La rencontre des magiciennes [pv Beatrix]

Date d'inscription : 07/08/2011 Messages : 11

Mahaut se reveilla percluse de courbature. Elle avait été contrainte de monter le Cerf la veille pour échapper à des sbires de Geoffroy, qui eu, étaient à cheval. Dans la forêt, rien ne vallait un cerf pour échapper à des lourdeaux en armure sur des chevaux de trait. Et si elle n'avait eu aucun mal à les semer pour aller se réfugier au fin fond de la forêt, dans une grotte, le lendemain se révéllait douloureux.
La jeune fille sortit de sa cahute en se tenant les reins, boitillante et avait réanimé son feu. Elle y fit chauffer une infusion de menthe, qu'elle avala presque cul-sec et encore bouillante. Pour son petit-déjeuner, elle avalla une tranche de viande séchée plus vieille que Mathusalem et dur comme du vieux cuir de harnachement. C'était ce qu'elle mangeait de plus élaboré et un de ses plats préférés, après la viande plus fraiche, bien sûr.
Mahaut se leva et alla se baigner à la rivière. Elle avait beau vivre en hermite dans la forêt, elle ne détéstait pas moins se sentir sale. Elle emmena une tenue de rechange et en profita pour laver ceux qu'elle avait sur le dos.
En se baignant, la jeune fille discuta et joua avec un couple de loutre. La femelle, qui était manifestement une bonne âme, lui fit don d'une carpe. Mahaut accepta avec gratitude le présent, qui allait la nourrir pour au moins deux repas.
Puis elle nettoya et suspendit ses vêtements. Le Cerf, son fidel ami, vins la voir. Il lui rapporta avoir vu une jeune femme qui s'approchait.
La jeune fille sauta sur ses pieds et lui demanda de la conduire à elle.

"Bonjour."dit-t-elle quand elle vit la femme en question.

Marcher au hasard. Seule. Laisser mon instinct me guider, sans avoir à me préoccuper de rien d’autre. Voilà qui est fort plaisant après toutes les épreuves que j’ai dû endurer récemment. Oui, pour la première fois depuis ce qui me semble être une éternité, je me sens enfin sereine, en paix. Et il n’est pas surprenant que mes pas m’aient instinctivement guidé vers la forêt de Brocéliande. Un lieu que j’apprécie par-dessus tout, pour y avoir passé une bonne partie de mon enfance. Et pourtant, cette forêt n’est pas associée qu’à de bons souvenirs… C’est également au cœur de celle-ci que j’ai jadis failli mourir de la main de mon propre père. Posséder le don de magie est parfois un fardeau… Mais je ne dois plus repenser à tout cela. Surtout pas. J’ai déjà suffisamment à faire avec les tourments du présent sans en plus ressasser ceux du passé.

Lasse de ma promenade hasardeuse, je décide de faire une petite pause et m’assoit tranquillement dans l’herbe, dos à un arbre. Je ne connais plus la forêt aussi bien que jadis et m’éloigner davantage de la lisière des bois pourrait s’avérer dangereux. Il est si facile de se perdre en ce lieu qui connait un changement perpétuel. Et l’on peut parfois y faire des rencontres… singulières.

Mais depuis quand suis-je donc devenue aussi prudente ? Je parcourais déjà ces lieux en long, en large et en travers alors que je n’avais pas même huit ans et aujourd’hui… Aujourd’hui j’ai peur. De tout. La moindre parcelle d’obscurité me parait susceptible de receler des créatures dignes de mes pires cauchemars. Le moindre regard un peu trop insistant que l’on me jette me glace le sang. Et malheureusement, l’état lamentable dans lequel je me trouve m’en attire de nombreux, de regards insistants. S’il m’est facile de dissimuler les marques qui demeurent sur mon corps, certaines séquelles des tortures que j’ai subies sont, elles, beaucoup plus difficiles à cacher, bien que nettement moins douloureuses. En disant cela je fais surtout référence à mes cheveux. Ou plutôt au fait que je n’en aie plus. Et une femme au crâne rasé, ça c’est susceptible d’attirer les regards. Au point que je ne veuille même plus sortir de chez moi, lasse d’être ainsi observée et surtout raillée par tous. Et toutes ces souffrances, toute cette peur et cette honte que je garde enfouies au fond de moi ne sont dues qu’à une seule et même personne : Lug O’Brien. Mon Bourreau.

Le souvenir de notre rencontre est encore bien trop vif dans mon esprit pour que je puisse me considérer comme étant remise de cette désastreuse mésaventure. J’en viens même à douter de l’être en jour totalement… Mais que faire alors ? Rester cloîtrée chez moi ne m’aidera en rien. Et c’est sans doute pourquoi j’ai inconsciemment choisi de venir ici, dans cette forêt, car à défaut de désirer la compagnie des humains, je m’accommode parfaitement de celle des animaux. J’entretiens avec eux un lien privilégié et ce depuis ma plus tendre enfance. Et au moins je suis sûre qu’eux ne me jugerons pas, quel que soit mon état.

