Entre magiciens [PV Béatrix (:]

Date d'inscription : 13/03/2011 Messages : 75 Localisation : Québec <3

Voilà, c'est fait. J'étais parti. La situation était devenue trop compliquée. J'avais fait trop de mal à Automnal, et c'était assez. Je ne comprenais pas vraiment ce qui s'était passé. Je faisais mon boulot de tueur, mes remords bloqués par quelque chose qui m'était inconnu. Puis je l'avais rencontré et elle avait brisé les murs d'acier qui m'entouraient. Sauf qu'elle avait découvert des choses que je gardais caché, et me les avait remis en pleine figure, libérant une colère qui avait provoqué le dérèglement de ma magie. Moi qui détestais ne pas avoir le contrôle ... Enfin bref, j'étais sur les routes en ce moment. À pied, possédant qu'un sac contenant très peu de chose, comme de l'argent. Attaché à une sangle, mon poignard. La tête dans les nuages, je filais tout droit. Je ne pouvais m'empêcher de penser que c'était lâche, même si rester augmentait les risques pour que je sois soupçonné. La plaine s'ouvrait devant moi. À certains endroits, il y avait des herbes tellement hautes qu'elles m'arrivaient aux genoux, à d'autres, c'était aussi plat que dénudé d'arbres. À un autre moment, j'aurais aimé être ici. Mais en ce moment, ça me déprimait grave. J'étais tout seul, filant tout droit sans savoir où aller, fuyant les villages, fuyant le château, et surtout, fuyant tout le mal que j'avais fait.

Pourquoi fallait-il que je ressente tout ça? Avant, je tuais sans remord. Maintenant, ça me revenait en pleine figure, et je me dis que tout ces gens ne m'avaient rien fait. Et pourtant j'avais plongé ma lame dans leur gorge. Et j'avais aimé ça. Poussant un soupir qui contenait étrangement de l'angoisse, je laissai tomber mon sac sur le sol, m'arrêtant de marcher. Où est-ce que je pouvais aller? Ou faire? Courir la campagne jusqu'à ce que l'envie de tuer à nouveau me consume tout entier? La colère m'envahit rapidement, étant plutôt rapide sur la détente. Donnant un bon coup de pied dans mon sac, celui-ci fit un vol plané pour disparaître dans les hautes herbes. Merde.

En grognant, irrité, je farfouillais ici et là pour le retrouver, et mis la main dessus. Sauf que mon arme avait glissé de son fourreau accroché à mon sac, pour aller je ne sais où. C'était un poignard, donc pas aussi imposant qu'une épée. Donc facile à perdre dans ces maudites hautes herbes. Tout occupé à être en colère et à chercher l'éclat argenté qui caractérisait mon seul moyen de me défendre sûr, je n'entendis pas l'approche d'une autre personne. Furieux, irrité, je tendis impulsivement une main vers l'avant, ordonnant mentalement à mon foutue couteau de revenir. Mais avec ma poisse habituelle, l'herbe prit subitement feu. Lâchant un juron pas très joli, je piétinais l'herbe pour éteindre avant que ce soit l'incendie. Maudite journée.

A mon réveil, le rocher sur lequel je suis allongée est brûlant. Le soleil radieux m'éblouit et je me demande bien ce que je fais là, en pleine campagne. Je secoue la tête pour me remettre les idées en place. Oui, ça me revient, maintenant. Lassée de l'activité incessante qui règne au château de Geoffroy, j'avais décidé de faire une petite ballade nocturne. J'aime me promener la nuit. A la lueur de la lune, les choses nous apparaissent différentes. Et les chances de croiser un indésirable sont nettement réduites, ce qui me convient très bien. Bref, je me promenais donc au clair de lune, marchant au hasard et mes pas m'avait conduit ici, au bord d'un petit étang. Je m'étais assise sur un rocher et... je m'étais endormie, à ce qu'il semble. Voilà qui n'était guère prudent, j'en conviens. Heureusement que l'endroit n'est que peu fréquenté, me surprendre dans mon sommeil n'aurait pas été bien compliqué. Il vaudrait mieux que j'évite ce genre de choses à l'avenir.

