner devant l’ennemi, montrer une marque de respect envers une personne en qui on porte plus de soupçons que de confiance, cela avait dut être difficile pour la chevalier d’accomplir un tel geste. D’ailleurs, s’il avait été à sa place, Gabriel n’en aurait surement rien fait. Si seulement celle-ci pouvait se rendre compte de ce qu’elle faisait. Gabriel était accueilli à bras ouvert au château de l’ennemi, et rien ne pouvait plus le satisfaire que ça pour l’instant. Cette nuit, il pourrait très bien faire une tuerie et personne à part elle ne se douterait que ce serait lui le coupable étant donné qu’on ne l’avait jamais vu ici. Faire un carnage et partir, tous ceci en une nuit. Personne ne pourrait l’accuser, personne n’aurait de preuves contre lui, pas même cette chevalier, et il s’en tirerait, comme toujours, sans conséquences. Oui, Gabriel aurait très bien pu accepter son offre et en profiter, mais bien sur il ne le ferait pas, il voulait faire revenir un peu plus le doute à son sujet, car il semblait qu’elle commençait à reprendre confiance en elle et il comptait lui prouver qu’elle ne dirigeait rien, et encore moins un homme comme lui.

-Si vous voulez bien me laisser votre nom que je le donne au porte-parole que vous pussiez voir le roi en première heure demain..

Son nom ? Il n’était pas bien compliqué à retenir. Gabriel Turner, magicien réputé et très craint du côté de Geoffroy de Meryl. Là-bas, Gabriel avait un titre, il se faisait respecter, il était connu, et tous le monde savait qu’il ne valait mieux pas se frotter à lui. Mais ici, au château d’Arthur Pendragon, c’était une toute autre affaire. On ne le connaissait pas, on ignorait jusqu’à son nom, et même s’il le dévoilait, cela ne leur apprendrait surement rien le concernant. Voilà pourquoi il appréciait tant cette distance qu’il y avait entre les deux châteaux, on pouvait passer d’un camp à l’autre sans se faire repérer obligatoirement. On peut-être réputé d’un camp et ignoré de l’autre, et cela l’amusait assez il fallait l’avouer.

- Je me nomme Gabriel Turner, mais vous n’entendrez surement plus parler de moi d’ici ce soir. Hélas, je me dois de refuser votre offre, je ne peux loger ici, et rester au château jusqu’à ce que le roi revienne. J’ai accepté de faire ce que vous m’avez dit, pensant que toute cette histoire se terminerait rapidement, mais à présent je ne peux passer plus de temps en votre charmante compagnie et je m’en excuse.

A présent qu’il avait refusé de rester ici, les soupçons qu’elle lui portait allaient surement amplifier encore et encore, mais elle ne pourrait jamais être sûre à cent pour cent qu’il était le réel assassin d’Adrien. Il allait laisser le doute peser dans son esprit et ne jamais lui donner de véritable réponse. Elle garderait éternellement ce poids en elle, cette culpabilité qu’elle avait à laisser s’en sortir un homme qui était peut-être un tueur. Elle ne le reverrait plus, à moins que l’envie de revenir jouer avec elle lui revienne encore, après tout il ne regrettait rien de l’après-midi qu’il venait de passer aujourd’hui. Cette chevalier allait sans doute vouloir le retenir, ou du moins essayer de savoir pourquoi il ne pouvait pas rester ici plus longtemps, et bien entendu il avait déjà explication et d’ailleurs, il ne lui laissa même pas le temps de poser sa question qu’il reprit la parole.

- La famille vous devez sans doute connaître ça n’est-ce pas ? Dans ce cas vous savez aussi qu’elle passe avant nos obligations. Si je ne peux rester ici plus longtemps, c’est parce que j’ai une sœur en danger à qui j’ai promis mon entière protection. Ne me lancez pas ce regard, je sais que vous n’avez pas confiance en moi mais je sais aussi que si vous étiez à ma place, vous en feriez de même.