Mais aujourd’hui… La forêt me parait étrangement calme. Nulle trace d’animaux. Et pourtant je les entends. Je perçois le bruit infime des battements des ailes minuscules du moineau, le froissement délicat des pattes de la biche sur l’herbe verte. Mais pourquoi refusent-ils de venir me voir ? C’est… inhabituel. Et c’est alors que je le vois. Un grand cerf, campé fièrement sur ses longues jambes fines, dont les bois immenses dressent leurs mouvantes ramifications vers le ciel. Il m’observe, totalement immobile, comme s’il essayait de me jauger pour savoir à qui il avait affaire. Par habitude, je tente d’abord de communiquer avec lui, mais son esprit m’apparaît… fermé. Il n’a apparemment pas envie de parler avec moi, et c’est bien la première fois qu’une telle chose m’arrive. Il m’observe encore un instant puis fait volte-face et disparait entre les arbres. J’hésite à essayer de le suivre, mais finis par renoncer. Il est beaucoup trop rapide pour moi. Je reste donc assise contre un mon arbre, sans vraiment savoir quoi faire. Peut-être devrais-je regagner le château du seigneur de Meryl. Mais je n’ai pas vraiment hâte de retrouver cette atmosphère confinée… Alors que je me décide enfin à partir, le cerf surgit d’entre les arbres. Je me fige un instant, méfiante, tandis qu’il s’approche à pas légers. Cet animal ne m’inspire pas vraiment confiance, même s’il ne semble pas me vouloir de mal. Non, ce qu’il veut c’est que je le suive. Enfin c’est que je déduis vu la façon qu’il a de me pousser dans le dos du bout de ses bois. Après tout… Pourquoi pas ? Qu’ai-je donc à craindre de lui ? Et puis, il faut bien que je me l’avoue, j’ai toujours été curieuse. Beaucoup trop même.

Me voilà donc à m’enfoncer dans les ténèbres herbeuses de la forêt, à la suite du cerf qui trottine tranquillement devant moi, sans négliger de s’arrêter régulièrement pour vérifier si je le suis bien. Malgré mon apparente décontraction, je reste tout de même sur mes gardes, il pourrait très bien s’agir d’un piège… Nous finissons par déboucher dans une petite clairière, au centre de laquelle se dresse une sorte de cahute de bois. Qui donc pourrait bien vivre ici ? Par réflexe, je remonte sèchement le capuchon de ma robe, dissimulant ainsi mon crâne rasé aux éventuels regards indiscrets. Et je fais bien car je ne suis pas seule. Non loin de là, j’aperçois une jeune fille qui m’observe d’un air curieux. Elle doit avoir environ 15 ans, peut-être même 16, une crinière de longs cheveux presque roux et emmêlé qui ruissellent jusqu’à sa taille. De là où je suis, je peux déjà sentir les vibrations magiques qui émanent d’elle. On dirait bien que j’ai affaire à une de mes semblables. En temps normal, j’aurais été ravie de faire ce genre de rencontre, mais aujourd’hui… J’ai tout sauf envie de compagnie.

Mais cela, la jeune fille ne peut pas le deviner. Elle me lance un bonjour presque jovial. Comme s’il était parfaitement normal que deux magiciennes se croisent ainsi par hasard, en plein cœur de la forêt. Quant à moi, je suis en proie à un rude combat intérieur. Dois-je lui répondre ou simplement tourner les talons ? Après une longue hésitation, je finis par choisir la première option, mais me contente toutefois d’un simple signe de tête en guise de salutation. Mon regard se pose sur le cerf qui est à présent aux côtés de mon interlocutrice. Ce serait donc elle qui lui aurait demandé de m’amener ici… Moi qui croyais être la seule à posséder ce don.

- Le cerf… Vous arrivez à communiquer avec lui ? Dis-je sans parvenir à masquer l’étonnement qui transparait dans ma voix.

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Mahaut fixa l'autre magicienne de son regard figé. Celle-çi semblait hésiter entre filer et rester. La jeune fille regarda son interlocuterice dans les yeux, attendant sa réaction pendant un temps qui lui paru durer plusieurs mois. Enfin, la femme au capuchon hocha brevement la tête.

Mahaut était surexitée. Elle n'avait jamais croisé d'autres magicienne qu'elle et sa mère, elle était donc curieuse de savoir qui elle était et ce qu'elle faisait de ses pouvoirs.

La jeune fille allait ouvrir la bouche pour poser une quantité astronomique de questions à la magicienne, mais celle-çi la devança en lui demandant si elle parvenait à communiquer avec le Cerf. Mahaut eu du mal à cacher sa surprise.