Le soleil est à présent haut dans le ciel, faisant miroiter les eaux calmes de l'étang de mille couleurs chatoyantes. Il doit être plus de midi. J'imagine qu'il serait temps que je rentre au château, mais je doute de manquer vraiment à quelqu'un là-bas alors je peux bien me permettre de flâner encore un peu. Je me redresse sur le rocher en position assise et ferme les yeux un instant, attentive au moindre son. Je devine sans les voir les grenouilles, sur les feuilles de nénuphar aux fleurs jaunes. J'entends les croassements d'un gros corbeau noir et les froissements presque imperceptibles des ailes d'une libellule. Oui, tout est calme. Seuls les cris des animaux viennent troubler le silence de la prairie. Et les animaux sont mes amis. Je lance un appel mental au corbeau et il vient se poser sur mon épaule. Ce n'est pas moi qui le contrôle, même si j'en suis tout à fait capable. Non, je n'ai pas besoin de le posséder, il vient parce qu'il me fait confiance. Comme toujours.

Mais les instants de paix ne dure pas. Jamais. J'entends du bruit derrière moi et me laisse aussitôt glisser derrière le rocher, me dissimulant ainsi au regard de celui qui vient troubler ma sérénité. Mais moi je peux le voir. Je le regarde marcher à travers les hautes herbes. Depuis ma cachette, je ne parviens pas à distinguer très clairement son visage, mais c'est un homme, plutôt jeune, peut-être dix-huit ou dix-neuf ans. Et il a l'air très en colère. Je le vois donner un grand coup de pied dans son sac qui disparait dans le fouillis des herbes hautes. Qu'est-ce qu'il a donc à s'énerver tout seul celui-là ? Son comportement m'intrigue, mais je n'ai pas la moindre envie d'avoir de la compagnie et encore moins celle d'un excité de première qui s'acharne sur un sac. Je doute en effet que cela puisse vraiment l'aider à résoudre ses problèmes quels qu'il soit. Je reste donc bien caché derrière mon rocher, attendant qu'il parte. Mais il reste. Je le vois fourrager un peu partout dans les herbes. Sans doute a-t-il perdu quelque chose. Il aurait mieux fait d'y penser avant de balancer ses affaires comme ça. Occupé comme il est, je pourrais très bien partir sans qu'il s'en aperçoive et décide donc de quitter les lieux rapidement. Mais pour cela, il me faut m'approcher un peu de lui, pour pouvoir le contourner. Il est visiblement très absorbé par sa recherche et je doute qu'il m'entende, mais je m'efforce tout de même d'être la plus silencieuse possible. Arrivé à mi chemin, alors que je ne suis plus qu'à quelques mètre de lui, je m'arrête net. Mes cheveux se hérisse sur ma nuque et j'ai... une sensation étrange. Etrange et familière à la fois. Une de celles que je ne ressens que lorsque je suis en présence de mes senblables, les magiciens. Se pourrait-il que... Oui, ce jeune pourrait très bien être doué de magie. Je ne crois pas l'avoir déjà vu auparavant, il n'est donc pas au service de Geoffroy. Mais j'imagine qu'il subsiste des magiciens "en liberté", si j'ose dire. Des magiciens qui n'ont prêté allégeance à aucun seigneur, bien je n'en aie jamais rencontré jusqu'à présent. Je reste immobile, indécise. S'il est l'un d'entre nous peut-être devrai-je essayer d'aller lui parler. Encore faut-il que j'en sois sûre. Je me mettrais dans un sale situation si jamais je me trompais.

Mais avant d'être parvenue à me décider, le jeune garçon fait quelque chose qui dissipe tous mes doutes quant à sa véritable nature. Je le vois tendre la main devant lui et il essaie d'user de magie, je le sens. Sauf que cela ne fonctionne pas comme il l'espérait. Au lieu du résultat escompté, l'herbe s'embrase subitement. Oui, ce sont des choses qui arrivent quand on se laisse emporter par la colère. La pratique de la magie nécessite de toujours parfaitement contrôler ses émotions. Sans cela, les "dérapages" sont fréquents. Et parfois fatals. Je suis bien placée pour le savoir. A peu près au même âge que ce garçon, j'ai tué un de mes prétendants un peu trop assidu par accident, ce qui aurait très bien pu avoir ma mort pour conséquence si je n'avais pas été sauvée. Donc oui, je sais combien il est difficile de contrôler sa magie, surtout quand on doit se débrouiller seul. Ce qui est peut-être le cas de ce magicien. C'est cette pensée qui dissipe mes dernières résistances.