D’un certain point de vu, il ne mentait pas complètement sur ce qu’il disait, Gabriel devait protéger sa sœur de tous ces gens, que ce soit des habitants, des chevaliers ou même du roi Arthur. Chaque jour, elle était un peu plus en danger à leur côté, car ses pouvoirs allaient tôt ou tard faire surface et une débutante en la magie ne pourrait rien face à la haine d’un roi envers les magiciens. Leur père qui avait pourtant de l’expérience était mort ainsi, Gabriel ne permettrait pas de perdre quelqu’un de plus à cause de la haine inexpliquée d’un roi. Le magicien se rapprocha de la jeune femme, s’arrêtant une fois qu’il se trouva tout juste à ses côtés, et il lui adressa une dernière parole.

- Si vous désirez m’arrêter, sachez seulement que je ne vous laisserais pas faire.

Quoi de mieux qu’une petite menace pour qu’elle garde une merveilleuse image de lui. Allait-elle essayer de le comprendre et le laisser partir afin de sauver sa famille, ou allait-elle au contraire ne pas le croire et s’opposer à lui ? Même Gabriel l’ignorait, après tout, il avait bien comprit qu’avec elle, il pouvait s’attendre à tout comme à rien. Allait-elle le surprendre une fois de plus ? Allez savoir... En tous cas, Gabriel ne lui laissa pas le temps de répondre à toutes les interrogations qu’elle pouvait avoir concernant ce qu’elle devait faire car il reprit sa marche, le long du couloir, en direction de la sortie.

Invité

Tendue, prête à réagir au moindre mouvement suspect de son interlocuteur Sel' tentait tout de même de se montrer polie. Les deux choses étant incompatibles elle ne devait pas avoir l'air convaincante dans les deux rôles pourtant elle essayait tout de même de les tenir signe d'une détermination hors du commun. Chevalier depuis quatre ans c'était la première fois qu'elle se trouvait dans une situation si compliquée et, à vrai dire, elle était un peu perdue. Elle savait exactement de qui elle avait besoin, quels conseils pourraient l'aider mais elle était seule. La personne en question étant décédée elle était encore plus seule et elle n'avait aucun moyen d'avoir les conseils qu'elle désirait. Pour autant elle ne se démontait pas et elle venait de faire usage d'une des plus anciennes et plus sacrées règles de politesse instaurées dans ce château. Seulement plus elle essayait de faire les choses biens plus la situation lui échappait or, l'une des règles d'or des chevaliers d'Arthur était justement de toujours avoir la situation en main. Or, là, elle, pouvait tout dire sauf qu'elle l'avait en main.

Pourquoi le roi n'était-il pas là... Sel' n'avait jamais autant espéré sa présence. Ils n'étaient pas spécialement proche et, si elle reconnaissait que c'était un excellent roi, elle ne souhaitait pas discuter durant de longues heures avec lui chaque jour. Pourtant aujourd'hui elle aurait tout donné pour qu'on lui annonce qu'il était rentré plus tôt que prévu et qu'il allait pouvoir rentrer celui qui avait volontairement ou non tué Adrien. Elle avait besoin de l'avis d'une personne plus calée qu'elle. Après tout, ce n'était pas son rôle, elle était chevalier elle ne s'occupait pas de s'occuper de qui était coupable ou non. Sa place n'était pas là, elle était sur un champ de bataille une épée à la main....Bon sang comment avait-elle pu être aussi stupide pour oublier son épée! Une erreur de débutante! Selana n'était vraiment pas fière d'elle. Évidement il lui restait un petit poignard mais elle doutait que cela fasse un quelconque effet sur son interlocuteur même elle, devant une telle arme, aurait éclaté de rire.