"Ben oui. Depuis que j'ai dix ans, je parle souvent avec lui."

Elle tendit la main vers le Cerf et le caressa entre les yeux en laissant échapper un petit rire.

"Il n' a pas beaucoup de conversation par contre, mais c'est vrai que c'est un cerf, je crois que je devrait plus m'étonner qu'il ne me parle que de biches, de feuilles et de prédateur."

La jeune fille s'avança vers la magicienne, le Cerf sur ses talons et tendit la main vers sa semblable.

"Mon nom est Mahaut. Et vous?"

La jeune magicienne parait étrangement surexcitée par ma présence. Mais il est vrai qu’en vivant au fin fond de la forêt, elle ne doit pas avoir l’occasion de croiser grand monde. Je me radoucis un peu. Après tout cette jeune fille n’a absolument rien à voir avec mes malheurs et notre capacité commune à communiquer avec les animaux pourrait rendre cette rencontre beaucoup plus intéressante que je ne le crois. Quand je l’interroge à ce sujet, la magicienne semble tout à fait stupéfaite que je lui pose une telle question.

- Ben oui. Depuis que j'ai dix ans, je parle souvent avec lui, me répond-elle comme s’il s’agissait de la chose la plus naturelle du monde.

En vérité, c’est bien la première fois que je croise une autre personne possédant ce don. Il n’est guère répandu, même parmi les magiciens. Mais la jeune magicienne ne sait apparemment rien de tout ça. Peut-être n’a-t-elle-même jamais croisé d’autres mages. Ce qui expliquerait son… enthousiasme débordant.

- Il n' a pas beaucoup de conversation par contre, mais c'est vrai que c'est un cerf, je crois que je devrait plus m'étonner qu'il ne me parle que de biches, de feuilles et de prédateur.

Cette dernière remarque m’arrache un vague sourire, ce qui relève purement et simplement de l’exploit, en ce moment. Il est vrai que les animaux n’ont pas toujours une conversation des plus passionnantes. A l’exception des oiseaux. Eux, je pourrais passer des heures à les écouter.

Apparemment mise en confiance par cette ombre de sourire, la jeune fille s’avance vers moi et me tend la main.

- Mon nom est Mahaut. Et vous ?

Je dois prendre sur moi pour ne pas reculer. Ces derniers temps j’ai tout simplement horreur qu’on me touche. Ce qui est parfaitement compréhensible pour qui connait toute l’histoire. Mais la magicienne ne la connait pas, mon histoire. Elle ne comprendrait pas… Non sans une certaine réticence, je finis donc par prendre la main qu’elle me tend, très brièvement.

- Béatrix Ys, magicienne au service du seigneur de Meryl.

A voir l’expression de la jeune magicienne, elle connait Geoffroy. Et elle n’a pas l’air de beaucoup l’apprécier.

- Vous savez… Geoffroy a plutôt mauvaise réputation par ici, mais il est loin d’être tel qu’on le décrit. Et il est le seul à offrir le gîte aux magiciens. A condition qu’on lui rende quelques petits services bien sûr… Mais quoi de plus normal ? Et puis, contrairement à vous, je me vois assez mal vivre dans la forêt.

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Le cerf commenca à machouiller la lourde chevelure d'automne de son amie. Mahaut le gratouilla derrière l'oreille sans cesser de dévisager Béatrix avec de grands yeux.

Ce fut quand la jeune femme commenca à parler d'un certain...seigneur de Merle? La rouquine fronca les sourcils et pencha la tête du coté droit comme une louvarde qui ne comprend pas ce qu'on lui demande.

"Qui est ce seigneur de Merle?"

Ce mot n'avait pas les sonorités de ceux qu'elle était habituée à pronconcer, se résumant à des phrases simples que: "Lâche-moi!", "Lâche-ça", "File" ou "Ramène ce bout de viande ou tu l'as trouvé, sac-à-puces!".

"D'après Mélusine_la déesse ait son âme_on est bien mieux dans la forêt que n'importe où. Elle m'a dit qu'elle avait un temps vécu quelques temps dans un truc qui s'appelait une cour. D'après elle, c'était un type qui était au dessus des autres et qui commandait à plein d'autres. Un peu comme chez les loups, sauf qui l'était pas le chef parce que c'était le plus fort mais parce que son père était chef avant lui! C'est fou!

Un sourire incrédule apparut sur le visage de Mahaut, accompagné par un doux petit rire rauque. Elle trouvait ça complètement absurde, ça lui passait complètement au dessus de la tête. Si Le cerf avait sa propre harde, c'était parce qu'il avait vaincu les cerfs qui voulaient lui prendre, pas parce que sont père était chef avant lui!

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