Le jeune garçon a l'air de s'en sortir avec les flammes, à grand renfort de jurons qui m'écorchent les oreilles. Mais il n'a toujours pas retrouvé ce qu'il cherchait. Je vais donc m'en charger pour lui. Alors qu'il piétine les dernières braises encore fumantes, je lève ma main droite qui s'illumine d'une douce lueur bleuté. Une sorte de couteau passe par-dessus l'épaule du magicien en sifflant pour venir atterrir dans ma main, comme attiré par un aimant. J'observe un instant l'objet en question, c'est un poignard fin, à la lame particulièrement effilé. De ceux qu'utilise les assassins pour égorger leurs victimes, par exemple. Je note soigneusement ce détail dans un coin de ma tête avant de reporter mon attention pleine et entière sur l'homme qui me fait face. Celui-ci me dévisage, visiblement indécis. Je m'avance dans sa direction, m'arrêtant tout de même à distance respectable, puis je laisse le poignard tomber a terre. Il se plante dans le sol en vibrant, pile entre nous deux. Le silence s'installe seulement troublé par un croassement sinistre du corbeau, toujours posé sur mon épaule. Je préfère le laisser parler le premier et me contente donc de lui adresser un petit sourire avenant.

Date d'inscription : 13/03/2011 Messages : 75 Localisation : Québec <3

Les petites flammes moururent peu à peu sous mes bottes noires à la semelle usée. User de la magie lorsque j'étais en colère n'était pas la meilleure des idées. Et encore moins le meilleur moyen pour me calmer, surtout si ça foirait. Je n'avais même pas réussi à attirer à moi un objet qui pesait pratiquement rien. Quoique c'était peut-être mieux ainsi. Parce que si j'aurais été capable de faire bouger par la pensée mon arme, je n'étais pas sûr à cent pour cent de sa trajectoire. Et ça ne me tentait pas de finir mes jours en me plantant accidentellement un poignard dans l'estomac. Ça aurait été stupide de mourir ainsi. Résigné à chercher mon couteau en employant le moyen traditionnel, c'est à dire en cherchant, je me tournai légèrement sur la gauche pour fouiller dans les hautes herbes qui n'avaient pas subi mon humeur coléreuse. Mais quelle ne fut ma surprise lorsque l'éclat argenté qui caractérisait ce que je cherchai fusa soudainement de sa cachette, pour se diriger vers moi. Pendant un quart de seconde, je pâlis en pensant qu'il allait me percuter de plein fouet. Mais heureusement, il passa à quelques millimètres de mon épaule - une chance que j'étais resté immobile - pour filer derrière moi. Ce qui me fit penser que ce n'était pas moi qui avais usé de la magie. Donc que quelqu'un d'autre était là. Et ce quelqu'un d'autre était juste derrière moi. Je fis volteface brusquement, retenant à grand peine mon envie de laisser fuser un rayon enflammé de mes mains, dont les paumes s'étaient illuminées brièvement d'une lueur bleuâtre avec des filets plus foncés. Mais je me retins, fermant les poings pour ne pas blesser la femme en face de moi. J'étais vraiment sur les nerfs, fallait que je me calme.

Je la dévisageai, pas méchamment, mais avec de la méfiance. Moi qui pensais que la prairie ne serait pas traversée par un autre être que moi-même ... Indécis de ce qui allait se produire, j'étais complètement immobile. C'était une femme, d'une trentaine d'années je dirais. À première vue, elle ne semblait pas avoir des intentions hostiles, quoique elle tenait mon arme entre ses mains alors je n'étais sûr de rien. Le corbeau sur son épaule ne me mettait vraiment pas en confiance. Une pensée me traversa l'esprit. Face à elle, niveau magie, je n'avais vraiment aucune chance. Sincèrement. Pourtant, son sourire empêcha mon visage de se fermer complètement et d'afficher un air hostile. J'étais plus curieux qu'autre chose, laissant tomber cette colère inutile que j'avais ressenti plus tôt. Elle laissa tomber mon arme entre nous deux, j'avais soit dit en passant apprécié le fait qu'elle ait gardé ses distances, on était jamais trop prudent. Mes yeux suivirent la chute de mon arme jusqu'à ce qu'elle se plante dans le sol, droite et vibrante. Le silence s'installa, j'hésitais entre prendre la parole ou faire un pas pour récupérer mon couteau. Mon sac était toujours posé à même le sol, à mes pieds. Bon, maintenant, restait plus qu'à déterminer dans quel camp elle était. Théoriquement, j'étais dans aucun, ni Arthur, ni Geoffroy, même si j'avais vécu depuis toujours sous le joug du premier. Pour ma part, je ne me sentais pas concerné par les petites guerres qu'ils se faisaient. Tant qu'ils me foutaient la paix ... Quoique je n'aimais pas trop le fait que les magiciens étaient considérés comme bons qu'à aller au bûcher par cet imbécile d'Arthur. Je n'avais jamais compris pourquoi Auty s'était engagée comme chevalier à son service. Mais bon, ça je le gardais bien pour moi!