Mais ce n'était pas le moment de rire. Loin de là, il fallait rester sérieux et ne pas paniquer ce qui était sans doute le plus dur. Qui que soit cet homme, qu'importe ce qu'il avait fait il était capable de la tuer avant même qu'elle ne comprenne ce qui se passe. Sous l'effet d'une magicienne ou non, il lui avait prouvé, quelques instants auparavant qu'il avait des réflexes d'assassin, de tueur. Des réflexes qui pouvaient la tuer d'un instant ou d'un autre si elle n'était pas assez prudente. Il fallait qu'elle reste tout le temps sur ses gardes, quoi qu'il se passe.

- Je me nomme Gabriel Turner, mais vous n’entendrez surement plus parler de moi d’ici ce soir. Hélas, je me dois de refuser votre offre, je ne peux loger ici, et rester au château jusqu’à ce que le roi revienne. J’ai accepté de faire ce que vous m’avez dit, pensant que toute cette histoire se terminerait rapidement, mais à présent je ne peux passer plus de temps en votre charmante compagnie et je m’en excuse.

Sel,' qui était déjà très tendue, ne put s'empêcher de se crisper un tout petit peu plus. Évidement, il ne pouvait pas, c'était logique après tout. Il n'allait pas accepter de se faire arrêter comme ça, tout sourire. Le truc c'est que Sel' ne pouvait pas le laisser partir, il avait tout de même tuer Adrien il ne pouvait pas faire comme si rien de tout cela ne s'était passé. Sel' lui avait donné le choix entre être traîté en invité ou entre une cellule au plus profond des cahots du château. Il avait choisis la deuxième solution, à lui de voir. Quant-à s'excuser de partir...il jouait au même jeu que Sel'. Il n'avait pas plus envie de s'excuser qu'elle de le traiter en inviter. Il pouvait toujours dire qu'il en était désolé il ne le pensait pas cela se voyait comme son nez au lieu de sa figure. C'est pourquoi Sel' prit une mine septique à la fin de sa tirade mais, malheureusement et avant qu'elle ne puisse lui demander la raison de son départ et de lui dire qu'il n'était pas possible pour lui de partir, il enchaina.

- La famille vous devez sans doute connaître ça n’est-ce pas ? Dans ce cas vous savez aussi qu’elle passe avant nos obligations. Si je ne peux rester ici plus longtemps, c’est parce que j’ai une sœur en danger à qui j’ai promis mon entière protection. Ne me lancez pas ce regard, je sais que vous n’avez pas confiance en moi mais je sais aussi que si vous étiez à ma place, vous en feriez de même.

Après le coup du désolé il jouait celui de la famille. Avait-elle aussi naïve pour qu'il lui sorte les grands classique? Quant-à savoir si elle aurait fait de même si elle avait été à sa place.... Oui, sans doute. Bah de bonté de cœur mais c'était tout de même sa famille. Pour le coup, il n'était pas tombé avec la meilleure personne pour le coup de la famille mais enfin, ça marchait quand même. Gabriel finit par se rapprocher de Sel' qui n'osait pas bouger sous l'effet de la peur. Cet homme lui faisait peur. Si il était capable de mentir à un tel point juste après avoir tué quelqu'un..alors oui, elle faisait bien d'avoir peur de lui.

- Si vous désirez m’arrêter, sachez seulement que je ne vous laisserais pas faire.

Selana déglutit sentant tout son courage la quitter. S'il y avait eu une chance pour que Gabriel Turner ne soit pas l'assassin d'Adrien du moins pas de sa propre décisions et que son histoire de magicienne soit réelle elle n'existait plus. Cet homme était l'assassin d'Adrien et Selana devait l'empêcher de quitter les lieux. Une tâche qui s'avérait être ardue lorsqu'on savait qu'il n'aurait aucun mal à la tuer si elle se mettait en travers de son chemin et qu'il avait déjà presque quitter la salle. Prenant son restant de courage à la main, Sel' essaya de l'arrêter.

-Gabriel!

La voix de Sel' résonna dans la salle, forte mais tremblante. Elle manquait de confiance en elle. Lorsqu'elle entendit l'écho tout tremblant de sa voix elle se pinça les lèvres, pour reprendre du courage et de la teneur. Si il la croyait faible il n'allait pas prendre ses phrases au sérieux. Or, il le fallait absolument. Pour qu'il comprenne ce qu'il avait fait de mal déjà et ensuite, pour qu'il voit le roi le lendemain. Pour alléger la conscience de Sel'.

-Vous êtes un assassin, hypocrite, menteur. Je ne peux pas vous laisser partir.

Elle n'ajouta pas qu'elle n'avait aucun moyen de le retenir, il le savait déjà...

Elle ne le croyait pas, elle voulait l’arrêter mais elle était effrayée... Et elle avait bien raison de l’être. Quand il repensait à son passé, ça lui faisait étrange de se retrouver dans une telle situation. Lui qui, enfant, avait désiré devenir chevalier auprès d’Arthur pour défendre le royaume, voilà qu’aujourd’hui il était devenu leur ennemi, et il n’hésitait pas à tuer ceux qui avaient réussi son rêve d’enfant. Il savait bien que son père n’aurait pas désiré ça, d’ailleurs s’il avait su qu’un jour son fils deviendrait un homme aussi obscur, un meurtrier, il se serait surement opposé lui-même à Gabriel, et s’il ne parvenait pas à le résonner, il l’aurait mit hors d’état de nuire. Mais les choses avaient évolué depuis la mort de son père, Gabriel avait été banni, chassé, persécuté par tous ces hommes, alors comment ne pouvait-il pas les haïr ? Comment ne pas vouloir se venger ? C’était à cause des hommes d’Uther qu’il était devenu ainsi, à présent ce serait à Arthur d’en faire les frais. Aujourd’hui le rêve de Gabriel avait complètement changé, son seul souhait était de récupérer sa sœur et de tuer de sa main Arthur Pendragon. Peu importe le temps que cela lui prendrait, peu importe le nombre d’heures d’entrainements qu’il lui faudrait, peu importe la complexité du projet qu’il allait devoir mettre en place pour l’atteindre, c’était son but, et Gabriel ne mourrait pas avant d’avoir mis un terme à la vie du roi de Camelot... Gabriel se trouvait donc là, dans les couloirs du royaume d’Arthur, face à une chevalier qui désirait l’arrêter par-dessus tout, convaincue qu’il avait commis un meurtre, mais qui n’était hélas pas en mesure de faire quelque chose contre lui.

- Gabriel !

La voix de celle-ci tremblait, n’importe qui assistant à cette scène l’aurait remarqué. L’effrayait-il à ce point pour l’avoir déstabilisé ainsi ? Elle souhaitait l’arrêter mais n’était même pas convaincue elle-même de pouvoir faire quelque chose contre lui. Elle manquait de confiance en elle, énormément, et ce genre de comportement n’était pas digne d’un véritable chevalier. Même si elle pouvait mourir en s’opposant à lui, au moins elle serait morte dignement, dans la force et le courage. Mieux valait une belle mort plutôt que de passer du puissant chevalier à l’habitant sans défense dans l’estime de son ennemi. Mais peut-être faisait-elle partit de cette catégorie de personne qui aime la vie plus que tout, et qui préfère trembler face à la mort dans l’espoir d’avoir une chance de survivre plutôt que l’affronter et de faire face à une mort certaine. Gabriel faisait plutôt partie de la seconde catégorie car de toute façon, il désirait mourir au combat, mais il respectait parfaitement le fait que Selana soit plutôt de l’autre catégorie, après tout elle était jeune, il était donc normal que tout ce qui se rapprochait à la mort l’horrifie. Gabriel s’apprêtait à partir, il ne désirait pas affronter quelqu’un qui n’avait pas la force physique ou mental de s’opposer à lui, mais celle-ci ajouta alors quelque chose afin d’essayer de le stopper.

- Vous êtes un assassin, hypocrite, menteur. Je ne peux pas vous laisser partir.