Merci de l'avoir retrouvé

dis-je pour briser le silence, à moitié méfiant, à moitié curieux de savoir qui elle était. En tout cas, si nous étions tous les deux des magiciens, je ne voyais pas pourquoi on voudrait s'entretuer. Enfin, il y avait toujours des exceptions, comme cette Gabryelle. J'avais un peu engagé les hostilités avec elle, en tentant de la tuer. Mais je ne savais pas, moi, que c'était une gamine, alors ...

Le silence s'étire, oppressant, jusqu'à ce que le magicien se décide enfin à le rompre.

- Merci de l'avoir retrouvé.

Bon, il est clair qu'il se méfie de moi, mais je ne peux pas vraiment lui en vouloir. Mon approche était sans doute un peu trop directe, personne n'aime se faire surprendre ainsi et encore moins par une magicienne. D'ailleurs j'ai bien cru qu'il allait m'attaquer, quand il m'a vue, ce qui aurait été regrettable pour nous deux. Il ne semble pas vraiment maître de son pouvoir et la magie, lorsqu'elle n'est pas parfaitement contrôlée, n'en devient que plus destructrice encore. Un magicien ne doit jamais agir au hasard, sans quoi il devient dangereux pour son entourage et surtout pour lui-même. Il vaudrait mieux clarifier la situation avant que les choses ne dégénèrent.

- Ne me remerciez pas. A vrai dire ce serait plutôt à moi ne m'excuser. Je n'aurais pas dû m'approcher comme cela. Je ne voulais pas vous surprendre, mais quand j'ai compris que vous étiez vous aussi un magicien...

Je lui souris à nouveau, avant de poursuivre d'une voix calme et posée.

- Comprenez bien que je n'ai aucune intention de vous nuire de quelques façon que ce soit, même si mon comportement a pu prêter à confusion. Je voulais simplement... faire connaissance.

Evidemment, rien ne l'oblige à me croire, mais si, comme je le suppose, il s'agit bien d'un magicien livré à lui-même, il devrait plutôt sauter sur l'occasion d'en apprendre un peu plus sur la magie. Je préfère tout de même garder mes distances, pour ma propre sécurité, mais surtout pour éviter qu'il ne se sente menacé.

Comme il n'a pas l'air décidé à se présenter, je choisis de prendre les devants, peut-être que cela le mettra un peu plus en confiance...

- Je m'appelle Béatrix Ys, magicienne au service du seigneur de Meryl.

En temps normal, j'évite de révéler ma véritable identité ou la nature de mes activités et encore moins à un parfait inconnu. Mais avec cet homme-là, j'ai envie d'être sincère. Sans doute parce qu'il est lui-même magicien. Oui, j'ai tendance à considérer tous mes semblables comme des alliés. Etant détestés et rejetés par tous, nous ne pouvons pas nous permettre de nous entre déchirer. Seul l'union nous permettra peut-être un jour d'être libre. Or aucune relation durable ne peut s'épanouir sur la base du mensonge et c'est pour cela que j'ai choisis d'être honnête avec ce garçon. Evidemment le risque est calculé. J'ai de longues années d'expérience en matière de magie derrière moi et je pense être capable de le vaincre si jamais il lui prenait l'envie de m'attaquer. En revanche, il pourrait très bien me dénoncer par la suite, ce qui me mettrait dans une position des plus inconfortable. Pourtant, j'ai le sentiment, l'intuition, qu'il est digne de confiance. Mais je pourrais très bien me tromper. Après tout rien ne me dit qu'i n'est pas dans le camp d'Arthur, bien que cela soit peu probable au vu du comportement peu amène de ce cher souverain envers la magie et ceux qui la pratique. Enfin il me faut tout même m'en assurer.

- Et vous ? Puis-je savoir qui vous êtes ?

En parlant j'ai fait un pas dans sa direction. J'observe attentivement son visage, cherchant à déceler la moindre de ses émotions. Pas question de le laisser me prendre par surprise. Ma confiance en mes intuitions a tout de même des limites.

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