Quoi c’était donc le seul argument qu’elle avait trouvé à lui dire ? Inutile de préciser autant de chose que Gabriel savait déjà. Un assassin ? Oh que oui il l’était, sa lame avait arraché la vie à de nombreuses personnes et sa magie également. Il était devenu expert dans l’art de tuer, une mort longue ou courte, sanglante ou très peu, accidentelle ou non, il pouvait faire aussi bien des massacres que commettre un petit crime innocent. Alors oui, Gabriel était un véritable assassin, et Adrien n’était ni sa première victime et encore sa dernière. Hypocrite ? Oui il l’était en quelque sorte, il n’hésitait pas à faire preuve de sournoiserie, il était trompeur et très convaincant. Menteur ? Il l’était également, Gabriel prenait plaisir à manipuler et à faire croire certaines choses aux autres pour parvenir à ses fins, il n’était réellement sincère qu’avec un nombre très infime de personne. Et à part ça, rien d’autre ? Il y avait pourtant tellement de chose à dire sur le cas de Gabriel Turner, il était bien pire qu’un assassin, qu’un hypocrite ou qu’un menteur. Il était pire que tous ceux qu’elle avait rencontré dans sa vie, car l’homme qui se trouvait à ses côtés n’avait pas de cœur, il ne tremblait pas face à la mort, il n’éprouvait pas de pitié lorsqu’il faisait souffrir les gens, il était cruel et répugnant, mais le pire, c’est qu’il aimait être ainsi. C’était un choix qu’il avait décidé de prendre et qu’il ne regrettait pas. La chevalier se trompait fortement si elle pensait pouvoir l’arrêter avec ce genre de propos, elle savait tout comme lui qu’elle n’avait aucun moyen de le retenir.

- Lorsque vous serez convaincue de ce que vous avancez mademoiselle, alors peut-être aurez vous une chance de m’empêcher de partir. Comme ce n’est pas le cas, je vous conseil donc de rentrez vous, de prendre un bain chaud et de ne plus repenser à cette histoire. Je suis un assassin, mais je vous laisse cependant en vie car lorsque je vous vois, je sais pertinemment que lorsque vous vous retrouverez seule, vous repenserez à tous ceci, et vous serez hantée par votre conscience, et cette douleur que vous vous infligerez vous-même sera bien pire que la mort. Vous avez laissé partir un criminel et vous serez en mesure de le combattre uniquement lorsque vous aurez fait face à cette conscience et à vos sentiments.

Gabriel continua son chemin et s’arrêta face à une porte. Il tournait toujours le dos à la chevalier mais voulait quand même lui adresser quelques derniers mots avant de s’en aller.

- Si vous voulez me vaincre, alors bannissez vos sentiments. Ne ressentez plus que la haine, ne pensez plus qu’à la vengeance d’Adrien, et à celle de tous ceux qui sont morts par ma faute. Vous serez seule, mais après ça, vous aurez au moins une chance de me tenir tête.

Pourquoi lui avait-il donné ces conseils ? Parce qu’il savait que celle-ci n’en tiendrait pas compte. Elle n’était pas du tout le genre de personne à supprimer ses sentiments du jour au lendemain pour tuer un homme. Elle avait besoin d’éprouver des choses, mais à cause de ça, elle aurait du mal à lui faire face... Gabriel quitta les lieux, la laissant seule face à sa conscience, à ses pensées, lui de son côté avait encore certaines choses à régler. Pour commencer, il avait devoir ordonner discrètement à espion de Geoffory, qui était devenu membre du personnel d’Arthur, de faire disparaître le corps du puit avant que quelqu’un ne décide d’aller le récupérer. Il devait effacer toutes les preuves, y comprit le corps d’Adrien. Après ça, on ne prendrait surement plus la chevalier au sérieux et alors elle prendrait pour son grade. La traque commence ma chère, prends garde, Gabriel est sur le point de faire de ta vie un véritable enfer.

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